
Lorsqu’on jette un coup d’oeil général
sur ces p a y s , si l’on réfléchit un peu sur
la nature des corps dont le terrain est
composé, et sur leur disposition , on ne
peut se dispenser d’y voir l ’aspect d’une
terre qui tut autrefois submergée par les
eaux de la mer» Toutes ces vallées, toutes
les collines, toutes les montagnes de seconde
formation, furent couvertes des
eaux de la mer. Elles déposèrent peu à
p e u , sans fracas ni bouleversement ,
les sables qui sont restés désunis ou réunis
en masses solides de tu f, les pierres calcaires
, les glaises, les dépouilles de corps
marins, les couches piligno ^ et de marne
argileuse , beaucoup trop abondante dans
cette contrée; car cette dernière est pareillement
un dépôt des eaux marines r
qu i, en se transportant ensuite ailleurs ,
ont laissé à sec ces terrains qui conserveront
toujours les preuves de leur ancienne
submersion.
On ne doit pas trouver extraordinaire
que je compte le mligno\ ai*
nombre des sédimens et des dépôts de
la mer. Les diverses expériences que
j’ai faites dans ce pays et dans plusieurs
autres , m’obligent à ne pas attribuer
la formation de ces couches à
d’autres causes, et plusieurs Naturalistes
sont de mon sentiment. Leur forme, leur
disposition selon les lois de leur pesanteur
spécifique ; les bancs de tuf qui étoit
autrefois un sable de mer, tantôt mêlé,
tantôt placé au-dessus ou au-dessous du
piligno ; les dépouilles de corps marins,
les filons de glaise qui l’accompagnent
dans une si grande éteïidue avec tant
d’abondance , et qui, par les coquillages
de mer qui y sont mêlés, prouvent évidemment
qu’ils sont produits par la mer :
enfin, l’aspect • générai ou particulier de
toutes ces substances ensemble, détermine
l’observateur attentif à regarder ces couches
de piligno comme des sédimens, et des
dépôts successifs et lents des eaux de la mer.
Mais le piligno , dans le principe, ne
fut pas essentiellement tel que nous le