
dans ce vuide; on rëmet du nouveau béton, le
faffement recommence & ainfi de fuite , jufqu’à ce
qu’on s’ap perçoive. clairement que la cavité ne
reçoit plus de. béton. Si la chaux eft bonne, &
qu’elle foit broyée avec les cailloux & le fable.,
fans le noyer d’eau, elle criflallifera dans moins
de vingt-quatre heures, & l’eau ne' fe perdra
plus à l'avenir. Si le larron éft dans la chauffée
même, cette.opération peut également être enir
ployée. On jugera qu’il efl rempli lorfque Ton
vera de l’autre côté de cette chauffée, que l’eau
ne coule plus quelques jours après.; fi. avant
l ’opéraiioR, on bouchoit Tiffue de ce côté le;
travail feroit manqué. C’eft au ^courant - lui
même à entraîner la chaux, lè .fable, le gravier
& à les acciimuler dans l ’efpace vide;.
Si on ne fuit pas cette méthode très-économique
& que j’ai vu réufiirefous nies y eu x , ■ il faudra
renverfer la Chauffée, &. la cohftruire -à neuf,
en tout ou en-partie, fans attendre que' l’Etang
foit au terme fixé, pour 1a pêche. Tous les-
palliatifs n’empêcheront pas la perte du poiffon.
Des gelées. Si l’Eiang a là profondeur que
nous avons propofé, il eft impoflible que la glace
aille j’ufqu’au fond, car nous voyons rarement
les froids-former une . glace de plus d’un-pied,
à moins' que les glaces1 qui s’élèvent des eaux
plus profondes ne viennent fe joindre à la glace
fupérieure & former1 avec elle line maïfe folidef
mais tant qu’il y aura un fond foffifant. l’afcenfion
de ces glaces inférieures ne ’fera pas à redouter.
Les gelées les plus à craindre pourJes Etangs
font celles qui fuccèdent fubitement à des jours
de dégels, fur-tout quant.ces derniers n’ont pas
duré affez ■ long-tems pour fondre toute la glace.
La fonte des neiges, ou une plus grande abôn-
dance d’eau quelconque couvrant cette, glace,
le poiffon -vient à . la file dans, cette nouvelle,
eau afin de chercher l’eau dont la température;
eft fupérieure à celte du deffous de la glace ;
mais h dans cette circonftânce il furvient une
fécondé gelée, un pe.u forte3 il fe.trouvé entre, deux glaces, privé d’air,’percé du froid ,, & .i f
périt. Le foui moyen de remédier à cet inconvénient
eft d’ouvrir l’empalement, de laiffer. couler une cèrtaîne quantité d’eau, de manière,
que la glace inférieure ne touche plus à quelques
pouces' la ' fürfaée; de l’eau- alors entraîné
par fqn propre poids, par celui dé l’eau
& de là glace fupérieure, elle fe fend, fè divifé;
& fe brife, & le poiflon trouve les moyens
de regagner fa première demeuré. -
Lorfque l’Erang a peu de profondeur, on fait
très-bien de romprelesglaces; opération pénible,
& qui doit être répétée fou vent; quelques pieux .
enfoncés dans divers, endroits. de. j’Ètang entretiendront
le courant d’air., tant què les gelées
ne feront pas très-fortes; comme ils offrent une:
réüftanc.e. à la vague, de. l’eau, elle eft contre..
eux dans une agitation qui l’empêche de fe glace1,
mais fi la gelée eft forte l’expédient eft nul ;
on peut cependant donner une plus grande
extenfion à leur u t i l i t é 'e n implantant affez
foiblement ces pieux dans le fol, & leur laiflànt
la facilité du mouvement que l’on accélère par
le focours dés cordes qui y font attachées &
tiré s par des homme plaças for les bords op -
pofés.
D ’autres perfonnes, après avoir brifé la glacç
en différens endroits, ..garniffent4 .es. ouvertures
avec des bottes de paille; ces moyens font in-
fuffifans contre les grandes .gelées’;. le meilleur
eft toujours là profondeur de l’Etang.
j Nous rapportons ici un extrait du Mémoire
dè M. Varenne-de—Fenil!e , fur la mortalité des
poiffons, dans les Etangs,de la Breffe, pendant
l’hiver ;de 1788 & 89. ,
Les Etangs de la Breffe 'ont été gelés en entier
depuis la fin de Novembre 1788, jufqu’en
Janvier ; Tépaiffeur dé la glace éfoit communément
de feize à dix-fept pouces. La première
glace , qui n’avoît qu’ une épaiffeur de fix à fepr
pouces , fut bientôt fiiivie de neige , puis de
verglas , d’une fécondé couche de neige, à laquelle
fuccédoit un faux dégel, enfin une gelée:
très^forte, au point que le thermomètre de Reau-
mur, montrait depuis quinze à dix-fept degrés;
au-deffous du point de congélation.
_ Quoique le dégel ait commencé très-douce-
menr lé 13 Janvier, la fonte dès glaces fut
accélérée par un vent violent accompagné de.
pluie. L a ‘glace ayant difparue, les bords de tous
les Etangs fe trou voient couverts d’une fi grande
quantité de poiftons de toutes efpèces, que i’in-
feélion de l’air fut à craindre; le baillage de
Bourg rendit en conféqùence une ordonnance
pour faire enterrer lespoiftons morts7', & dont
une grande partie avoit déjà été dévorée par différens
animaux carnâffîërs-, ainfi que par les
corbeaux qui. fe raffembloient alors en foule furies
bords .des Etangs. En plufieurs endroits les
communes avoiemt conduit Leurs cochons fur
les bords des Etangs , qui y trouvoient une
nourriture abondante pendant plus de huit joursy>
qui ne paraît pas avoir produit un effet dange—-
reux fur ces. animaux*,
On à d’abord attribué là mortalité du-poiffon
uniquement à l’intenfité du froid &-à fa longue
durée. Il eft vrai, que quelques poiftons égarés,
engourdis, forprisn& privés de la ejareté du
jour fous une voûtë.épaiffe de glace & dé neige,.,
ont pu fe trouver encroûtés dans la glace ; mais ’
ce.n’a jamais été 4e plus; grand nombre*, & l’on
verra par la fuite,, que. la rigueur du froid n’a
contribué à la mortalité , qu’en laiffant à une
caufe plus immédiate la faculté de déployer toute •
fon énergie. D’antres perfonnes, qui ne fe font?
apperçue de la mortalité des poiffons qn’à, l’époque
du dégel, ont Cru, que le changement
lubit de ■ température avoit pü 1 cccaftomier.
Notre Auteur croit cependant que plufieurs autres
caufes ont pu concourir à cette dévaftatton ; fans
prononcer affirmativement fur la véritable.caufe,
il donne d’abord la defcnption du fol fur let-
(juels font limés les différens Etangs de fon canton
, il y ajoute différentes circonfiances, que fes
expériences lui ont fait connoitre,. & qu» pa-
rôiffent jetter tin grand jour fur un accident
aufli neuf crue défaflreux pour le propriétaire.
Voici le s ' pi o près paroles de M. Varenne.
En Breffe, les Etangs font fitués, ou fur un
terrein d’argile blanche -,
Ou fur une couche de terre limoneufe, fous
laquelle fe rencontre un banc, foit d’argile , foit
de marne argilleufe, fans quoi 1 eau fe perdroit
par infiltation ;
Ou fur un terrein fangeux, bourbeux & anciennement
marécageux. . . _
On concevera aifément qu entre ces trots clatles
principales ,-il doit fe trouver beaucoup .de lous-
divifions qui y participent plus ou moins.
Il croît très-peu d’herbe dans les Etangs fitués
fur l’argile -, on les appelle Etangs b ancs. ■
Le labourage la détruit en partie fur les Etangs
de la fécondé claffe, lorfque ceux-ci font mis
en culture à la troifième année; je ne doute
même pas que l’herbe ne fe détruisit prefquen-
fièrement, fi on laiflbir les Etangs en ailée pendant
deux années de fuite.
- Les joncs, les rôféaux , & une efpece - de
gramen , connue dans la province fous le nom
de Brouille ( Feflueu fluitum Lin.),- couvrent
quelquefois en entier les Etangs de la troifième
claffe , à moins que l’extrême profondeur de
l’eau ’n’empêche ce végétal de croître près
de la chauffée.. : M B
Voici maintenant les obfervations dont g |
rapport eft unanime de la part des perfonnes
que' j’ai-inrerrogées: fur la, mortalité dont il eft
quertion, & fur les cirçonfiances qui i ont ac-
compagnée.
i ° On ne s’eft point appèrçu que propor-
tïonnellement il y ait eu plus ou moins de perte
■ dans les grands Etangs que dans Ceux dune
médiocre étendue.
2.° Plufieurs Etangs-, n ayant que trois ou
quatre pieds de profondeur, ont été entièrement
préfervés, tandis que la perte a été totale dans
les Etangs de huit à dix pieds de profondeur près
de la bondé, & réciproquement. Ainfi, le plus
ou moins de profondeur n a été qu une cir-
conftance indifférente'.- ‘ -
2> La perte a porté fur les gros poiftons
comme for les petits indiftinôlemènt.
, o TT« <jpr«Aral. il oaroît aue la . carpe elt
perches, & for-tout les tt.nches, ont mieux
réfifté. Cependant la perte a été générale, dans
‘quelques Etangs de la Charrreufe de Mont merle,
fuivant te rapport du Prieur, ainfi que dans
quelques: Etangs de , la Dombe , fuivant celui
dè M. Chqrler. .
5.0 La précaution de faire des trous dans la
glace, pour donner de Pair au poiffon, a été
inutile. . Kg ‘
6. ’ Les Etangs fitués fur un fol dur &ferme,
qu’on nomme Etangs blancs, n ont pàs.fouffert,
ou fort peu. . . , '
7. ° Le poiffon a prefqu’entièrement péri dans
lés Etangs vafeux, chargés de brouilles’ sèches &
8. " Les Etangs nouvellement réparés-ou conf-
trtiits, & ceux dont le bief & la pêcherie ëtoient
bien nétoyés, ont incomparablement moins louir
fert que .les autres. ■
On nomme pêcherie une enceinte pliez profonde,
placée en avant de la chauffée , ou le
poiffon fe retire dans le temps de la pêche, a
méiure que Peau de l’Etang s écoule par la
bonde. Le bief, principal, ou le foffé dirigé depuis,
la queue de l’Etang jnfqu’à la bonde, y aboutir.
La pêcherie doit être proportionnée à l’étendue
de l’Etang. On verra ci-après , que dans quelques
Etangs où il n’y avoit plus d’eau que dans
la pêcherie, le poiffon s’ell parfaitement corn-
Tervé. (a\ . ,
ç).° L’opinion générale eft que la mortalité &
précédé le dégel. (&): 1 ..
M. Varenne ajoute à, ce qu il vient de dira
plufieurs faits particuliers, qui contribueront
-fans doute à éclairer les perfonnes qui fe trouveront
chargées de l’infpeétion des Etangs pendant
les fortes gelées. .. .
Le Comté de M-ontrevel, avoit fait conltruire
nouvellement dans fon parc dé Châles, une fort
belle pièce d-’eau,. alimentée par différens petits
ruiffeaux très-limpides. Cette pièce d’eau em-
poiffonnée n’avoir guêpe que cinq pieds de profondeur.
Le propriétaire, avoit grand foin de Taire arracher
routes les hefbès &-Les rofeaux qui y pouf-..
foit. Pendant la gelée de 1788 & 89, les ruifteaux.
qui alimentoiênt cette pièce d’eau avoient entiè--
[a) Plufieurs. propriétaires . d’Etangs , auxquels .notre-
Auteur s’étok adteffé. pour des lenfciguemens relut fs
à fon obier, ont été unanimement de lavis , que
Etangs, curés avec foins, & puige’s de toutes les boues
qui s’accumulent l'ouvent, n’ont ptefque rien, fouffeits
delà5 mortalité en quefliun. II en eft-de meme de ceux,
qui avoient peu ou pojïït d’herbe. •=. - - , , . ^
Tous recommendent h propreté des Etangs , des pêcheries
profondes 6t des biefs larges, . . y *
(b) Les renfeignemens que. l'on a communiques a>
M Vàrenné s’accordent l’àrdeffrs ; les perfonnes qur onK
en* occafion de s’inftruire.par leu r propre- expenence ,