trouva demi-mort de fatigue, de faim,
et de l’intempérie de l’air $ et comment
il fit représenter son aventure dans un
tableau qu’il offrit à l’église en forme de
voeu.
Cependant , comme je me trouvois
vis - à - vis l’embouchure du fleuve
A lb egn a , ( Albinia, ou selon l’Itinéraire
maritime , qui est encore incorrect ic i,
l’Almina des Latins) l’envie me prit de
mettre pied à terre , et de visiter le
Tombalo %\di levée). Nous entrâmes donc
dans ce fleuve, par son embouchure $
nous quittâmes nos mariniers, en leur
recommandant de se trouver au fleuve
Osa 3 et nous nous acheminâmes par la
voie de terre. Nous ne tardâmes pas à
tomber dans la voie Aurélia qui, dans
cet endroit, n’est point pavée, mais seulement
maçonnée ou enduite de terre
glaise, ( terrapienata ) comme on faisoit
dans les voies consulaires, et dans les lieux
où l’on avoit de la peine à trouver de
fa pierre. (*) Cette voie passant, comme
je l’ai observé, au-dessous de Casa, tour-
noit autour du lac d'Orbetello, puis se
rapprochant vers la mer, elle côtoyoit,
au moyen d’un pont, l’Albegna , et par
le tombola, ( la levée ) arrivoit jusqu’à
' VOsa. Nous trouvâmes des fragmens fort
longs et très-droits de cette voie , qui
est encore fort élevée, quoiqu’elle traverse
un pays entièrement sablonneux.
Elle est souvent interrompue et couverte
de marruches , qui nous embarrassoient
( * ) Les anciens Romains prenoient tous les soins
imaginables, pour rendre durables ces voies consulaires
en maçonnerie : ils les chargeoient beaucoup,
ils en élevoient le terrain , ils les recouvroient de
chaux et de cailloux ou de gravier ; ils les battoient
fortement, et pour les tenir sèches et aérées ils aba-
toient les arbres et les halliers circonvoisins. Cette
espèce de construction les faisoit distinguer, sous
le nom d'aggeres. En effet, Ruùlio Numapiano appelle
ainsi la voit Aurélia, qui avoit été détruite, en même,
temps que les autres pays de la Toscane, par l’ar^
fnée d’Alaric , roi des Visigoths.
« Postquàm Tuseus ager, postquàm Aurellus agger
» Perptssys Getiças ense vsl igné manus, etc»