
■ absolument anéanties pendant son trajet.
On a tellement négligé l’entretien de
cet aqueduc , qui est en grande partie
sous terre, que l’eau des pluies y pénètre
et y entraîne avec elle beaucoup de terre j
de manière que les Pitiglianois, au lieu
d’une eau salubre , n’ont qu’une eau
boueuse , impure et très - nuisible à la
santé j ce qui , je crois , mériteroit
bien la peine d’être pris en considération
par celui qui est chargé de l’économie
publique de la province ; car rien ne
seroit plus propre à balancer et à modérer
l’influence de l’air peu salubre du pays,
que l’usage d’une eau pure , légère et
passante.
Nous descendîmes au-dessous de P iti-
gliano , pour voir une belle cascade formée
par le Prochio , qui précipite perpendiculairement
ses eaux d’un rocher
qui a environ soixante brasses d’élévation.
Cette cascade , accompagnée de plusieurs
jets agréablement variés, forme
vraiment un beau spectacle. Il en offrit un
D A N S LE S l E N N O I S . 39
bien plus curieux encore , lors de l’hiver
rigoureux de 1789. Tout l’extérieur de
ses eaux se glaça depuis le haut jusqu’au
bas ; l’intérieur resta fluide, de manière
que l’on voyoit couler la cascade
au milieu du transparent d’une immense
colonne de cristal.
La profondeur extraordinaire des tor-
rens , et les roches de tuf extrêmement
élevées empêchoient de communiquer
facilement d’un lieu à un autre. Mais , à
l’aide du pic et du ciseau , on a taillé
dans le roc volcanique des sentiers, le
plus souvent fort étroits ; et quand le terrain
a une pente trop rapide, on y a pratiqué
des escaliers, par lesquels non-seulement
les hommes , mais les chevaux et
les ânes chargés montent et descendent
avec une promptitude merveilleuse ; le
rocher , de chaque côté de ces sentiers ,
forme comme une muraille verticale de
vingt-cinq à trente brasses de hauteur.
Ces rochers ou taillés de main d’homme,
presque à pic, ou naturellement perpen-
C 4