
£jue nous avions sous les pieds des pierres1
mouvantes, sur lesquelles nous trébuchions
à chaque instant. Nous arrivâmes donc
à Portercole, harassés, déchirés, les jambes
meurtries , et fort mécontens de notre
brillante expédition de Xlsoletto.
P ortercole est très-ancien ; il étoit certainement
beaucoup plus considérable
autrefois qu’il ne l’est de nos jours. Les
anciens géographes et les itinéraires en
parlent sous cette même dénomination,
quoique quelquefois on le nomme Porto-
Cosano, à cause de son voisinage de
Cosa. Aujourd’hui sa population n’est que
d’environ trois cents âmes, sans compter
la garnison. Ses collines et la vallée
adjacente, sont plantées de vignobles,
qui produisent des vins excelîens, parmi
lesquels on distingue le vin qu’on nomme
Riminese y il est blanc, clair, très-spiritueux
, et te l, quand on le fait avec
soin et qu’il a vieilli, qu’il ne le cède à
aucune liqueur de l’Europe. Tel étoit
celui que nous fit boire notre hôte, qui
DANS LE S l E N N O l S . H t
te fait faire avec une attention particulière.
Mais cette culture est très-coûteuse,
par le défaut d’ouvriers , et par la nécessité
où Ion est d’en employer d’étrangers
, qui font payer très-cher le
peu d’ouvrage qu’ils font, et la peine
qu’ils prennent de quitter leur patrie. Cet
inconvénient n existoit pas autrefois, selon
ce que disent les vieillards du pays. Les
habitans de Portercole étoient alors plus
nombreux, plus aises, et les campagnes
circonvoisines mieux cultivées et dans
une plus grande étendue.
Les guerres entre les Espagnols et les
Allemands furent fatales à ces contrées i
d abord , en 1708 , lorsque les troupes
Allemandes, sous les ordres du général
Vetzel, chassèrent les Espagnols de l’état
des Presidi, et plus funestes encore lorsque
le general Montemar commandant
les Espagnols, s’en empara de nouveau.
Lors de cette derniere expédition surtout
, les campagnes furent absolument
dévastées 7 et tout ce malheureux pays