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 du  vent  suffit quelquefois-pour  les  mettre  en  fuite.  Aussi,  maigre  
 leur  grand  nombre*sur  l’îie  Bemièr,  là  chasse  en  fut-elle  d'abord  
 très-difficile  et  très-précaire.  Dans  les buissons  impénétrables dont  
 j'ai  parlé,  ces  animaux  pouvoient  braver  impunément  l’adresse  dé  
 nos chasseurs  et  leur  activité.  Réduits  à  quitter  un  de  Ces  asiles,  
 ils  en  sortoient par  des routes  inconnues,  s’élançoient  rapidement  
 &>us  quelque  autre  buisson'voisin,  sans  qu’il  fût-possible  de  concevoir  
 comment  ils  pouvoient  aussi  facilement  s’enfoncer et  dis-  
 paroître  au  milieu  de  ces  fourrées  inextricables ;  mais  bientôt  Oh  
 s’aperçut qu’ils avoient pour chaque buisson plusieurs petits chemins  
 couverts,  qui ,  de  divers  points  de  la  Circonférence,  venoient  
 aboutir  jusquaü  centre,  et  qui  pouvoient  au  besoin  leur  foufnir  
 des issues  differentes,  suivant qu’ils  Se  sCntoient  plus menacés  vers  
 tel  ou  tel  point.  Dès  cet  instant,  leur  ruine fut  âsSùrée; nos  Chasseurs  
 se réunirent,  et  tandis que  quelqueshins  d’entre eux  battoient  
 les  broussailles  avec  de  longs  bâtons, d’autres  se  tenoient à1 l’affût  
 au  sortir  des  petits sentiers,  et  fànimal,  trompé  lui-mêmé  par  son  
 expérience,  ne manquOit  pas  de  venir  s’of&iF Ù des  coups' presque  
 inévitables. La  chair de çet animal nous parut, comme à D âMPiëR-,  
 assez  semblable  à  celle  du  lapin  de  garenne/mais plus" aromatique  
 que  cette  dernière,'cequi  dépend  peiit-ètrè  de  la  n’ature  particulière  
 des plantes dont  il  fait sa nourriture,  et  qui  presque  toutes  
 sont «odorantes,  C ’est ,  au  surplus,  la meilleure^chair  de kangüroo  
 que  nous  aurons  trouvée  depuis;  e t,  Soùs  Ce  rapport,  l'acquisition  
 de  cette  espèce  seroit  un  bienfait  pour  l’Europe. 
 A   l’époque  où  nous  étions  sur  èès  rivages,  toutes  les  femelles  
 adultes portoient dans leur poche un jeune petit assez  gros, quelles  
 cherchoient  à  sauver  avec  un  courage  véritablement  admirable;  
 blessées, elles  fuyoient,  emportant  leur  petit  dans  leur  poche,  et  
 ne  l’abandonftoient  jamais  que  dans  le  cas  où,  trop  accablées  de  
 fatigue,  trop épuisées par  la  perte  de  leur  sang,  elfes  né-pouvoient 
 plus'le  porter: Alors-elles  sarrétoient ,  en  s’accroupissant  sur  leurs  
 pattes  de derrière,  l’aidoient;avec  leurs pieds- de  devant, à  sortir  dü  
 sac maternel,  et  cherchoient  en  quelque  sorte  à lui  désigner.  les  
 lieux  de  retraite où, plus  aisément,  il pouvoir espérer de  se  sauver:  
 elles-mêmes alors: continuoient.leur, fuite ;avec. autant dé vitesse-que  
 leurs  forces  pouvoient  le  permettre;,mais,la poursuite du  chasseur  
 .venait-elle à  cesser,  ou seulement  à  se ralentir,  alors- on  les: vo.yoijt  
 retourner au  buisson  protecteur  de - leur  nourrisson*;; elles  Jappe-  
 Joienfpar  une  espèce-de  grognement  qui  leur  est  propre ; elles,  le  
 earessoient  affectueusementcomme  pour;dissiper,-.ses  alarmes,  le.  
 faisoient de nouveau rentrer dans.leur poche*et cherchoient,  avec,  
 ce  doux' fardeau,.quelque  fourrée  nouvelle où  |jjchasseur ne  pût  
 ni les  découvrir;«ni; les  forcer,. Les mêmes-preuves  d’intdjigeftce  et  
 d’affection se- reproduisoient  d’une manière plus  touchante!epepre-  
 cfe  la part  de  ces  pauvres  mères,,  lorsqu'elles se^ en to iin tm o rte l  
 lenJent atteintes :  tous  leurs- soins se dirigeoient. vers; le  salut  de: leur  
 nourrisson;  bien, loin s de  chercher, à  se  samte.r»  elles  £a r r ê t e n t   
 sous les  coups- du  chasseur,  et  leurs derniers  efforts  étoient  donnée  
 à la  conservation  de  leurs  petits..  .  „ Dévouement  généreux.dont  
 l’hïstoire  des  animaux  offre  tant  d’exemples,  et que  nous  sommes  
 réduite  souvent  à  leur  envier !’ 
 Pendant notre a^our  sur l’îlé  Bernier', nous  Saisîmes plusieurs de  
 cesr jeunes  kangu-roos;  mais  la  plupart,  trop,  foibles  sans  doute/  
 ne  survécurent .pas-  long-temps  à  leur  captivité.  Un  seul  ,résista  
 et' s’apprivoisa /cet  animal  mangeoit'  du pain avec-plaisir, et savon-1  
 tofe suKtoftr â v e c  délfiee*- l’eau  sueïée.-qu’on  lui- présentent.  C e   
 dernier goût doit paraître  d’autant plus  extraordinaire,  que,  sur les  
 îles  sauvages  où  ces  animaux  habitent,  toute;espèce  d’eau  douce1  
 manqué  habituellement.  C e   jeune  kanguroo/ périt  par.- accidenjt  
 à Timor  :  sa  perte  nous  fut moins  sensible,  parce  que,  n’en  ayant  
 qu’un  seul  individu, nous ne pouvions-pas  espérer de  le naturaliser  
 en  Europe;  mais  cette,  première  tentative  suffit  pour  prouver;