i ï Narratio Coedis Ducis Aurehanenfis, i x
noftre Sire, de Tes errfans, 6c génération, ôc encore
qu’il avoit elle fi eprins de convoitife , tyrannie
, 6c tentation de l’ennemy d’enfer, que
comme tyran à fon R o y 6c Souverain , il avoit
commis crime de lcze-Majeftaté divine 6c humain
e , en tous les chefs 6c degrés. Que pour le regard
du crime de leze-Majelté divine , il en laifloit la
connoiflànce ôc juftice à Dieu. Mais quant au crime
de leze-Majeflé humaine, il foutiiit que,le Duc
- d’Orléans y eftoit tombé en tous les quatre chefs,
6c raporta de luy des chofes fi abominables, en fait i
de fortilege, 6c empoifonnemens , le chargea de
crimes fi étranges, 6c le taxa de fi grandes perfidies,
6c machinations contre le R o y , laR e yn e ,
les enfans de France, 6c l’E tat, qu’il ne s’en peut
dire plus.
Si conclud, que le Duc de Bourgongne ne dévoie
en rien être blâmé, ny repris du dit cas advenu
en la perfonne du dit Duc d’Orléans criminel,
comme il difoit, 6c que le Roy même n’en
devoit pas eftre mal content ; qu’au contraire il
devoit l’avoir agréable 6c authoriler, 6c encore
le guerdonner en trois chofes -, en amour, en honneur,
6c en richeflés, à l’exemple des rémunérations
qui furent faites à faint Michel 6c à Phi-
nées : 6c pour c e , que fa Majefté devoit fa renommée
6c bonne loyauté faire prononcer par
tout le Royaume, 6c hors du Royaume faire pQ*1
blier, par Lettres Patentes, par maniéré d’Epi-
ftre , ou autrement. Iceluy Dieu veüille qu’ainfy
foit-il fait.
Ce fut l à , 6c ainfy que finit Jean Petit, lequel
requit le dit Duc de Bourgongne qu’il le voulfift
advoiier, ce que le Duc luy accorda, 6c advoiia,
en la prefence du Dauphin, qui là reprefentoit la
perfonne du Roy de Sicile , avec tous les autres
par-defsùs nommés.
E t toit après, le R o y Charles, qui grand efpa-
ce avoit eilé malade, retourna en iànte j devers le
quel iceluy Duc fe retrahit, 6c trouva la maniéré
qu’il fut racordé 6c reconcilié avec luy , 6c im-
petra, 6c aufly obtint Lettres fcellées du Scel du
R o y , 6c lignées de fa main, par lefquelles luy e - ,
lloit pardonné le cas n’aguieres advenu ,en la perfonne
du dit Duc d’Orléans.
jlutre narré particulier, de ce qui fepaf-
fa , Q f fut dit au Confeil du Roy,
lorfque la ‘Ducheffe douairière
le Vue d'Orléans.y furent oüys, Çy’
recem à demander fuflice,contre f ean
‘Duc de Bourgongne , Q? [es complices
, pour ratfon du meurtre par
eux commis, en la perfonne du deffunt
Vue d’Orléans.
]
E x tra it des C h ro n iq u e s d ’Enguerrand ,
d e Monftrelet.
1408. T E Duc de Bourgongne, après avoir fait pour
xi. A-'fa Juftification tout ce qui étoit polfible , 6c
Aug* même obtenu les Lettres du pardon fufdit, partit
de Paris, le cinquième Juillet, mil quatre cent huit,
pour aller à Arras, accompagné de fes deux Frères
i neantmoins en indignation de plufieurs Princes
, 6c Gouverneurs du Royaume.
L e Onzième Aoufi: enfuivant, vint au dit lieu de
P .ris la Duchefle d’Orléans doiiairiere, ôc fa bellefille
Ifabelle, l’aifnee fille du R o y de France,accompagnée
de plufieurs gens notables , Chevaliers
ôc autres, tous veftus de deiiil -, à l’encontre des
quels iflirent tous les Princes, qui les conduirent ôc
menèrent devers la Reyne 6c le Duc d’Aquitain
e, pour eux faire Requefte, qu’ils puflent avoir
Juftice ôcraifon, de la piteule mort du Duc d’Or-
leans defllis dit deffunt, 6c aufly faire répondre 6c
propofer à l’encontre de ce que le Duc Jean de
Bourgongne avoit fait propofer, proclamer 6c di-
. vulguer contre le dit Duc publiquement n’aguieres
, contre fon Seigneur 6c mary.
L e dix neuf du dit Mois, arriva aufly à Paris le
Duc d’Orléans, avec trois cent hommes d’armes,
alla defeendre au L ouvre, y falua la Reyne 6c le
Duc d’Aquitaine fon Fils, aux quels il recommanda
fa befogne 6c fa perfonne moult honniorablç-
ment, comme il appartenoit, ÔC puis preftement de
là luy partant, s’en alla voir la Duchefle faM e re ,
6c fa femme 6c tant continuèrent de faire Requefte
au Roy 6c à fon Confeil, affin qu’il leur lift Juftice
du Duc Jean de Bourgongne 6c de fes complices,
qu’elle leur fut accordée par le R o y j 6c eurent
jour 6c Audiance, pour propofer tout ce qu’il leur
plairoit à l’encontre du dit Duc , 6c de fes complices.
E t à donc le Duc d’Aquitaine, reprefen-
tant la perfonne du R o y , avec fa Mere, par le com-
; mandement du R o y , étant en habit R o y a l, en la
grande Salle du Chatel du L ou vre, prefens les
Ducs de Berry 6c de Bourbon, les Comtes d’Al-
lençon, de Clermont, deMortagne, ôcdeVan-
dofme , 6c plufieurs autres Chevalliers , le Re -
éteur de l’Univerfité de Paris, 6c très grande multitude
d’autres gens ; la ditte Duchefle doiiairiere
accompagnée de fon Fils le Duc d’Orléans, de
Meffire Pierre l’Orfebvre fon Chevallier,deMai-
ftre Pierre Coufinet Advocat en Parlement, ôc
plufieurs autres gens 6c familiers, fit lire par l’Abbé
de faint Fiacre, de l’Ordre de Saint Benoift, les
chofes contenues en un Livre écrit en François à
luy baillé à là main, devant tous qui là etoient,
confermées par les dits des Prophètes, des Saints,
»de l’uu 6cde l’autreTeftament, de Philofbphes,
^ 6c Hiftoires, publiquement, haut, 6c mot apres
autres.
Ce Livre etoit divifé en trois parties, 6c en trois
membres principaux. Au premier membre, il e-
toit ditquelesRoys, comme Souverains, font tenus
de faire Juftice à tous leurs fujets , à la con-
fervation de la paix, fous fa très noble , 6c très
puiflante Seigneurie. Au fécond membre, il etoit
ait 6c montré comme le Duc de Bourgongne
ceux à lùy favorables, 6c donnant ayde 6c conleil,
en ce cas, injuftement, 6c honteufement ont occis
, ou fait occire Monfeigneur le Duc d’Orléans.
Au tiers membre, il etoit dit 6c vérifié comme le
dit Seigneur d’Orléans , mauvaifement 6c injuftement
a efté accufé de plufieurs cas , 6c fingulie-
rement du crime de leze-Majefté, au quel il n’a-
voit nulle coulpe.
L e premier membre qui regarde Juftice, conte-
noit fix railons, pour les quelles le R oy etoit obligé
à faire juftice à la Dame Duchefle doiiairiere,
6c Duc d’Orléans fon Fils.
L a première, à caufe de fon office, qui reque-
roit cela.
L a féconde, à caufe de l’amour fraternel.
La troifieme, par pitié de la veufve, 6c orphelin.
L a quatrième, à caufe de l’enormité du cas.
L a cinquième, à caufe de la confequence.
L a fixiéme, à caufe de la malice 6c orgueil du
Bourguignofi, qui vient plaider l’efpée au poing.
L e fécond membre, qui regarde malice du Duc
accu-
J U S T I