
puits ; en conséquence, je m’accrochai à
ces échelles extrêmement incommodes ,
et je descendis jusqu’à environ soixante
et dix pieds de profondeur. Alors je m’arrêtai
sur un relais pratiqué tout autour
du puits, parce que c’étoit là que com-
mençoit la moufette ; elle occupoit, au-
dessous de moi, une profondeur de dix-
huit pieds, d’où elle s’élevoit, de manière
que mes jambes y étoient plongées.
Deux hommes, par un feu soutenu, étoient
occupés à empêcher qu’elle ne s’élevât
davantage ; la fumée du bois allume se
confondoit avec les vapeurs méphitiques,
et en déterminoit visiblement les limites.
La puanteur du soufre , qui étoit fort indifférente
à ces deux ouvriers, ne laissoit
pas de m’incommoder beaucoup, n y
étant pas accoutumé ; et la chaleur assez
fatigante ÿ hors de la moufette , l’étoit beaucoup
davantage , et me donnoit des inquiétudes
singulières aux jambes qui y étoit
plongées. Avec c e la , le thermomètre
qu i, à l’ombre et hors du puits, marquoit
d a n s l e S i e n n o i s . ±51
vingt-un degres, se maintint constamment
à dix-neuf dans la moufette, au-dessus de
cette même moufette , et dans une galerie
creusée à cette hauteur à la distance
de plusieurs pieds, et qui n’étoit pas encore
achevée. Je voulus approcher le
visage de la moufette ; mais de crainte
d’être surpris et d’y être précipité ,
n’étant porté que sur un rebord qui n a-
voit pas plus d’un pied de la rge , je me
fis tenir à l’aide de mes vêtemens par deux
ouvriers, et m’agenouillant , j’avançai
la tête jusqu’à la surface de la moufette.
Aussitôt je fus surpris et frappé de manière
à perdre la respiration , je. ressentis
aux yeux un picotement insupportable, et
pour ne pas étouffer, je m’empressai de
me relever. J’y descendis une chandelle
allumée , qui, à peine arrivée au commencement
des exhalaisons fumantes ,
se déracha et finit par s’éteindre entièrement.
La solution , bien chargée de tournesol
que j’y plongeai , devint absolument
rouee. L’eau de chaux, dans une