
Cette idée me vint d’abord à l’esprit s
mais prévenu et enthousiasmé comme je
l’étois du projet de trouver ies anciens
cratères, et trop prompt à prendre pour
tels, tantôt le sommet des montagnes voisines,
tantôt les profondeurs accidentelles
du sol, ou bien les lacs eux - mêmes, que
mon imagination me présentoit comme
des montagnes, autrefois ignivomes, et qui
ensuite s’étoient enfoncées , j’avois rejeté
cette conjecture comme une illusion chimérique
$ cependant quelque temps après ^
je cessai de la regarder comme telle ,
et elle se changea bientôt en une opinion
bien déterminée, lorsque combinant
ce que j’avois vu en ce genre, dans le
territoire de Rome et de Naples , je
retournai visiter dans celui de P itig lia n o
ces lits non-seulement de pierres-ponces,
qui toutes prouvoient évidemment, par
leur forme ronde , qu’elles avoient été
roulées et usées par l’agitation des eaux,
mais encore de cailloux mêmes ou de
gros graviers qui absolument étrangers
BANS LE SlENNOIS. ÇÇ
à ces lieux, prouvoient très-bien l’action
des eaux.
11 paroît évident , que des volcans
beaucoup plus nombreux et plus fréquens,
éclatoient du sein même de la mer , tels
qu’on en voit encore aujourd’hui plusieurs.
Les matières qu’ils vomissoient , leurs
décombres mêmes ou jetés sur les côtes
par les flots qui les y déposoient successivement,
ou précipités et accumulés
dans les abîmes profonds des mers, donnèrent
sans doute naissance à ces amas,
à ces couches et à ces roches volcaniques
, qui par l’éloignement presque
simultané ou postérieur des eaux, se
prolongent fort avant dans le continent.
Si dans ce moment on ne voit plus
de vestiges, de bouches ou de cratères
de volcans, il peut se faire que ceux-ci,
enflammés ou seulement existans, subsistent
néanmoins sur la surface de la
terre, à une grande distance de ces lieux
avec lesquels ils n’ont plus la communi-
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