
le terrain fort au large , et les ruines
mêmes sçnt ensévelies sous les arbustes,
et sous mille autres plantes sauvages
qui s’y sont naturalisées. Ce qu’on y remarque
d’entier et de bien conservé, ce
sont des espèces de grandes galeries souterraines
et voûtées. Leur forme , les matériaux
dont elles sont construites, et sur-tout
l’enduit dont elles sont revêtues en dedans,
prouvent évidemment que ce sont des
réservoirs d’eau.
Les anciens Étrusques et Romains,
lorsqu’ils fondoient des villes, et lorsqu’ils
conduisoient des colonies , avoient une
attention particulière d’y faire aboutir des
chemins de communication commodes, et
de les pourvoir en tout temps d’abondantes
eaux pures et salubres , qu’ils faisoient
venir de loin par des aqueducs , ou bien
en recueillant les eaux de pluie dans des
réservoirs dépuratoires et dans des conserves.
Plus cet objet était grand et important
, plus ils multiplioient les frais et
les ressources de l’art pour donner de la
solidité , et assurer, pour ainsi dire, l’immortalité
à ces sortes d’ouvrages. De ma*
nière que tandis que la plupart des autres
monumens de l’antique magnificence ont
succombé aux injures des temps , nous
voyons encore de nos jours de longs frag*
mens très-bien conservés , des chemins
publics Étrusques et Romains -, de même
plusieurs aqueducs antiques entretenus ,
servent à leurs premiers usages, et ceux
qu’on a abandonnés montrent encore, par
les vastes ruines qui existent, quelles étoient
leur magnificence , leur étendue et leur
solidité. Ainsi , les restes hideux de
Saturnia } de Roselle , de Populonia , de
Cosa, et d’autres villes désertes, offrent
encore, au milieu de leurs ruines difformes
entassées les unes sur les autres, des réservoirs
d’eau le plus souvent entiers , et
qui se sont si bien maintenus , qu’ils
pourroient très-bien encore remplir l’objet
pour lequel ils ont été construits.
Si cette contrée maritime, devenue si
sauvage et si dépeuplée ? étoit autrefois
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