
V o y a g e
appellent cet endroit la castellacoia i l
Monteti. f peu d’entre eux l’ont vu ,
a cause de son élévation , des broussailles
qui l’environnent , et de son
eloignement des chemins ordinaires , de
manière qu’on ignore absolument son
origine et son usage.
Il peut se faire que lorsque les troupes
dévastatrices des brigands venus du Nord
inondèrent la malheureuse Italie , et
qu ils portèrent la mort et la désolation
jusques dans ces Maremmes, la Castel-
laccia di Morvteti fut pour les malheureux
habitans l’asile où ils se réfugièrent,
jusqu’à ce que ce terrible orage fût passé.
Peut-<être qu’ils s’y cachèrent, lorsque dans
le dixième siècle la rage des Sarrasins vint
comme un ouragan furieux dépouiller et
ruiner ces malheureuses provinces maritimes
de l’Italie. Peut - être que ce lieu
fortifié et ainsi masqué par la hauteur de
la montagne et par le bois, servit de place
forte aux troupes dans le temps des
guerres civiles qui eurent lieu après l’an
mille , lorsque les Seigneurs des bourgs
DANS LE SlENNOIS. IOC>
de la Maremme se faisoient la guerre
entre eux , ou se défendoient contre
la prépondérance de la république de
Sienne , ou bien lorsque celle-ci disputoit
le .terrain aux armés victorieuses des
Impériaux et des Florentins , et qu’elle
combattoit encore pour sa liberté expirante.
( * )
Après avoir traversé des bois et des montagnes
, nous passâmes de Capalbio à la Mar-
( * ) S’il est vrai, comme le prétend Court-de-Gebelin
auteur du Monde primitif, que les premières colonies
qui ont peuplé l’Italie soient provenues des Celtes,
opinion qui est confirmée par les observations de
l’abbé Chaupy , peut - être que cette enceinte fut
construite dès les temps les plus reculés pour placer
au milieu de sa plate-forme les urnes sépulcrales
et les dépouilles des héros de ces peuples grossiers
et superstitieux , afin de perpétuer et consacrer la
mémoire de ceux qui avoient bien mérité de leur
nation. Les Celtes avoient véritablement cet usage.1
On trouve encore de nos jours des enceintes semblables
dans, les isîes Hébrides, et sur-tout dans l’isle
d'Arran , dont les habitans appellent ces monumens
gairn ou charne en langue Erse, qui est l’ancien
Celtique, conservé dans ces isles et dans les montagnes
d’Ecosse ; lorsqu’ils se recommandent à leur patron,