
C H A P I T R E I I .
Le Monte Labro , Roccalbegna et Candm
j^ lPRES etre partis de Câstelottieri , nous
nous avançâmes au nord-ouest vers les
montagnes dell* Elmo. A la ferme de valle
Castagneta nous vîmes le lieu où étoit
planté le gigantesque cep de vigne qui
m’envoya mon frère , et qui est placé
dans le vestibule du jardin des plantes
de Pise. 11 a cinq pieds de circonférence
dans la partie la plus grosse , sur quatorze
pieds de hauteur au-dessous de sa
ramification. Ce cep fut arraché par un
ouragan en 1787 ; tout près de là on
en voit encore un autre un peu moins gros
qui est en pleine vigueur , et qui porte
des fruits. Telles dévoient être les vignes-
q u i, selon Pline, servoient à faire des
poutres dans le temple de Junon , dans
la ville de Metaponte. On montroit encore
au temps de ce célèbre Naturaliste ,
comme une merveille, une statue de
Jupiter faite d’un seul tronc de vigne.
Lorsque nous eûmes passé le Üeu qu’on
nomme le Colle , nous perdîmes de vue
tous ces indices de pays volcanisé , et au
mont de VElmo nous remarquâmes des
bancs de pierre de grès souvent fissile et
grise. Mais la charpente de ces montagnes
est une pierre bleuâtre avec de nombreux
filets de spath calcaire.
Après avoir franchi ces montagnes par
des chemins extrêmement rudes et difficiles,
nous arrivâmes enfin à midi à Selvenct
pour nous rafraîchir et nous remettre un
peu de la chaleür et des fatigues de la
matinée. Mon thermomètre isolé à l’ombre
marquoit vingt-cinq degrés, et trente-six
au soleil : telle est la température que
nous eûmes à supporter pendant plusieurs
heures.
Après un repos de quelques instans 9
et avoir donné un coup d’oeil rapide
à la mine de cinabre décrite dans mon