
C H A P I T R E X X .
Pien^a et son territoire. Monticchiello,
D e p u i s la colline sur laquelle la ville
de Sienne est bâtie, on voit s’étendre ,
pendant trente milles, vers son levant
d’h iv e r, une grande langue de terre,
le plus souvent d’un blanc cendré , qui
semble dépouillée d’arbres et de forets
en général, interrompue continuellement
par des collines nues, des précipices ,
des torrens et des vallées aplanies, fertiles
et bien cultivées.
Cette portion de pays se nomme Creta,
à raison de ce que son terrain est comp
osé , pour la plus grande partie, d’une
marne argileuse, appelée vulgairement
craie, qui dérive du mot latin creta. (*) Des
(*) Quoique les Naturalistes modernes fassent de
la craie et de Targile deux terres absolument difféterres
d’une telle consistance, et dans
lesquelles domine l’argile intumescent 9
pendant les pluies de l’hiver , ont coutume
de s’imbiber d’eau et de se gonfler j
tandis que pendant l’été , elles se sèrentes,
les anciens les confondoient souvent, et
donnoient le nom de creta, (craie) tantôt à l’argile,
tantôt à la marne argileuse. Je pourrois citer divers
passages propres à le prouver ; mais les trois citations
suivantes sont plus que suffisantes :
Area chm prlmls ingenti cequanda cylindro ,
E t vertenda manu, et creta solidanda tenaci,
Virg. Georg. lib, I.
Faciendi ( lateres ) autem sunt ex terra albêdd cretosâ.
Vitruv. lib. 2. cap. 3. Pline qui parle aussi souvent
de la creta figlinarum, figlina creta, etc. dit
comme Vitruve : Lateres non sunt è sabuloso nequt
arenoso, multoque minus calculoso ducendi solo , sed
è cretoso et albicante, Lib. 35. cap. 24. Il est donc
assez naturel que dans une langue qui est fille
de la latine, et qui conserve beaucoup de rapport
avec elle, on ait conservé le mot creta pour
désigner la même substance. Mais il ne faut pas croire
pour cela que les Italiens modernes confondent comme
le vulgaire, la craie , (crew) avec l’argile, ainsi que
quelques étrangers, toujours prompts à critiquer,'
l’ont voulu faire croire.