
aufli-tôt qu’elle a mangé-, & s’il fe trouve quel* |
ques pierres un peu au-defius de l ’eau elles font
bientôt couvertes de fes excrémens, remplis
d’arêtes & de vertebres de poiffons. On emploie
pour la détruire, les traquenards, frottés avec
la graille de héron, & garnis de petits poiffons
qui fervent d’appas. Si elle trouve dans l’Etang
une nouriture abondante, elle dédaignera l’amorce
; il vaut mieux s’embnfçuer près des pierrês,
cacher fa retraite avec des brouffailles., l’attendre
à l’affût & la tuer à coup de fufil.
Le Caflor eft auffv dangereux que la loutre ,
mais il n’eft pas fi commun ; on en trouve dans
le Rhône, dans le Gardon, .dans l’Isère, dans
l’Oife & dampiuuclirssuîrss rivières de fe France.
Comme cet animal 3 connu fous le nom de bièv
re, fe vend très-bien,, les braconniers & les
payfans en détruifent peu à-peu Tefpèce.
Je placé au rang des ennemis des poiffons,
les mafles de joncs, de plantes aquatiques, les
racines des gros arbres plantés fur les bords des
Etangs, parce quils* fervent de cachette aux
oifeaux, aux loutres, &c. Il eft donc très-important
de lés détruire, lorfque 1-Etang eft à fec.
Lés braconniers pécheurs, car la pêche ades
fiens comme la chafle, font à redouter ; te feùl
moyen dé prévenir leurs grandes déprédations,
eft de planter des piquets de diftance èn diftànce,
de les enfoncer folidement, & de les armer entre
deux eaux de crochets de fe r , afin de retenir leurs
filets & les rompre, les brifer lorfquils veulent
les retirer. Les pêcheurs à la ligne feroiént moins
à craindre, s’ils fe contentoient d’une feule ligne,
mais ils en jettent en grand nombre garnies de
plufieurs hameçons ; elles font retenues près des
bords, ou par dès racines qui baignent dans 1 eau,
ou par des pierres également fubmergées, auxquelles
la ficelle eft attachée-, c’eft au propné-
tkire vigilant à parcourir fouvent les bords de
fes Etangs, à faire traîner tout autour des e s pèces
dë grapins afin de rencontrer les lignes
cachées, mais fur-tout de vifiter fes. Etangs de
grand matin pour fut prendre les pêcheurs.
JD es Etangs relativement a. VAgriculture.
Depuis long-tems, on a reconnu en France
a néceffité de fupprimer une partie des Etangs -,
hais il paroît qu’on a toujours trop généra nié ce
Vftême ; nous verrons ci-après, quil y a des
Intons qui ne fauroiem le paffer ; de leur.,
& oui fe trouveroient forcés daban-
iraner’ toute efpèce d’Agriculture auff.-tôr
lu’ils en feroient privés. Sans doute, t l y
i des Départemens entiers , ou le nombre des
^tangs actuellement exiftàns , neft point en
Proportion avec le refle des terres labourables;
îàns ceux-ci, il eft certainement de la dernière
mpoTîSnce d’en diminuer le nombre x à moins
que lès localités, qu’il ne faudroient jamais perdre
de vue , ne s’y oppofent impërieufement; il.n’y
a donc que l’abus., ou Texçeflîve mulripliciftion
des Etangs à laquelle il eft urgent de porter
un remède efficace. La multiplication des Etangs,
remonte félon l’Abbé Rozier, dont nous avons
emprunté la plus grande partie de cet article,
au tems ou le commerce des grains gémiffoic
fous les -entraves les plus criantes & les plus-tyranniques
; . on peut dire qu’on mouroit de faim
à côté d’un monceau de bled, parce que le
commerce en étpit défendu non-feulement hors
de la France, mais encore d’une province dans
une autre. On a vu à cette époque dans des
pays Vignobles, payer huit à dix livres la mefure
de grains qui ne valoir que cent fols ou fîx francs
dans la province voifine. Il falloit donc, malgré
qu’on en eût-, faire rapporter à fes terres un
genre de récolte qui ne fût pas écrafé, ou pref-
que rendu nul par le régime prohibitif; alors
on fongea aux Etangs. L ’habitude d’en avoir plus
que le produit réel les a fait perpétuer > & on
n’a pas étéjufqu’à examiner, fi ces Etangs aujourd’hui
convertis en prairies,, ou en terres labourables,
ne rendroient pas autant & même
davantage. Je mets en fa it , qu’il n’exifte aucun
Etang proprement dit, qui ne feroit fufeepr
tible d’être mis en culture réglée, & de produire
beaucoup, à moins que le fond ne foit purement
fablonneux, & dès-lors c’eft un champ au-
deflbus de la qualité médiocre. On peut évaluer
en France, à quarante mille arpens, l’étendue
de terrein converti en Etangs, (a) Tckït cë qui
eft bonne terre; ou forte ou limoneufe, Targuie
pure exceptée jufqu’à un certain point, donnera
d’excellens grains ; le féjour de Peau & des poiffons
y a répandu le germe de la fertilité': de
dix ans, & peut-être jamais, on ne fera forcé
de l’enrichir par des engrais. On ne peut voir
fans chagrin, prefque la moitié de la Breffe,
de la plus belle plaine de Foréz, &c. couverte
d’Etangs : paffe que des communautés religieufes
vouées au maigre, en confervent uniquement
pour l’ufage de leur maifon, & encore jè ne fais
pas, fi le bien public ne devroit pas l’emporter
fur le bien particulier^ fur-tout lorfque celui-
ci nuit vifiWement à la fanté des habitans. (6)
Il eft donc démontré, que la multiplicité des*
Etangs enlève à l’agriculture le terrdn le plus
précieux , diminue les récoltes de première né-
ceflité, prive les beftiaux d’un pâturage fertile,
enfin diminue la population, toujours en proportion
de l’étendue des bons terreins cultivés. *I
(а ) On verra par le tableau que nous donnerons à la
fin de cet article, qu’il y en a un plus grand nombre.
(б ) Cet article eft compofé long-tems avant la révo-
I ltition, depuis ce tem s , les chofes.ont changé de facei
Il efl inutile d’entrer dans des plus grands détails
puifque l'on voit des provinces abondantes
en Etangs moins peuplées que celles qui n en on t
nas quand même le terrein de ces dernières feroit
inférieur en qualité. La force réelle d un Etat,
confifle dans une nombreufe population 1 a -
ertculturè eft lame de cette population, 1 agriculture
eft la partie la plus famé , & les villes,
pour lefquelles on conferye uniquement tes
Etangs, en font le fléau qui abâtardit le fp ece ,
ou le goufre qui la dévore.
Des Etangs relativement aux proprietaires.
La fertilité des Etangs mis à fec & cultivés
en règle, n’eft plus aauellement conteflée. Souvent
on a été obligé de ferner la première année
de l’orge, éfriter la terre, & que fi à la
place on avoit femé du froment, il aurpit verfé.
Après une ôu deux récoltes; on peut de nouveau
convertir un champ pareil en Etang, &
le laiffer dans cet état pendant trois ou quatre
années. Mais fi au lieu de l ’Etang , on le tut
contenté d’enfemencer ce fol annuellement en
froment, ou Amplement en chanvre, de quel
côté feroit le bénéfice le plus clair. La décifion
tient à un fimple calcul bien aifé a faire, oc
dont nous parlerons inçeflamment après avoir répondu
aux obfervations les plus fpécieules.
Les Etangs font des bas fonds, par conféquent
souteux, humides, &c. Dès-lors le grain eft
noyé par l’eau., ou s’il végété la roui le s empare
de la plante. C’eft toujours la fautc.du propriétaire
fi le grain fouffre, puifque 1 empalement
facilitait la fonie de l’eau jufquà la dernière
soute ; cette facilité eft encore augmentée par
le grand foffé qui prend depuis la queue de
l’Etang julqu’à la tête, c’eft-à-chre, jufquà fe
bonde, & par tous les foffés latéraux, ^agitation
de l’eau entraîne toujours la terre vers, ces
foifés par une pente infenfible, de manière qu eux
feuls forment des cavités, des goutières, &c. &
le refte du terrein eft fur une pente douce. 11
eft donc impoffible que l’eau féjourne, que le
grain ÏToit noyé, la plante rouillée, &c. Suppo-'
lbns encore que ces foflés aient été comblé» :
quel eft le propriétaire même des.terres sèches,
qui après les avoir femés, ne fait pas donner
^"quelques coups dé charrue , afin d établir des
faqgfues ou goutières deftinées .à 1 écoulement
des eaux pluviales ? Ces deux propriétaires de
nature dé fol dïfféfenr, font dans le même cas,
aïnfi que toûsTes propriéiaires en’ général. Le
travail de ceux qui billonnent eft bien plus con-
La culture des terres nëceffire à des grandes
dépènfes; il faut multiplier le nombre des do-
mefliques, les animaux de labourage, des tnlfru-
■ tnens aratoires, &e. Je conviens de cçs faits,
& je fuppofe même qu’a-près avoir calculé, le
produit des grains, comparé à celui de l’Etang,
foit inférièur ; mais il faut mettre en ligne de
compte , & compter pour beaucoup la paille
qui fervira à nourrir & à faire la litière d’un
plus grand nombre de beftiaux, & par conféquent
à l’augmentation des engrais, dont les
champs élevés ont toujours befoin : il faut compter
encore la multiplication des trou peaux, qui
.trouveront une nourriture abondante & faine
dans un lieu dont l’accès leur étoit autrefois
interdit, qu moins pendant le tems du frai, tandis
qu’auparavant, des vaches, des boeufs ian-
guiflans & décharnés n’avoient fur le bord de
l’Etang,' que de l'herbe maigre & de mauvaife
qualité; leur état de dépériffement l’annonçoit
affez. L ’augmentation des beftiaux, des troupeaux,
& la perfeélion de l’efpèce , devraient feules
engager à fupprimer les Etangs, ainfi que la
multiplication des engrais. Que peut-on attendre
d’un travail fait par des boeufs étiques &
exténues, & d’un-champ fans engrais? S'il fe
p?éfente quelques exceptions, relatives aux ani •
maux de labourage, elles ne détruifent pas la
généralité & la véracité des faits, pour un particulier
jaloux de bien nourrir fon bétail, il y
en a mille qui fe contentent de l’envoyer paître
fur les bords de l’Etang. On ne doit donc plus
être étonné de la fréquence des épizooties, &
de cette multitude de maladies qui attaquent &
enlèvent le bétail.
II. y a plus, il eft très-rare que les récoltes
fuient affurées dans les champs limitrophes des
Etangs ; fur dix années à peine en peut-on compter
une bonne ; l’eau réduite en vapeur, portée
■ par le vent, rouille les plantes : ou lorfqu’elles
en font imbibées, s'il furvient un coup de fo-
leil chaud, elles font brûlées. Le bled eft-il en
fleur, fe fleur coule plus facilement que partout
ailleurs. & au lieu dç grain, on récolte
fouvent de la paille. La carié ou charbon, ou
le noir, attaque les bleds en certaines années;
c’eft précifément loriqu’ils fe trouvent dans des
circonftances égales a celles- où font prefque
toujours les bleds dont il eft queftion; en.effet,
on les voit très-rarement exempts de carie &
même ceux qui en font plus éloignés s'en ref-
fentent. Revenons au tableau de comparaifon des
produits.
L ’achat de l’alevin de flx à fept pouces de
longueur coûte à-peu-près quarante-huit livres
le millier; âinfi le prix de l'empoiffonneinent
d’un Etang de cent arpens eft de quatre mille
huit cent livres, & il eft rate , près des grandes
villes où les débouchés font affurés,.que l’alevin
foit à un prix aufli bas. L’intérêt- de cette mife
première pendant trois ans, eft de fept cents
vingt livres; le capital réuni à l'intérêt, forme
fe femme de cinq mille cinq cents vingt livres,
Q S ij