« Lorfque les plantations feront exécutées & bien €
confolidées, il fera facile de faire écrouler ces
monticules • il fuffira de les émouvoir & de les
entamer avec des hcrfes pendant le printems &
l ’été. Les habitans à qui on donnera la permif-
lion d’en arracher les Hoyas pour le chauffer,
les auront bientôt enlevés , & les vents porteront
, la même année, les fables aux montagnes
fixées. »
u L ’aélion de Pair fur les fables efl telle, qu’en
un feul jour de grand vent, le quantité de plus
de 40,000 pieds cubes peut être enlevée d ’un
feul arpent de fable, & portée à un quart de
lieue. 11 e'î impoliibleà [’homme le plus robufle
de traverkr ces nuages de fable dans ccs inflans,
il y périroït enfablé en quelques minutes. Souvent
toute la furlace des plaines efl chargée t n quelques
heures. Lorfque le vent s’engouffre entre
d-ux montieuhs voifines , il y ouvre en peu
d’heures une ravine d’une profondeur effrayante -,
quelques jours après une autre aire de vent la
comble, »
Depenfes des plantations d'Hoyas , & précautions
h prendre pour en écarter les abus dans la
depenfe.
et La majeure partie des Ouvriers & des Voituriers
qui feront employés à ces plantations, devant
profiter des avantages qui en réfulteronr,
il parok certain que le plus grand nombre con-
fentira à ne pas exiger les mêmes prix des journées
& des voitures qui leur fer oient dus, s’ils
travailloiect à des ouvrages etrangers à leur
territoire. Cette tirconflance, dont le Commif-
faire qui fera nommé par le Département pourra
s’affurer , diminuera confidérablement la dé-
penfe. 1
a Chaque arpent devant être planté de 19,600
pieds d’Hoyas, qu’ :l faudra aupa'avant faire arracher
à trois quarts de lieue, & plus, du lieu
de la plantation , dans certains endroits , &
les y voiturer, devToit ourler une dépenfe de
18 livres au moins ; cependant il fera poffible
de le réduire d’un tiers , fur-roui fi les Propriétaires
d;s- chevaux de traits confcment de
ne demander que la moitié du prix ordinaire
des voitures. Les planteurs & k s arracheurs pourront
gagner environ 10 & 9 fols par jour au lieu
de 15 fols.»
« Il efl facile de faire fur ce prix, l’apperçu de
la dépenfe du total de la plantation à faire dans
l ’étendue de chacune des quatre Municipalités
voifînesde la mer. »
c Les cinq Pourrières du territoire de Cucq exigervt
environ cent quarante arpens de plantation
très-urgente ,• c i.................................................140
Les trois les plus urgentes du territoire
de Merlimonr, préfementau moins cent vingt
arpens de glacis, c i........................................ H®
Le territoire de Berk , ( : ) préfentement
couvert de fables dan: l s lix huitièmes de
fa vafie étendue, a environ cent arpens à
planter pour empêcher la perte du refiant de
fa commune & de quelques prairks, ci. . 10®
Enfin les quatre principales Fourrières qui
menacent d’une prochaine invafion le territoire
de Groffliers, dont elles occupent déjà
une partie, ont au moins cent cinquante arpens
de glacis qu’il efl inflant de planter le
plutôt poffible, ci. . . .............................15®
Total du nombre des arpens à couvrir de
plantes .............................................................. 510
« Cette quantité nécefli ferai: ne dépenfe de f il
mille cent vingt livres, à raiion de douze livres
l ’arpent. »
« Le tems le plus avantageux à choifir , efl
depuis le premier fé\rier, jufqu’à la mi-avril,
alors les fables font imprégnés de l’humidité des
pluies de l’hiver. La chaleur qu’il reçoivent du
fôleil hâte la tégétarion , & les pieds s’enracinent
très-promptement ? s’ils font bien arrangés. »
« Il efl poffible que le retard de cette dépenfe
caufe dans une feule année , une perte d’immeubles
de cette valeur & plus ; & que cette perte
continuant à fe propager pendant une certaine
fuite d’années , l’Etat perde un revenu annuel
de la même foir.me , par le comblement des
territoires entiers des différens Villages qui font
placés dans la direction des fables. «
' « Il fera très-iméreffant que ces plantations
foieht fur veillées ; il paroît indifpenfable que le
Département nomme un Commiffaire auquel il
conférera l’autorité néceffaire ; i.° pour la dif—
tribution des travaux entre les Paroiffes ;
1.9 Pour fe concerter avec chaque Municipalité
pour la police des ateliers, & l’ordre à ob—
ferver dans le travail' 6t dans le paiement d-s
ouvriers & des voituriers. »
a Le receveur général du Diâriél pourra payer
chaque femake, à un officier de chaque Municipalité,
le montant du travail de fix jours, figné par
les Piqueurs, approuvé par le Maire , & vérifié
par le commiffaire. »
(1 ) Le bourg de ce nom , compofé de plus de deux
cents feux, eft tellement au milieu des fables, qui
en couvrent le fo l, qu’on ne fauroit y trouver un feui
pied cube de te rre , qu’à une grande profondeur»
Moyens de conserveries plantations.
« Deux abus intolérables dans les villages voi-
fins des fables mouvans, ont hâté la pi rte d’ une
infinité de manoirs, & d’autres propriétés. »
« i.° Les habirans.font dans l’ ufage d’envover
leurs bel'liaux paître dans' les plaines fableufes.
Ces animaux y caufent plufîeürs dommages ; ils
mangent le Hoya, en arrêtent la pouffe, ils
émouvent fans cefl’e le fable à chaque pas qu’ils
font, enfin ils brilent de même les croûtes qui
commencent à couvrir les parties fixées, & qu’ils
rendent de nouveau, par ce moyen , le- jouet
des vents. »
« Ces fables ainfi émus continuellement, font
emportés avec d’autant plus d’abondance, du
fond des plaines, vers les propriétés qu'ils en-
fablent plutôt, que les touffes des Hoyas qui devraient
les arrêter, font rafées par les beftiaux,
& meurent dès qu’elles font entièrement comblées.
»
« 2 9 Une partie des mèmès habitans s’évite la
dépenfe d’acheter du bois ou de la tourbe pour
fe chauffer , en allant dans les mêmes plaines,
couper à la faucille des Hoyas, ainfi que lesfaules-
nains, ( Salix armaria3 ) & les épines qui croiffent
dans les parties qui commencent à fe découvrir.
Les réglemens défendent ces larcins publics ;
cependant iis fe commettent journellement. »
« Si le département ne déploie toute fon autorité
pour arrêter le cours de ces délits, en infligeant
dès peines très-graves aux coupables, ks
dépenfe s & les foins des plantations deviendront
inutiles. Le moyen d’y remédier efl aufli fimple
que facile. »
' « En effet il fera néceffaire, 1 .* de défendre à
toute perfonne généralement quelconque , de
mener, ni laiffer ou envoyer paître "leurs beffiaux ,
dans les plaines qui font chargées de fables, ni I
dans les endroits où fe Trouveront des Hoyas;
comme aulïi de couper â la faucille on autrement ,
des Hoyas verds bu fecs, des épines ou des Taules
des fables. «
« 2.0 D’infliger la même'peine à tous ceux ,
dans les domiciles ou tes proprérés de'quels des
Hoyas verds où fecs feront fa.fis, même contre
ceux auprès des domiciles defqnels des amas
d’Hoyas feront trouvés fur les flégards ou feu x
publics ( i ). »
« 5.0 De défendre aux inafelers de nouer, ou
garnir leurs pieux ou piquets de perche, avec
des Hoyas, ailleurs qu’au pied de la mer, à peine
(1 ) Fréquemment les délinquans font fur les bords des
clienains , voifinsde leuis habitations, des amas d’Hoyas
pour chautfer leurs fours; d’autres les dépofent furies
propriétés voifines. Il fera facile de rendre vaine toutes
ces iules & cent autres, par me très-grande fmveillançe.
dé trois livres d’amende par chaque contra-,
vention ( 1 ). >r>
u 4.° Défendre pareillementà'tous'leshabitans
des villages voifins descôtt-s, d’arracher & d’avoir
chez eux an eu nés ra in e s , foi-t d’Hoyas, foit
d’autres plantes des fables, pour faire clés écra—
pertes, des balais & d’autres meubles quelconques
• fous même peine de trois livres , n
<j.° En cas de récidive, d’infliger la peine du
double, & enfuite du triple pour la troilièire
fois; en cas de récidive ultérieure ou de refus
de paiement, celle de la prifon, comme pour
le fait de chaflè; & même en cas de continuation
de ce délit, le banniffement hors de la
Municipalité, »
et 6 Dé rendre les pères~S> les mères, maîtres
.& maîtrefles , & tout po fieffe urs de maifons
civilement garans & refponl’ables, fur le fait
de ces délits, de leurs enfans, domeftiques &
fervants, de tout âge , même ceux & celles
qui demeurent chez eux comme penfionnaires. »
; cc Tontes lefquelles amendes feront prononcées
par la Municipalité du lieu du délit, fur le
procès- verbal qui le conflatera, duement affirmé
& dépofé aux Greffe , ou reçu par le
Greffier, » -. . ; ; >
I u Four l’exécution de l’ o donnance qui contiendra
ces défenfes, chaque cjinmunauré nommera,
par la voie du ferutin , dans la même forme qui
à lieu pourTéleètion des officiers municipaux,
un garde-mèfiicr, qui prêtera -ferment de-, anr la
Municipalité, de bien remplir avec impartialité
les devoirs de fa charge. Deux cents livres de
gages lui feront aflîgnés; ces gages, qui fe lèveront
fur i’univêrialité des biens de la paroiiTe ,
au marc la livre, tant de 1 impofition foncière que
delà contribution mobihaire. fe paieront par
quartier*, il aura en outre le, quart de chaque
amende. » ' : * ' '
u II fera auffi néceffaire d’autorifer les gardes-
meffiers des Gommunauiés voifines, même de
celles qui n’ont pas de fables fur leurs propriétés,
< & tous greffiers de Juge de Paix , huifliers &
gendarmes nationaux , à cîreffer des procès— j verbaux contre ceux qu’ils recontrerc nt chargés
j d’Hoyas, ou en coupant, ou en ayant clans leurs
prairies, pâtures, cours, jardins ou haies , onN
qui en fouffrirom des amas for les flegæ ds voifins
de-leurs domiciles • à la charge d: dépeuer leurs
progè¥-verbaux au greffe de la Municipalité du
lieu du délit, & de les y affirmer : defquels procès
verbaux récépiffé leur fera donné par le
greffier, & ces gardes-meffiers externes , greffiers,
huifliers & gendarmes nationaux, auront 1
(1) Un piquet garnis d’un lien de paille de feigle ou
d’hoya, bien noué, & retenu pat deux coches, ou une
cheville, & planté dans le fable mouillé» p a r le bout
garni, eii inébranlable.