
à la seule charge de passer gratis la garnison
et les ordonnances que îe Gouvernement
envoie. La pêche s’y fait le plus
communément pendant la nuit, avec du
feu allumé à la proue, pour appercevoir le
poisson sur lequel on lance une espèce de
harpon que les Italiens appellentfiocina. (*)
Il est très-curieux, dans les nuits tranquilles
de l’été , de voir un grand nombre de
ces barques, former sur l’eau une illumination
continuellement mobile et toujours
changeante.
Ce lac fournit aussi une bonne quantité
de cardium edule, testacée que l’on appelle
dans le pays galLina , et qui est bon à
manger. Mais le produit le plus lucratif de
la pêche, est l’anguille, que les P ar^ionalï,
comme on les appelle, font frire et mariner
dans le vinaigre, pour les envoyer
dans l’intérieur des terres. D ’un autre
côté , cet étang qui fournit de si grands
(*) C’est une espèce de fourche de fer, composée
plusieurs dents aiguës, fines et droites,
D A tfS LE S l E N N O I S .
avantages k-Orbetello t ne laisse pas que
d’en incommoder les habitans , par la
grande quantité de conferves , d’uîva
et d’autres plantes aquatiques, qui, déracinées
et jetées sur le rivage par les
vents, encombrent tous les environs de la
ville , et en s’y pourrissant en é té , exhalent
une puanteur insupportable.
Dans les grands froids de i’hiver , l’eau
de ce lac ne gèle que sur les bords ;
mais dans i’hiver rigoureux de 1789, il
fut complètement glacé, ce qui fit mourir
une si grande quantité de poissons, que
lors du d ég e l, l’eau étoit toute couverte
d’huile animale ou de poissons morts.
Après nous être embarqués sur un petit
bateau à fond plat , comme tous ceux
dont on se sert sur l’étang , nous abordâmes
au bout d’une demi-heure, et nous
prîmes le chemin de terre par l ’isthme ,
qui est beaucoup plus large de ce côté,
et qui sépare le lac de la mer. Après deux
milles de chemin , nous arrivâmes à Por-
tercole, où nous logeâmes chez M. i’ar-
chiprêtre Genuari.