
petite bouteille débouchée que j’y descendis
sans la remuer, devint tout-à-coup
laiteuse, et déposa , lorsque je l’eus laissé
reposer, un sédiment blanc qui s’est dissous
avec effervescence dans l’acide nitrique
; c’étoit un carbonate de chaux.
Un morceau d’argent, l’argent monnoyé
lui-même, quoique fermé dans une bourse
et dans la poche , y devinrent noirs. La
solution de l’acétite de plomb battu ,
dans une bouteille à large ouverture ,
s’y troubla, et forma, au fond et à la
surface , un précipité noirâtre. J’agitai
dans la moufette , pendant environ dix
minutes, un flacon débouché, rempli
jusqu’à la moitié, d’eau pure. Elle s’y
troubla peu à peu, et devint absolument
laiteuse. Elle y prit une odeur sulfureuse
qui se dissipa à l’air libre $ mais
elle conserva un goût extrêmement acide
qui persista au feu : je m’assurai , au
moyen du muriate de Barite , que c’étoit
un véritable acide sulfurique. Ce même
flacon , tenu en repos, m’offrit ensuite
d a n s le S i e n n o i s . 253
un dépôt blanc, qui étant desséché et
placé sur des charbons allumés avec
flamme, prouva, par sa combustion et
par son odeur, qu’il étoit un vrai soufre.
Au surplus, j’observai que les parois du
puits étoient humectées d’acide sulfurique
et d’eau, et incrustées çà et la de soufre,
le plus souvent cristallisé. En un mot, il
paroît que ce territoire renferme , à une
grande profondeur, un grand travail de
la nature , une effervescence et une décomposition
continuelles de sulfures (* )
qui, en s’élevant du centre de ces im-
(*) Si j’attribue à la décomposition des sulfures, et
sur-tout à celui du fer , la chaleur des eaux minérales ,
les diverses moufettes, et leurs effets successifs, lorsque
les fluides aériformes se trouvent en contact avec l’air
atmosphérique, je ne prétends pas pour cela, malgré
l’expérience illusoire et spécieuse de Lémery, que
cette décomposition soit l’origine des ascensions
volcaniques. Un si grand phénomène exige des
moyens plus considérables et une plus grande quantité
de matières ; les magasins immenses de substances
bitumineuses cachées dans les entrailles de la terre,
peuvent très-bien alimenter les embrasemens des
yolcans. Voyez Fabroni d e i ï A n tr a c ite , Cap. 1.