du quarré - quarré , au lieu de ■
■ mettre •
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me paraît n’être autre chofe que d’ajufter une expreffion
de telle façon qu elle corresponde à tous les cas ; ce n’eft
plus une loi phyfique que cette expreffion repréfente,
car en fe permettant une fois de mettre un fécond, un
troifieme, un quatrième terme, &c. on pourrait trouver
une expreffion qui, dans toutes les loix d’attraélion, représenterait
les cas dont il s’agit, en l’ajuftant en même
temps aux mouvemens de l’apogée de la Lune & aux autres
phénomènes; & par conséquent cette fuppofition, fi elle
étoit admifè, non-Sèulement anéantirait la loi de l ’attraction
en raiSon inverfè du quarré de la diftance, mais même
donnerait entrée à toutes les loix poffibles & imaginables:
une loi en Phyfique, n’eft loi que parce que là meffire
eft fimple, & que l’échelle qui la repréfente eft non-feulement
toujours la même, mais encore qu’elle eft unique,
& qu elle ne peut être repréfentée par une autre échelle ;
o r , toutes les fois que l’échelle d’une loi ne Sera pas
repréfentée par un feul terme, cette fimplicité & cette
unité d’échelle, qui fait l’eSTence de la loi, ne Sùbfifteplus,
& par conféquent il n’y a plus aucune loi phyfique.
Comme, ce dernier raisonnement pourrait paraître
n’etre que de la métaphyfique, & qu’il y a peu de gens
qui la Sachent apprécier, je vais tâcher de le rendre Sensible
en m’expliquant davantage. Je dis donc que toutes
les fois qu’on voudra établir une loi*Sur l’augmentation
ou la diminution d’une qualité ou d’une quantité phyfique,
d e s M i n é r a u x , I I .dt Pa r tie . 13 3
on eft ftriélement aflujetti à n’employer qu’un terme pour
exprimer cette loi : ce terme eft la repréfentation de la
meSùre qui doit varier, comme en effet la quantité à mefurer
varie ; en forte que fi la quantité, n’étant d’abord qu’un
pouce, devient enluite un pied, une aune, une toi f e , une
lieue, &c. le terme qui l ’exprime devient Sùcceffivement
toutes ces chofès, ou plutôt les représente dans le même
ordre de grandeur, & il en eft de même de toutes les
autres raifons dans lefquelles une quantité peut varier.
D e quelque façon que nous puiffions donc fùppoSèr
qu’une qualité phyfique puiffe varier, comme cette qualité
eft une, là variation fera fimple & toujours exprimable par
un feul terme qui en Sera la meSùre; & dès qu’on voudra
employer deux termes, on détruira l’unité de la qualité
phyfique, parce que ces deux termes repréfenteront deux
variations différentes dans la même qualité, c ’eft-à-dire,
deux qualités au lieu d’une : deux termes font en effet
deux meffires, toutes deux variables & inégalement variables,
& dès-lors elles ne peuvent être appliquées à un
ffijet fimple , à une feule qualité ; & fi on admet deux
termes pour représenter l’effet de la force centrale d’un
aftre, il eft néceffaire d’avouer qu’au lieu d’une force il y
en a deux, dont l ’une Sera relative au premier terme, &
l’autre relative au fécond terme, d’où l’on voit évidemment
qu’il faut, dans le cas préfent, que M. CJairaut
admette néceffàirement une autre force différente de
1 attraélion , s’il emploie deux termes pour repréfenter
l ’effet total de la force centrale d’une planète.