
et nous déchiroient , sans nous donner
le moindre ombrage ; obliges en meme
temps de marcher sur un sable mouvant,
dans lequel nous ne pouvions affermir nos
pas ; exposés au soleil, à l’heure la plus brûlante
de la journée j ennuyés de l’uniformité
et de la stérilité du terrain, nous soupirions
en vain après notre barque et la mer. Enfin,
nous la trouvâmes à l’embouchure de
VOja , après cinq grands milles de chemin
, que les difficultés de la marche
nous fit paroître beaucoup plus longs.
Le petit fleuve O fa , qui souvent se
gonfle au point de n’être plus gueable,
passe près de la mer, sous un pont Romain
à demi-ruiné, que traversoit le
la voie Aurélia. Ce fleuve baigne, dans
cet endroit, le pied d’une colline fort
élevée sur laquelle nous montâmes , et
qui est connue sous le nom de Talamo-
naccio. Elle s’avance sur la mer , et sur
son sommet qui est aplani , se trouve
un fort abandonné , dégrade , et sur
le point d’être entièrement ruiné. Ce fort
donne son nom à la colline , d’après l’opinion
mal fondée où sont les habitans du
pays, que c’est là où étoit autrefois l’antique
Telamone. La charpente de cette montagne
est une pierre de grès jaunâtre ,
à laquelle succède, sur la côte opposée,
le roc de brèche silicée. (* ) A peu
de distance du penchant de cette colline
, un peu plus avant dans les terres,
sont deux mares d’une eau stagnante ,
Je crois que c’est sur ces collines que les deux
consuls Romains, C. Attîlius Regulus, et L. Emilius
Papo mirent en déroute les Gaulois , conduits par
les rois Concolitanus et Aneoreste, l’an de Rome 529 *
comme le rapporte Polyle. Les Gaulois y étoient descendus
de la Valdichiana, en fuyant l’armée Romaine,
et ne voulant pas risquer , par l’incertitude d’une
bataille, le riche butin qu’ils avoient fait. Ils
avoient donc résolu d’emporter avec eux, dans leur
pays, toutes les richesses qu’ils avoient pillées, en
passant par la voit Aurëlitnnt, et par le pays des Liguriens,
qui étoient leurs amis et leurs confédérés.
Mais arrivés à cet endroit, et investis dans le même
instant, par devant et par derrière par les deux armées
Romaines, ils laissèrent sur ces collines tout
leur butin, leurs deux Rois, et cinquante mille soldats
, tant tués que blessés.