
Cette eau est chaude et sulfureuse : sa
puanteur, quand le vent est au nord, est
insupportable : elle porte l'infection dans
tout le voisinage et dans Saturnia même,
par ses vapeurs épaisses et fétides. Elle
sort, comme nous l’avons d it, en bouillonnant;
sa température fit élever mon
thermomètre à trente degrés. Quand
elle est en repos , elle perd promptement
son goût sulfureux , mais elle
conserve pendant quelque temps un goût
acidulé qui n’est pas désagréable : elle
incruste de tartre calcaire compacte et
de soufre , les parois et le fond du
bassin et des lieux où elle passe. Gaz
acide carbonique, gaz idrogène sulfuré,
carbonate de chaux , solfate de soude et
de chaux, et muriate de chaux : tels sont
les principes dont les expériences que j’ai
faites, m ont fait voir qu’elle est composée.
Ces bains par immersion sont fort utiles
aux hommes et aux animaux , dans la cure
des maladies cutanées. On recueille le
lotus chargé du soufre que l’eau a déposé
au fond du bassin ; on en fait de petites
masses rondes, et on le vend, ainsi séché ,
aux bergers, qui, après l’avoir ramolli dans
l’eau, en font des frictions à leurs brebis
quand elles ont la gale : ce remède est
souvent très-efficace, à raison du soufre
qu’elle contient.
Mais les sources de ces eaux minérales
se trouvant au pied de la colline de Saturnia
, qui est-ce qui a pu donner naissance
à ces masses, à ces crêtes énormes
de travertin qui dominent cette colline
dans une si grande élévation ? Autrefois
il y avoir des bains naturels dans cette
v ille , et on les y remarque encore : on
a même v u , il n’y a pas très-long-temps,
l’eau chaude sortir du fond de leur bassin.
Cette circonstance et l’aspect des travertins
me font croire , je pense avec raison
, que dans une antiquité très-reculée,
antérieure à la fondation de Saturnia,
l’eau chaude du bain que nous voyons
aujourd’hui, jaillissoit sur la cime aplanie,
mais très-élevée de cette colline ; qu’en