
par un sentiment que nous ne pouvions
maîtriser, à chercher pourquoi on avoit
ainsi creusé le pied de la montagne r
et quel étoit l’usage de ces souterrains.
Nous pouvons ici former les mêmes conjectures
par lesquelles on explique les
excavations des catacombes de Rome. (*)
(*) J’ai visité les catacombes de.Naples. Les excar
varions que l’on fait encore tous les jours aux environs
de cette ville , pour en tirer des pierres à bâtir,
et notamment auprès de la grotte de P a u s i ly p e , me
feroient croire que ce que l’on appelle aujourd’hui pro»
prement les catacombes, n’a eu d’autre objet,dans le
principe, que celui de se procurer dès matériaux propres
à bâtir. Elles sont creusées dans un tuf volcanique,
qui se coupe très-facilement, et qui se durcit au grand
air. Mais il paroît qu’elles ont servi depuis à d’autres
usages. Les autels pratiqués dans plusieurs chambres,
qui ont issue sur les vastes galeries, qu’on peut nom-
Uier rues souterraines; les peintures à fresque qui se
voient, non-seulement dans ces espèces de chapelles,
mais encore çà et là dans plusieurs endroits de. ces
souterrains ; les réduits enfumés, où des calcinations
locales indiquent qu’on y a fait du feu : tout cela annonce
que ces lieux ont été habités autrefois, au moins
pour un temps, et tend à confirmer l’opinion où l’on
est dans le pays , qu’ils, servirent*de refuge aux Chré':
d a n s l e S iENNo i s . 4 19
Le tuf se creuse on ne peut plus aisément
, et il n’est pas très - difficile de percer
la brèche glaiseuse ; l’un et l’autre se
soutiennent en même temps en forme de
voûte ou de murailles , avec une certaine
solidité qui s’augmente avec le temps :
ces excavations fournissent du sable et
de la glaise que l’on emploie pour
bâtir. Ce dernier objet pourroit bien être
aussi le but que l’on s’est proposé à Chiusi ,
tiens, dans le temps des persécutions des Empereurs.
Les rues souterraines dont je viens de parler, ont
douze ou quinze pieds de haut, sur huit à dix de large.
Elles se ramifient à l’infini dans une etendue de plusieurs
milles, et vont aboutir, en diminuant de largeur
, fort au loin dans les campagnes, à des issues
couvertes de broussailles , que le Gouvernement a fait
fermer avec le plus grand soin , afin d enlever cet asile
aux malfaiteurs qui alloient s’y retirer, et qui en sor-
toient la nuit pour infester le pays. Nos guides, à
l’aide de leurs flambeaux, nous firent voir deux ou
trois chambres remplies de plusieurs milliers de cadavres
desséchés , mais sans aucune odeur sensible ;
l’une d’elles, au dire, de nos guides, contenoit les
victimes de la peste, lors des derniers ravages qu elle
exerça à Naples. (Note du T rad uc teur .)