
matières qui rendent aux yeux du naturaliste
le pays absolument semblable à
celui de Pitigliano et de Soana. Nous
allâmes loger à Sorano chez M .r Scipione
Selvi mon ami.
Cette terre, qui appartenoit jadis aux
comtes AlcLobrandeschi, faisoit partie du
comté de Pitigliano, dont elle suivit le
destin. Aujourd’hui elle est gouvernée,
quant au civ il, par un Potesta, et elle
relève pour le criminel , du Vicaire
royal de Pitigliano. L’air qui n’y est pas
vicié comme à Soana, y a ramené et
maintenu une population d’environ mille
âmes , nombre considérable à proportion
de la grandeur du lieu. Les maisons
sont adossées autour d’un rocher de
tuf de figure irrégulière , et sont bâties
les unes au-dessus des autres. 11 n’y a pas
une seule maison, si petite qu’elle soit,
dont la porte ne soit décorée de quelque
ornement d’architecture sculpté dans la
pierre , à raison d’une ancienne ordonnance
du Corps municipal, qui décernoit
des récompenses à ceux qui se distin-
guoient par ces ornemens.
Au-dessus du pays caché autour des
rochers de t u f , on voit la forteresse
bâtie autrefois par le Comte Niccolo
Ursini dans le seizième siècle; le grand
Duc Ferdinand I. y fit quelques agran-
dissemens ; mais aujourd’hui elle est à
demi-détruite et en grande partie abandonnée.
Le tuf, facile à tailler et qui se durcit
à l’air, a donné ici comme à Pitigliano
la facilité de creufer des chambres, des
magasins et des caves dont deux entre
autres appartenant à Messieurs Selvi, sont
d’une beauté surprenante , et vraiment
magnifiques dans leur genre. Elles forment
, hors de terre, de véritables colombiers
; leurs murs intérieurs sont divisés
en une foule de petites niches quarrées,
creusées dans le tuf, pour faire nicher
des pigeons. Ces oiseaux ainsi que les
colombiers faisoient partie des réserves,
dont les Comtes étoient si cruellement