
s’ il eft enveloppé de fa peau noire , & d'un boif-
feau feulement s’il eftmondé. »
« S’il eft poffible d’épandre auffitôt après, la
quantité d’environ cinq chariots de fumier par
arpent, afin d’empêcher le fable de s’émouvoir
au v en t, & de découvrir les racines du grain
dans des parties, & de l’étouffer dans d’autres,
le Cultivateur fera certain d’avoir un pré plutôt
formé, qui deviendra de la meilleure qualité, &
fera très-productif, »
« Si l’année eft pluvieufe , la dépouille de la
bizaiüe fera très-abondante, mais une partie du
trefle fera étouffée ; la décomposition de fes fanes
& de Tes racines aura augmenté la maffe de l’humus.
Il aura conféquemment fait une partie du
bien qu’on doit en efpérer. »
« Auffiiôraprès la récolte, qu’il faudra faire de
manière qu’on iaifi'e fur le champ environ fix
poucts au moins de tiges, il fera néceffaire d’en
épandre d’aurres dans les places qui en feront
dégarnies; il ne faudra les recouvrir ni avec des
herfes, ni en traînant des fagots d’épines. Il fer oit
dommageable d’entamer la croûte de l’humus,
cette graine lèvera bien fans être couverte - celle
qui eft enveloppée de fon écorce eft préférable,
parce que l’écorce préfervera du hâte, fes lobes,
lorfque la radicule commencera à poindre. »
« Lès pluies d’Octobre, les neiges & les gelées
achèveront la décompofirion des engrais <k de
toutes les parties folubles de ces fables. Elles les
amalgameront de manière que la furface du
pré fera parfaitement encroûtée. Si le Cultivateur
eft jaloux d’élever au plus haut degré
les qualités productives qu’il veut lui donner ,
il y épandra, au mois de Février, les balayeures
de fon grenier à foin & le pied de fes meules.
Il l’avivera par ce moyen , autant qu’il eft
poffible. »
«U eft vraicependant, que laquamité de cette
herbe fera gênée par la poufle abondante & active
du trefle, mais elle fera fon pied & elle
produira l’année fuivante , lorfque le trefle qui
n’y fera plus femé ? n’y fera que le produit des
femences qui feront tombées par la coupe & la
fénaifon> n
« Le trefle jaune ayant des femences mûres dès
les premiers jours de Mai, il ne fera pas néceffaire
d’attendre pour le couper qu’il commence
à fécher, dans la vue de laifl’er des femences pour
les années fuivantës.
« Il fera prudent de ne pas mettre des beftiaux
fur cette prairie auffitôt après la tonte : elle feroit
trop nue, leurs pieds pourroient endommager
l ’humus & l’ouvrir. Au bout d’un mois elle fera
tapiffée d’une herbe courte & épaiffe qui la garantira
de cet accident. »
« Il paroîtfuperflu de recommander au Cultivateur
de veiller à l’entretien du glacis de fable
vers la Rler , d’y remplacer les pieds d’Hoyas_
qui périroienr, & de n’y fouffrir jamais de
beftiaux; la confervation de fa prairie dépend
de ce foin, n
« Si les taupes viennent la fouiller, il fera inîé-
reffant de bien fouler les motres., & d’épandre le
furplus. On peut fe débaraffer de ces animaux
nuifibles, en employant les moyens dont on fe
fert en Angleterre & dans la Normandie. Ils
ne font pas encore connus dans la plupart des
provinces ; mais la fociété d’Agriculture, qui ne
laine échapper aucune occafton de répandre les
pratiques utiles, nous en inftruira. »
« Une piairie ainfi arrangée donne au moins autant
de produit net, qu’un champ d’une qualité
ordinaire ; on pourra dans la fuite la charger de
beftiaux pour les engraiffer, on lèra étonné des
bénéfices qui en résulteront. Aucune herbe n’en*
graiffe plus vite que celle des fables ainfi cultivés;
elle eft très-fine, toujours tendre & conféquemment
très-digeftive ; Les animaux n’y prennent
aucun dégoût. Plus on différera de labourer ces.
parties, plus on gagnera, parce que la croûte de
l’humus acquérera chaque année plus d’épaiffeur
par la décompofirion périodique des plantes qui
la couvrent, & d’une partie de leurs racines ; on
pourra en convertir des parties en ja? dins potagers.
Tous les légumes s’y plairont, les arbres fruitiers
y profpérçront , Iprfqu’ils y auront de
l’abri, È ~
« Si le Cultivateurpréfèreun bois à une prairie,
il lui fera facile d’en faire la plantation ; plufieurs
efpeces y réufiironr à fouhait ; entr’autres , la
faulx rouge & là grife , nommée faulx boutante,
qui a des feuilles plus larges que les autres
; le peuplier & l’aulne, même le blanc
bois. ( i
« Il y aura du choix entre les différentes manières
de planter, toutes ne conviennent pas à ce
terrein. »
« 11 ne faudra point le fouir, on per droit en
uninftant, le fruit de deux années de dépenfes,
& de trayail, '& le terrein redeviendroit dans le
même état qu’avant fon amélioration. »
« Les faulx fe planteront de branches, c’efl-
à-dire, on prendra une branche de quatre à cinq
pieds de longueur, garnie de beaucoup de brins ;
on fera dans la terre une ouverture longitudinale
, dans laquelle on coùchera la branche
horizontalement, en laiffant paffer toutes les
menues branches de la hauteur d’environ un
pied ; le trou fera comblé & bien foulé, il fera
même prudent de placer à la furface , la croûte
de gazon qu’on aura levée avec précaution, &
on en affermira les pièces avec le pied. »
( i ) On fe fouviendra de ce que le redafteur de cet
article a d it, dans le précédent au fujet des plantation*
d’arbres dans lès Dnnes; cette entreprife étant fubordonnée
à plufieurs circonflgaces ne peut pas être généralement
adoptés, ((?. ) ^
« Les peupliers, fur-tout les indigènes, fe
planteront de la même manière, n
«4.0 Les aulnes feront plantés en racines, dans
des trous faits de la largeur de la bêche, & bien
rçbouchés, pour empêcher la féchereffe dep'éné-
trer dans l'intérieur. r>
« Ces plantations formeront un bon taillis, qui
le coupera tous les quatre ans ; le produit en fera
très-avantageux. »
« On peut planter de mêmedansle fable crud ;
mais très-fou vent beaucoup de pieds, découverts
par le vent,languiflent & le deffèchent, d’autres
périflent par la chaleur que les fables acquièrent
dans le folftice; elle eft quelquefois li grande qu’on
ne peqt y tenir la main; elle pénètre l’intérieur
de plus de huit pouces. »,
« I l eft de l’intérêt public d’exciter, par des
encouragemens,les Cultivateurs à faire des défri“
chemens dans ces fables, »
« En effet, la feule paroiflede Cucqa dans fon
territoire plus de fix à fept mille arpens de fables
cruds & moûvans, qui ne produifent ab fol muent
rien, llsétoient ci-devant tenus en garennes, appartenantes
à l ’abbaÿe-de Saint-Jolie; l’abfoé^ide
Cartelnau, qui en étoit Titulaire depuis 1788 ,
projettoit d’employer ure partie dès revenus de
fon abbaye à mettre en valeur , tout ce q u i,
dans ces terreins; en eft fufceptible, ainfi que
d’autres fitués à l'embouchure de la rivière de
Cancbe contiguë, à ces déferts, & de faire des
plantations très-étendues1; 11 auroit recouvré fes
avances par le produit des baux qu’il auroit paffé
4 de ces terreins. L’auteur du mémoire étoit
chargé de ces entreprifes de bienfaifance ; mais
les circonftances de la révolution ont retardé l’exécution
de ces projets. »
« L’Affembiée Nationale ; occupée de tout ce
qui peut concourir au bonheur des Français,
pourrait charger des commiffaires de donner en
accenfement, au plus offrant, par parcelles de
fix arpens au plus, toutes les parries de fables
qui ne font pas expofées à l’invafion des grandes
Dunes, ainfi que celles qui fe découvriront,
lorfque les fables feront fixés par lès moyens
qui font indiqués dans ce mémoire, & exempter
d’impofitiofts, pendant tin certain nombre d’années,
les feules parties qui fercknt mifes en valeur.
Bientôt on verroit changer em prairies
riantes, des déferts affreux; une infinité de beftiaux
s’.y éleveroit, & la race des matelots, auffi
précieufe à l’Etat qu’elle eft pauvre, fe rele-
veroitdel’anéantiftement danslequelle elle tçaîne
des jours remplis d’amertume & de mifère. Nos
côtes qui fe dégarniffent de plus en p lu s , fe
repeupleroient, & nous apprendrions à nos voi-
fins, jaloux de la profpérité vers laquel laconf-
titution pqûs amène, qu’aucune partie n'échappe
à la furveillance paternelle des Régénateurs de la
France. »
Agriculture. Tome IV*
Defcription d'une machine dont fe fervent la Hollandais
pour enlever les fables de leurs champs p
que la mer ou les vents y ont apporté.
Cette machine repréfente une efpèce de pèle
en grand, formée par raffembiage de plufieurs
planches 5 elle eft pourvue de trois cô.és d’uti
rebord, & par derrière, d’une queue comme celle
d’une charrue. Cette pèle à ordinairement une
longueur de trois ou quatre pieds, fur à-peu-près
amant de largeur, elle doit être un peu plus
large du côté où elle préfente le tranchant de
la' pèle , que par derrière où eft attachée la
queue. On la fait traîner par un cheval ; l’homme
qui conduit le cheval marche par derrière ,
en appuyant fur la queue de la pèle. Par ce
moyen, un feul ouvrier peut en peu de teins
enlever une tris-grande quantité de fable, 3c
rendre ainfi à l’Agriculture des terreins fouyenl
précieux. (G n v r s z . )
Addition a larticle Dunes.
On donne ce nom aux immenfes amas de
fables qui bordent l’Océan dans beaucoup de
parages. Ces fables mouvans , élevés en collines
féparées par des vallons, offrent le eoup-
■ d’oeil de la plus grande ftérilité : quelques plantes
dont les racines pivotantes réfiftent aux dépla-
cemens du fable , produits par chaque orage,
interrompent la nudité de ce tableau. Les Dunes,
de nos Côtes jufqu’au T e x e l, & qui reprennent
enfuite vers Groningue, ne font couvertes
que de quelques plantes éparfes ; le
catalogue de leurs productions fe borne à peu
d’efpèces qui tiennent à ce. genre de climat*
L'Eperviere des Dunes, la" Bugranne rampante ,
le Rofer des Dunes, le Panicaut maritime, quelques
Saules, un Laitrcn, le Rofeau des Sables
&c. Entre ces collines exigent des vallons où
les eaux des pluies fe ramaffent ; on y voit une
végétation tour-à-faifdiffércnte ; & un fait bien
notoire , c’eft qu’il y croît diverfes plantes qu’on
ne retrouve que fur les Alpes , & montagnes élevées,
dans les prairies du Groenland & fur les
côtes de la Mer glaciale. Cette circonftance que
j’ai déjà fait remarquer ailleurs eft un de ces
phénomènes que les naturaliftes auront.peine à
concevoir, & fur lefquels je les invite à fixer
lëur attention. Voyci C l im a t .
Ce font ces vallons qu’on a effayé de mettre
en ^culture, mais les' défrichemens qu’on a e f -
fayé de faire, ne font pas nombreux. Je vais
donner quelques détails fur ceux qui font à ma
connoiffance.
A Schevelingen , fur les côtes de la Hol-*»
lande, un habitant de. ce village a rendu fer-**
tilç un de ces vallons , en y tranfportant, avec