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cation qu’ils avoient jadis par ies eaux,
Peut-être après s’être écoulés se sont-ils
ensévelis pour toujours dans les abîmes de
la m e r, doù la force du feu les avoir
fait sortir.
Ce n’est donc pas immédiatement le
feu ni les éructations convulsives des volcans
, mais bien les transports et ies
dépôts successifs et réguliers des eaux
de la mer qui formèrent jadis ces couches
immenses, ces rochers , ces bancs
parallèles et si bien rangés de substances
volcaniques, qui s’étendent depuis Soana
et P itig tian o , jusques dans les basses
provinces de l’Italie Cisappennine,
Peut-être que celui qui est trop prévenu
en faveur des éruptions fange ufes .
qui n aura vu ces amas immenses de productions
volcaniques qu’avec Tceil du
préjugé , et qui enfin se laissera trop entraîner
par 1 autorité, trouvera extraordinaire
et absurde 1 hypothèse que je viens
d avancer $ mais si l’on examine les çir«
DANS LE S l E N N O I S . $7
constances que j’ai exposées; si, dénué
de toute prévention , on se donne la
peine, comme j ’engage beaucoup à le
faire, d’observer avec attention la vaste
contrée que j ai décrite, on se convaincra
que les matières déjà vomies par la violence
des éruptions, y ont été non-seulement
transportées et déposées par ies
eaux de la mer, mais encore que le voisinage
même des volcans, qui brûlent au-
jjourd hui, fournit une foule d’exemples
de ces antiques transports et de ces
dépôts,
II est possible encore que mon opinion
à cet egard soit susceptible de concilier
lextreme différence des sentimens, et les
vives controverses de quelques philosophes
, qui de nos jours ont exclusivement
attribué à l’opération du feu la
formation de certains minéraux, que d’autres
ont constamment considérés comme
le produit des eaux, ou comme formés
par le concours de çes deux agens«