
noble compatriote, le Gamay fui banni par des édits royaux de Ions les vignobles
renommés de la Bourgogne, et en y contrevenant on s’exposait
aux peines les plus sévères. Il serait resté sous le coup de celte injuste
proscription et d’une réprobation générale, si les cépages produisant la
quantité n'étaient devenus nécessaires et surtout, si en le confiant à
des sols plus favorables à sa nature, comme ceux du Beaujolais, il n’était
venu prouver que dans les sols granitiques et schisteux, à une exposition
convenable, il donne des vins rivalisant avec les seconds crus de la Bourgogne
plantés en Pineau.
De tous les cépages de grande culture, le Petit Gamay est un des plus
prompts au rendement, el son raisin est un des plus précoces. Dans la
région du centre de la France, il est sans contredit l’un des plus avantageux.
Il est dominant dans cinq de nos départements viticoles, et dans
dix ou douze aulres il occupe une très-large place. Chaque jour il tend
à se propager davantage et à gagner du terrain sur les variétés auxquelles
on l’avait d’abord associé. Ses produits sont abondants et réguliers
et, dans les sols granitiques et schisteux, aux expositions les plus
favorables, ils sont classés parmi les vins de grand ordinaire, quelques-
uns même parmi les vins fins. Dans les terrains calcaires, son vin est
plus noir, plus plein, mais il manque souvent de finesse et de légèreté.
Culture. La souche, de vigueur moyenne, doit être maintenue à la
taille courte, et même la taille très-courte est la seule qui lui convienne
sur les coteaux secs; elle peut lui être appliquée sans détriment pour la
récolte, car tous les yeux du sarment, même les plus intérieurs, sont
fertiles. C’est pour ne s’être pas conformés à celte pratique de la taille
très-courte que beaucoup de viticulteurs ont vu dépérir leurs vignobles
en peu d’années; la production en était exagérée par rapporta l’espace
donné aux plants, par rapport a la force de constitution du cépage et
aux éléments de fertilité qui se trouvaient dans le sol. La sélection des
bouiures très-fertiles a aussi beaucoup contribué à diminuer la vigueur
de la souche. Les rendements sont devenus plus précoces et plus réguliers,
mais une production continue et anticipée a déterminé leur dépérissement
prématuré, conformément à la loi naturelle qui fait que la
durée des végétaux est en raison directe de la précocité de leur mise à
fruit. Aussi, pour remédier à cette fâcheuse tendance, conseillons-nous
de choisir les boutures prises sur des ceps jeunes, vigoureux, suffisamment
fertiles, et de charger peu dans le jeune âge. C’est le seul moyen
d’obtenir des plantations solides et un vin de meilleure qualité.
DESCRIPTION.
Bourgeonnement d ’u n vert ja u n â tre e t légèrement duveteux.
Sarments érigés e t se so u ten an t d ’eux-mêmes lorsque la souche a tte in t
u n ce rtain âge; en tre-noeu d s de movenne longueur; vrilles courtes et divisées
en deux lacets.
Feuilles moyennes, u n peu plus longues que larges, d ’un v e rt tendre,
glabres et lisses à leu r page supérieure, presque glabres à leu r page inférie
u re ; sinus supérieurs et inférieurs o rd in a irem en t peu m a rq u é s; sin u s pc-
tiolairç ouvert;_dents petite s, peu larges e t courtes, obtuses ou ra rem en t un
peu aiguës; pétiole de moyenne longueur e t de moyenne force, u n peu
lavé de rose e t presque glabre.
Grappe moyenne, le plus souvent cylindrique et quelquefois ailée, u n peu
compacte; pédoncule court e t ligneux.
Grains moyens, u n p eu ellipsoïdes; pédicelles assez courts e t do moyenne
lorce.
Peau fine, assez résistan te, p assan t au beau noir p ru in é à la m a tu rité qui
arrive en tre la prem ière e t la deuxième époque.
Fliair molle, ju teu se, sucrée et sans saveur particulière.