n L ’Enfeté vient fort tien à Gondar ; mais
il eft p’us abondant dans la partie du Maitsha
& de Gontto, qui et! à l'occident du Nil II
v en a de grandes plantations, & c ell prefqne
5a feule chofe dont le nourrifient les Gallas qui
habitent cette province. Le Maitsha a.fort peu de
pente, & les eaux des pluies y demeurant prefqne
toutes 11 ignames empêchent qu’on ne pume
y femer du bled. Auffi la terre n’y tournirotent
guères aux habitans de quoi le nourrir , s ils
n’avoiem pas 1 Enieié. n - • ■
„ Quelques perfonnes qui ont vu le deffin
de cette plante, & qui favent qu’il y a-beaucoup
de Bananes en Orient,. ont cru quel Lnfeté
étoit une efpèce de Bananier : cependant
il Ce trompent. La. feuille du Bananier reflem-
ble il ell vrai „ à celle de l’Enfeté, Le Bananier
porte dès figues, formant une grappe confidé-
rable qui part du tronc , & eft tenu né par une
e.vcroiffance conique tout-à-lait différente de
celle de l’Enfeté. D ailleurs les figues du Bananier
ont à peu-près la figure du.. Concombre ,
& on les. mange : ces ligues, quoiqu’un peu fe[i-
Beu[es, ont un.goût- fucré & agréable. On. dit
que la’ Banane ne porte point de femence; cependant
il eft- bien, certain qu’il y a quatre
graines noires dans chaque figue ; mai, les figues
de l’Enfeté ne fe mangent point : elles loin d une
fnbftanee molle, aqueufe, fans.goût & de la tou-
leur d'un abricot un peu mûr : elles font d une
forme conique , recourbée par le. bas, d’environ
un pouce &: demi de. longueur-, & ayant a-peu-
près un pouce de diamètre, dans !endroit ou elles
font plus épaiffes.Ces figues contiennent un noyau
d’un demi pouce, de long, de la. forme d une
fève & d’un.Brun foncé, dans lequel eft.une
pqtite graine qui au lieu dè prendre la cotififlance
du fruit, n’.eft pfefque jamais qu’üne pellicule: »-
,, La longue tige qui porte.la figue del'En-
ietè , fort, du milieu de la plante , ou plutôt
n’eft que la partieffolide ou-le trône même,.Les
figues partent de ce trône immédiatement St fans,
pédicule, mais toujours au^deffus.de- quelques,
feuilles détachées, &. enfuite. le haut.du tronc
eft ojrni de plufienrs petites,feuilles, du milieu
deiquelles fort la fleur , qui a là forme, d’.un
artichand. Dans le Bananier ,_au contraire,..cette
fleur ou artichaud, croit à l’extrémité de la grappe
des figues.;» :
y> Les feuille? de l’Enfetd font-1 formées dé
fibres longitudinales, & fort rapprochées ; elles
partent dè la, tige immédiatement; &, fans pédicule.;
faibrme eft - donc celle d’une vraie plante,
au lieu que le Bananier reftemble à un; arbre,
Sl a fouvept- été pris - pour tel. La moitié forme
le tronc*,-le haut.eft.compofé. de feuilles, & au
lievvde.. la tige qui s’élève au. milieu deJ’Enfeté,
O.»; voit dans- le. Bananier un gros paquet- de
f i l l e s qui. le, développent à mefure que.celles.
d*en bas fe deffèchent & tombent. Mais toutes
les feuilles du Bananier font attachées à une.
queue affez longue , & n’embraflent point le.
tronc comme celles de l’Enfeté. »
3> Il ,y a encore de plus grandes différences
ent-e ces deux plantes. Quelquescperfonnes ont
pris le Bananier pour un arbre de l’efpèce des
Palmiers, par la feule rai (on que Ion fr-uit eft
porté par une excroiflance qui fort du milieu-
de la tige; Mais le Bananier.n’eft point un bois ,
& ne- dure pas plus d’une année y il ne porte
du fruit qu’une feule fo is , & en cela il diffère,
non-feulemen t des Paithiers, mais de toute autre
èfpèce d’arbte. L ’Enfeté au contraire n a point
de tronc dur *, il n’eft pas non plus un bois,.
& on en mange la tige, qui a plufienrs pieds de
hauteur-, au lieu que dans le Bananier, il n y a
de bon à manger que le fruit. Cependant dès,
que la tige de l’En fêté fe couvre de feuilles,
le pi« d'de la'plante devient dur & fibreux , &
il n^ft plus polfible de s’en nourrir , tandis qua-
vatît d’arriver à ce point c’eft un des meilleurs
végétaux y Rt quand on lè fait"bouillir , il a. le
goût du pain de froment, tendre excellent, &
auquel il ne manque qu’un peu.de cuiffon. n
n La planche qu oh voit ici ( Voyage de Bruce
planche 8. ) repréfente un Enlèré planté depuis-
dix ans. Il étoit extrêmement beau .& nàvoit
aucune marque de dégradation. Quand au piftil,
aux. étamines & à l’ovaire de la fleuri, on les a
deftinés avec tant de foins, le. crayon les a rendus
avec tant, d’exactitude, qu’il eft"inutile, de
les décrire. J’ai fait.une figure d é jà plante en-,
tièrement revêtue-de fes feuilles , & une antre,
.dépouillée, afin qu’on puifte encore mieux fe
convaincre de la différence qu’il y a em relie &
le Bananier, n
n• Quand on veut manger l’Enfeté on le coupe
immédiatement au, pied , c’eft-à-dire, tout près-
de fes petites- racines- détachées, & fi la .plante.,
eft un peu âgée on la prend un pied ' ou deux
plus hau t; on raclé toute l’écorce Verte qui
couvre la chair, blanche, puis on le fait cuire
comme nous faifons no? navets, & quand on
les mange avec du lait ou avec dû beurre, .il
n’y a rien d’aufti excellent., d’auffi nouriftant ,
d’au (fi fain, &,d’a.uflî facile a digérer, n
Le refte de l’article concerne une dlgreffion fur
le rôle que l’Enfèté jpuedansles Hrero.gliphès Egy:
ptiennes, où Bruce préfume que cette planté,
indique l'intervalle d’une mo-ffon à urie. autre,
que c’eft celle, avec laquelle. Horus Apollo dit
que les Egyptiens fe nourrifloient a\ ant qn ils-,
connufïçnf l’ufage du bled , &. que ce ne peut
pas être.le Papyrus comme on lavoir, préfumé.
La figure que Bruce à fait graver a vraiment,
lé.port.d’un Bananier. Les feuilles font Jefliles,\.
ou du moins élles embraftênt la tige par - une;
partie large, qui eft la continuation de la feuille;-.
E N T
Au premier apperçu l’Enfeté diffère du Bananier
par fes tiges couvertes de feuilles, tandis que
celles du Bananier n’en ont qu’à leur fommet.
Il eft.■ préfumable que fi l’Enleté n’eft pas du
genre des Bananiers, il en eft très-voifin &-de
la même famillemais nous n’avons aucuns ren-
feignemens autres que ceux qù’en a donne Bruce.
C' n i b i e n l’hiftoire naturelle eft encore impars
faite , pu:f;uc nous ignorons des plantes qw
fervent dè eremiei aliment à des peuples entiers!
( L, R e y n i e r .')
E NS i FO R MES. Feuilles dont la forme, ap proche
de cd e d’un épé-:,, telles que celles de
Jris. Voye{ F i'u i l l e . ( L R e y n i e r )
ENTE. On donne c nom, dans plufieurs dé-
pa' temeus, aux Greffa-, m .i' ce dernier mot à
générà'ement prévalu. Voye\ G r e f f e . C L.
R i Y. ET 1E R. )
ENTER. Sy nomme de greffer, mais moins
ufité. ( L. Re yn ie r -)
ENTERRER*, il y à des pays ou Enterrer
lignifie recouvrir 1. s grains (emés à la charrue.
Ce mot eft cl’ufiige dans les-environs de Dreux.
( T e s s i e r . )
ENTIÈRES. On donné ce nom aux feuilles
dont les bo'ds n’ont aucune cr nelurc ni ondoiement.
Voyei F e u i l l e . ( L . R e y n i e r )
EN TOT R. Couteau à greffer ou greffoir. V.
ce mot. ( L. R e y n i e r . )
'ENTONNOIR, ( f l e u r s . e n ) On d o n n e q u e l q
u e f o i s ce n o m aux f le u r s monopttahs , en
f o rm e d e godet évafé ; co orraarion plus c o n n u e
f o u s - l e n o m d’ iafundibulforme* Voye[ F l e u r .
t L R e y n i e r . ) '
ENTORSE maladie du cheval & du boeuf.
C ’eft une diliemion du Ligament de ^articulation
du boulet, avec un gonflement à la partie.
L ’animal qui à une entorfe , heure plus ou moins
fortement, ielon que le gonflement eft plus ou
moins considérable. Quelque fois, mais r u eaient,
u n cheval boîte .très TenfibU.menr, quoique le
gonflement (oit léger en apparence.
Les caufes dé l’entorfe font un faux pas, &
les effort* que fait un animal, pour retirèrTon
pied engagé dans une orniere ou entre deux
corps.
Quand on ^’apperçoir qu’un animal a une
Entorfe, il faut le conduire fur je-champ dans
une rivière ou une marre*, lorfàu’ .-n en eft loin ,
on doit lui mettre le pied danÿ un fçéau d’ eau
froide, ou au -inoirs l’éruver a1 éc dé l’eau ftai-
che*, peu après on le friéhonne a-ec une d-Ablution
de favon dans l’eau-de-vie :ou avec de
l ’eau-de-vie camphrée.
Le plus fouvent ces (impies remèdes préviens
nent les fuites d r l’Entorfe, On peut faigner
Fanimal, fi le gonflement eft confidérable, ou au
E N T ity
plat de la cuiffe, ou à la veiné céphalique, félon
que l’entorfe eft aux jambes de. derrière, ou à
celles de devant. ( T e s s i e r . )
ENTORTILLÉ. On donne ce nom aux t’ges
qui s'appuyt.nt pour s’élever, contre des plantes
plus fortes, autour defquelles elles s’enlacent en
décri van r des fpiralcs. Le haricot , le iiferon &
le chèvrefeuille nous en offrent dés exemples*
( L . R e y n i e r . )
ENTRe E ..( bois d ) On donne ce nom aux
arbres qui .commencent à fe coutx>nner, c’eft-
à- lire , dont les branches Lèchent vers les f-inimités.
Ce premier dépériffem, nt d’un arbre en
néceffite. la coupe -, car paft'é cette' époque, il
ne fait que dépérir. Voye{ le Diélionnaire des
arbres & arb(viles ( L. R e y n i e r . )
ENTRE-HIVER. Labour fai r pendant l’hiver*
Voye\ Entre-Hiv e r n e r -. ( T e s s i e r . )
ENTRE-HIVERNER. Donner un labour
aux champs pendant l’hiver, c’eft-à-dire, entré
les gelées qui font comme autant d’hivers, quand
lies (ont interrompues. Ces labours qu’on nomme
Entres-Hiverts ,Je donnent plutôt au commencement
qu’à la fin dejl’hiver. ( T e s s i e r . )
ENTRETENIR. On dit entretenir un bois s
Iorfqu’on a foin de le repeupler; fur-tout en
veill.-Rt à ce qu’il n’y naiii'e que de bon nés ef-
fences. Voye[ Ie Diéïionnaire des arbres & ar-
bûftes. ( L R e y n i e r . )
ENTROIJ VERTURE. c’eft la difjonélion l
portée au plus haut degré,- du bras du cheval
d’avec fon ci>rps. L’Entrouverture eft un écart
plus confidérable. Voyei ce mot Ecart.
J’ajouterai feulement quelque chofe fur les
fymprômes de la maladie &. (unies moyens d’y
remédier.
Dans FEmrouvermre ou l’écart le mufcîe
.commun à l 'épaule & au bras eft gonflé; le cheval
en marchant fauche ou décrit un demi cercle
& porte toujours la jambe malade en avant dans
le repos. '
"Aufti-tôt qu’on reconnoit qu’un cheval eft
Entrouvert il faut le mener à l’eau, de manière
que ta partie affcérée v plonge ; on l ’y i ai (fera
une demi heure; à la f.»rtié du bain, on le fai-
gneia à la veine jugulaire & non à la cephali-*
que; enfuite, on appliquera furie mal.dés ropi-
qoes^réfolmifs, aromatiques & (piritueux, tels
que les décoCTions de fange, d’ablinthe, de
lavande , i’ean-de-vié camphrée.
Si la douleur & l ’erethifme font tels que Ranima!
a:r de la fié're, on emploie les lavemens
émolliens, les IV-mentarions émoilienn s fur le mal
& un régime humectant & rafraichiffaur.
Dans le cas où les réfolutifs re fuftirbient pas 3
on auroit recours aux maturatifs & on âpplique-
roit un feton, à la partie fupérielire interne de
Ai a ij