322 I n t r o d u c t i o n à l ’H i s t o i r e
enflai line ; il a obfervé comme moi, que des deux
matières métalliques, l’une eft très-attirable par l’aimant,
& que l’autre l’eft très-peu ou point du tout. J’ai fait mention
de ces deux matières comme lui, mais je n’ai pas
parlé de la troifième qui n’eft pas métallique , parce qu’il
n’y en avoit point ou très-peu dans la platine fur laquelle j’ai
fait mes obforvations. Il y a apparence que la platine dont
s’efl fervi M. de Milly, étoit moins pure que la mienne
que j ’ai oblèrvée avec foin , & dans laquelle je n’ai vu que
quelques petits globules tranfparens comme du verre
blanc fondu, qui étoient unis à des particules de platine
ou de fltblon ferrugineux, & qui fo laiffoient enlever
enfomble par l’aimant. Ces globules tranfparens étoient
en très-petit nombre, & dans huit onces de platine que
j’ai bien regardée & fait regarder à d’autres avec une
loupe très-forte, on n’a point aperçu de criflaux réguliers.
Il m’a paru au contraire que toutes les particules
tran(parentes étoient globuleufès comme du verre fondu,
& toutes attachées à des parties métalliques, comme le
laitier s’attache au fer lorfqu’on le fond. Néanmoins
comme je ne doutois point du tout de la vérité de l’ob-
fèrvation de M. de Milly, qui avoit vu dans fa platine
des particules quartzeufès & criflallines, de forme régulière
& en grand nombre ; j’ai cru ne devoir pas me borner à
l ’examen de la feule platine dont j ’ai parlé ci-devant : j’en
ai trouvé au Cabinet du Roi que j’ai examinée avec M.
Daubenton de l’Académie des Sciences, & qui nous a
paru à tous deux bien moins pure que la première, &
D E S M I N É R A U X , Partie Expérimentale. 323
nous y avons en effet remarqué un grand nombre de
petits criflaux prifmatiques & tranfparens, les uns couleur
de rubis-balai, d’autres couleur de topafe, & d’autres
enfin parfaitement blancs ; ainfi M. le comte de Milly ne
s’étoit point trompé dans fon obfervation ; mais ceci
prouve feulement qu’il y a des mines de platine bien plus
pures les unes que les autres , & que dans celles qui le
font le plus, il ne fe trouve point de ces corps étrangers.
M. Daubenton a auffi remarqué quelques grains aplatis
par-deffous & renflés par-deffus, comme feroit une goutte
de métal fondu qui fe foroit refroidie fur un plan. J ’ai vu
très - diftinélement un de ces grains hémifphériques, &
cela pourrait indiquer que la platine eft une matière qui
a été fondue par le feu ; mais il eft bien fingulier que dans
cette matière fondue par le feu, on trouve des petits crif
taux, des topafes &des rubis, & je ne fais fi l’on ne doit
pas foupçonner de la fraude de la part de ceux qui ont
fourni cette platine, & qui, pour en augmenter la quantité,
auront pu la mêler avec ces fables criftallins, car je le
répète, je n’ai point trouvé de ces criflaux dans plus
d’une demi-livre de platine que m’a donnée M. le comte
d’Angivillers.
2.0 J’ai trouvé, comme M. de Milly, des paillettes d’or
dans la platine, elles font aifées à reconnoître par leur
couleur, & parce qu’elles ne font point du tout magnétiques;
mais j’avoue que je n’ai pas aperçu lès globules
de mercure qu’a vus M. de Milly. Je ne veux pas pour
cela nier leur exiftence ; feulement il me femble que
S f ij