
 
        
         
		Tandis  que  tous  les -regards  et oient  fixés  sur  ce  mont  gigantesque, 
   nous -nous  en  approchions  à  chaque  instant  davantage :  
 bientôt  nous  pûmes  reconnoître  Lancerote,  Fortaventure  et  la  
 Grande-Canarie,  qui  sé  dessinoit  à  l’horizon  comme  un  cône  
 immense,  fortement aplati  vers  son  sommet.  Poussés  par un  vent  
 favorable, nous espérions pouvoir, dans la soirée même, arrivèr'au  
 mouillage; mais cet espoir ayant été trompé, nous nous décidâmes,  
 pour la nuit,  à courir quelques bordées'. Le lendemain; à la pointe  
 du  jour)nous ralliâmes  la-terre, que nous  atteignîmes Bientôt. 
 Qu’on  se  figure  une ; côte  escarpée,  noirâtre,  profondément  
 sillonnée  par  lés  torrens, .sans  aucune  autre  trace  de  végétation  
 que quelques  tiges  rabougries dè  Cacalia, de  Câctus 'tt  d’Euphorbe:  
 au-delà ' de ; ces  côtes -  inhospitalières,  qu’on  imagine  plusieurs  
 gradins  de  hautes montagnes,  également  dépouillées'de verdure,  
 hérissées* par - tout  de  pirôfis  aigus ,  dé* crêtes f ari3ès,  de  roches  
 bouleversées;  et  encore  au-delà  de  toutes  ces montagnes,  le pic  
 de Téide, s’élevant  comme  un  énorme  géant  au-dessus  d’elfes’,  et  
 l’on aura, je pense,  une aâsez  juste idée de la vjaîe  de Ténérifiè  par  
 la  pointe  d’Anaga,  où  nous vînmes  atterrir;  de  là  jusqu’à  Santa-  
 Cruz,  où nous mouillâmes,  le même aspect  saiivage se  reproduit;  
 par-tout  des  laves«,  des  scories,  des  monts  escarpés  etl%stérifés ;  
 quelques  misérables  habitations"  assises  au  pied  de  'éé’| v‘filornes  
 volcaniques, ne  servent  quà faire ressortir plus fortement encore  
 le  triste  aspect  de  cette  partie  de  l’îlé.. .   Il  y  a  loin  de  là]  
 sans  doute, à ces tableaux gracieux déf ilés Fortunées,  îoùr-à-tbur  
 dessinées  avec  tant  d’élégance  par  H o r a c e ,  V ia n a ,  G a ïr à s c o ,  
 l’immortel  auteur  de  la  Jérusalem  délivrée,  et  celui  du  poëme  
 deU’ Oceàno; mais  ces  douces  illusions,  ces  riantes images  avèietit  
 besoin ,  pour  se>soutenir  contre  la réalité,  du  voile  du mystère,  
 de  l’intérêt-  des  siècles  et  des  distances : les  Canaries,  dépouillées  
 aujourd’hui  de  ces  titres  brillans  de leur glôire antique, n’ont plus  
 guère d’autre  intérêt  réel  que  celui  de leurs  vins,  de  leur position 
 avantageuse,  des  révoIutijQjns.- physiques  et politiques  dont  elles  
 furent  le; «théâtre- <  . 
 E n   prolongeant, ià;ttÉès-petite  distance,  laiçpte.d’Anaga,,nous  
 ne tardâmes pas  à'découvrir  le mouillage ,et la/Ville de Santa-Cruz.  
 A dix ,hèu?és du mâtiné nous laissâmes,tomber l’ancre par 22 brasses,  
 fond  dessable ivolcaniqjie'y^vaseux  et .noir; 
 Il me;.re.ste i£ncoreame.^arrière  trop longue, et  trop importante  
 à parcourir, pour  que  j,e  doive  longtemps m’arrêter sur les Canaries; 
   leur  pbsition  au  mifiej&idedà mer-  Atlantique des-«a  soumises  
 aux  observations  d’ujap -foule;.dp_Yoyageurs modernes,  également  
 recommandables  par lèuïsÿtalpns- et  par  leur'  véracité';  il  existé  
 d’ailleurs, sur -éëf Archipel > un  ouvrage'lEspagnoI  e n ta is  ^élûmes  
 ïn-ê.%  par J oseph de Viera v  Clav®o;!, ' qui {semble  avoir  épuisé  
 toufjce. qu’on peut  dire d’imiéÉes^ajif sur l’histoire ancienne  e t,moderne  
 de  ces. île^sui^leur^yréVïdlutiopa  physiques- et  politiques >  
 leur population,  leurs?productions diyefeeff, leur] température,,&cU  
 L’histoire do lafconquête  des-'Canaries,jei#cipe ^aveof' raison,  une  
 grande  partie  de d’ouvrage  de  Clavijo.  Quel  tableau-plus  intéressant  
 eie.plüs  touchanp,  .ènÿpfibp,  .q.ue:)|âel,ii  dp# malheureux  
 Gouanches ? armés  de pieux »et' de* massueside ,bois,;.combattant,  
 pendant, près? d’ün  siècle?) contre  les. François ,tKes .Portugais- et  les  
 Espagnols; opposant, leçourage'et la constance au nombre de leurs  
 ennemis;z% la .supériorité  de  leurs  armes,  à  la- force  dedlètir èâvai  
 lerié; fàfsant acheter  la possession de  leurs, misérables  dès par plus  
 de^ombats  et  -plus  dè  sang,  que^pn è<pta  depuis  la  possession  
 d’urif îÿouvpau-M on de !  . 
 D’après  toutes ,iees. épnsidératicçps^qe  me  bornerai  donc  à présenter  
 un  très-petit  nombre  dè  détails^ qui  me  paroissent  avoir  
 échappé' jusqu’à ce jour aux écrivains nombreux que mous comptons  
 sur  cet' Archipel. 
 A -Les ’maladies »lei-plus‘ communes,;  celles que  l’on peut y  regarder  
 comme endémiques) sont lesàfièctions gastriquës opiniâtres, souvent