
7i par la rivière de Chalaronnç, que cette rivière
ne s’alimente que par les eaux d’une grande
* quantité d’Etangs fupérieurs auxquels elfe fert
y> de vidange, & qui, s’écoulant graduellement,
y> entretiennent conftamment dans. fon lit un.
affez grand volume d’eau. Supprimez abfolu-
y> ment nos Etangs, nos moulins céderont d’exifter
y> avec eux. La rivière de Chalaronne pourra
r> former de tems à autre Un torrent impétueux
» & dévaftateur. Mais lorfque les pluies d’hiver
» ne lui fourniront plus daliment, les habitans
33 de ces contrées feront obligés d aller moudre
» leurs grains à cinq & iix lieues de leur foyer.
3î En hiver, nos chemins font impraticables, En
é té , les travaux de nos champs exigent tous
j» nos foins. Dans tous les tems, nos journaliers,
35. qui n’ont point de bétail pour faire des charrois,
3> le verroient expofés à manquer de fubfiftancesi.»
« En vain, continuent-ils, chetcheroit-on à
» remplacer nos moulins à eau par des"* moulins
35 à vent qui exiftent dans ;d’autres pays.. . . . .
» Nous ne répondont que par un fait, que les
35 moulins à vent n’ont jamais pu réuffir dans nos
35 campagnes. De vieilles ruines attellent encore
v l’inutilité des tentatives de nos pères,Un exemple
9 récent a prouvé de nos, jours que le talent &
s» l’emploi des moyens les plus coûteux n’avoient
59 pu les faire réuffir,., >3 ,
On ne doit pas s’étonner de ces tentatives
infruéhieiifesdans un pays entouré de montagnes
au nord & à l’eft, & qui eft en général plat &
fiîlonné par des vallons de peu d’étendue.
C ’eft encore une vérité démontrée par la nature
du fo l, que les puits, en généraldans les
campagnes ne, font alimentés que par l’infiltration
des eaux retenues dans les Etangs. L’expérience
des rems pailés a fait connoître qu’ils fe def-
féchoient en même tems que les Etangs. Il n’y relie
qu’une eau bourbeufe & mal-failante qui donne
ou continue les maladies. Ces effets ont été fen-
fibles, cette „année même,, dans le canton de
Villars. 11» font de nature à mériter la plus grande
confidé ration.
Le diftriét de Trévoux auffi a cru devoir prendre
un art été pour la confervation de 142 Etangs.
Il ne l’a pris qu’après un rapport de commif-
faires & des réclamations de toutes les communes.
IL a jugé pet arrêté provifoire abfolument utile
à fon pays. Il en a référé au comité d’agriculture
& à l’agent de la commiflion, lors dç fon
féjour. et Toutesccs communes, djt-il, contien-
3} nent environ vingt-huit lieues de fuperfide ,
>3 n’ayant pas un feul filet d’eau vive, jj D u relie
ils ont inllruit & prefcrit aux communes l’enfe-
mencement de ceux qui ont été defféchés.
Les cultivateurs ne regrettent pas lçs Etangs,
feulement pour les irrigations & abreuvages de
beiliaux, mais encore pour le. pâturage. Il croît
fur les eaux une efpèçe de gramen, connu dans
lç pays fous le nom de brouille : ç’eft la fétuque
flottante , fefluca fluitans de Linné. Tous les
beiliaux la paiffent avec plaifir, & vont la chercher
dans l’eau. Les chevaux en font avides lorf-
qu’elle eft en graine. Il y croît encore plufieurs
autres herbes, que les beiliaux appètent beaucoup.
C’ell un fait vrai, que les beiliaux, dans la
Breue, paiffent, pendant toute la belle faifon,
dans les Etangs. Si on les en prive tout-à-coup,
par un 'defféchement général ; fi le cultivateur
n’a pas le tems fuffifant pour préparer par fon
induftrie ce pacage, que les Etangs lui fouinif-
foient, il en réfultera une exceftive réduélion,
dont les fuites auroient une funeftè influence fur
l’agriculture de ce pays.
Le droit d'évolage, ou de mettre en culture
le fol d’un Etang, q ui, en eau, appartient à un
autre citoyen, excite & caufe les réclamations
les plus importantes : ee droit, que la loi du
14 Frimaire n’a pas prévu, mérite d’être exa-
minéy & fournis enfuite à la Convention. Il n’in-
téreffe pas feulement fous le rapport de l’agriculture,
mais encore fous celui de la légiflation,
puifque, dans cette contrée, ce droit eft devenu
commun & coutumier.
Depuis un tems immémorial, l'expérience a
fait connoître que le féjour des eaux flagrantes,
l’affluence de celles des côteaux .ou terreins plus
élevés, qui charioient des terres & des débris
de végétaux, amélioroient & renouvelloient le
fol des Etangs. Le laboureur, tous les trois ans,
fur le p us grand nombre, fenioit de l’avoine,
& dans les meilleurs fonds, des bleds. A l’aide
d’un feul labour, fans autre main-d’oeuvre, fans
engrais, fans crainte.de gelées, il faifoit d'abondantes
récoltes, qui lui fourniffoient dix fois plus
de grains & de paille que d’autres terres fur une
égale étendue donnée. Les Etangs, après cette
culture, n’en étoient que plus poiflbnncux. L ’intérêt
de tous fe trouvoit dans le droit d’évolage.
On ne peut nier, en effet, que cette méthode,
fondée d’ailleurs fur une expérience généralement
reçue, n’ait toute la réalité des avantages
qu’on y attache. Il feroit poflible peut-être,^de
les compenfer par une culture mieux entendue
& appropriée au fol : mais ce q uil importe de
bien obferver en ce moment, ç’eft que depuis
deSjftècles, l’agriçulture & l’induftrie font dirigées
d’après cette pratique. - Il y auroit de grands
inconvéniens à changer cet état de chofes, avant
que l’habitant des campagnes fût plus éclairé,
pour faire le facrifice de fes ufages ou de fes
avantages. Il importe beaucoup d’en bien calculer
la réaélion fur l’agriculture, les propriétés
privées , & les réfultats pourra chofe publique.
Le droit indivis d’Etangsen eau & en culture,
a été tranfmis comme propriété foncière, dans
les-contrats de mariage & de partage, & dans
toutes les tranfaélions.
La République même a vendu, comme propriété
nationale, ces droits, dans l'année où la
loi a été rendue ; les adjudicataires demandent
à jouir, ou la réfîliation des adjudications. L ’agriculture,
la légiflation, le maintien des intérêts
dans les familles ,• l’héfitation fur tous ces points
dans une vafte-contrée, exigent abfolument une
décifion pofitive.
Tous les avantages attribués aux Etangs doivent
difparoirre contre l’infalubrité de l’air qu’on ,
leur attribue : c’eft un des motifs les plus importais
qui ont déterminé la loi du 14 Frimaire. ;
Les états de population n’annonce^nt que trop
que cette contrée eft peu habitée. On y parcourt
de vaftes plaines fans rencontrer des hameaux
ou des chaumières. Les habitans en général,
les chefs-lieux de communes, occupent des lires
élevés: les parties inférieures des bàm ns, à l’embouchure
des rivières, font plus peuplées; les
maifons y font plus communes que dans l’in—
tériéur. ; _ ...» ,
; Quoique la population foit beaucoup moindre
dans la baffe-Breffe que dans la haute, & dans
les parties 'du ci-devant Bugey, la tradition des.
pays & des dénombremens faits, attellent que,
depuis quarante ans fur-tout, la population a
augmenté d’un dixième. La commune de Pérou
fe affirme que, depuis 1744j le nombre des
beftiaux a triplé dans toutes les fermes, que
l’éducation des chevaux , fur-tout , a fait des ’
progrès fenfibles depuis environ cinquante ans.
Les regifires de fépulture, d’un autre côté, comparés"
à ceux des naiffanees, femblent démentir
ces faits. Cette dernière différence eft attribuée
à l’affluence des étrangers dans les tems de moif-
fons, qui, fortant d’un climat fain & opppfé en
température, prenant auffi moins de précautions,
par l’idée de Leur bonne conftitution, font: attaqués
par les maladies locales, avec plus de force
que les domiciliés.
La commiflion n’a pas fur ces. faits de$r données
affez préciles pour juger de -la réalité des
uns & des autres. Il paroît. au- moins rèfulter de
ces alertions çontraires , que la population n’y a
pas, été plus çonfidérable.
Les eau fes de l’infalubrité, & par une fuité
néceffàire, celles de la population, tiennent aufîi
à plufieurs caüfes particulières, à la nature d’un
fol ingrat & -ftériie ; fur lequel il eft fi difficile
de cultiver les légumes farineux & des plantes
pivotantes, parce qu’on ne peut donner du
fond à la, terre qu’avec beaucoup de frais &.,de
travaux , fur lequel on ne cultive ni vigne, ni
arbres à fruits qui fourniffent des boiffons acidulées.
Elles tiennent encore à la préférence bien
évidente que les citoyens' ont donnée au féjour
d’une grande ville, qui offroit des reffources,
des jouiflances & des moyens de richeffes, & ,
par-deffus tout, un air pur & falubre; à la ty-i
rannic du régime féodal & facerdotal, enfin, à
Uncurie cririiinelle de l’ancien gouvernement,
qui ne fongeoit à ce malhçureux,'pays que pour
l ’opprimer par des exactions fifcalés.
Il importe de faire connoître un fait qui peut
diriger par la fuite , pour rendre ce pays plus
fertile & plus falubre. En 1512 , les Breffans
creusèrent un canal profond pour faire écouler
les eaux du marais des Echets, dans la
.Saône. Le plus grand fuceès couronna cet ouvrage
mémorable-, le lac devint, fuivant l’ex-
preifion d’auteurs contemporains, et une grande
?3 prairie & de belle étendue. On y bâtit une
j? maifon avec fqffés , & plufieurs parties de fon
33 emplacement furent albergéçs à plufieurs par-
33 ticuliers. 33 .
Les guerres civiles, entreprifes par les pafiîons
ou l’rfiTéfêt des papes & des rois, empêchèrent
d’entretenir ce précieux canal. Les terres s’affaif-
sèrenî, les canaux s’encombrèrent; & aujoud’hui
encore, a la place de cette prairie fertile, gît
un vafte marais contagieux.
Son exiftence a trop de rapport avec les Etangs,
toutes les influences qu’on leur attribue,-
pour n’en pas donner la description fommaire. Il
tft le plus cruel ennemi de cette malheureufe
contrée. Déjà la commiflion s’eft occupée des
moyens de l’anéantir.
Ce marais ou lac des Echets eft fitué à l’extrémité
méridionale des diftriét de Montluel & de
Trévoux, à une demi-lieue de la Saône, à trois
quarts du Rhône, & à deux lieues de Lyon. Il
: couvre une fut face de plus de trois mille arpens.
Avant les travaux de 1512 , il étoit très-profond
*, il n’étoit, pas plus nuifible que celui de
Nantua. Mais, depuis cette époque , les eaux ont
occupé une plus grande furface, & par-là même
font devenues marécageufes. Quelques lifières
de cet immenfe marais font ençore en prairies,
mais le fourrage eft de la plus mauvaife qualité.
Les habitans de dix communes au moins ,,
fituées autour de ce cloaque , traînent une vie
languiffante, font accablés d’infirmités, très-fujets
aux obftru&ions & à l’hydropifie, & dévorés par
la fièvre, les trois, quarts de l’année. Leur exiftence
fe termine ordinairement à une époque
.où ceux qui habitent les bords de la Saône font
encore dans la force de l’âge. Les vieillards y
ont au plus 50, ans.
Il exifle encore dans la baffe-Breffe fur-tout;
une immenlité de prairies marecageufes, qui ne
. fe defsèchent pas, même dans les plus fortes
chaleurs, & deffus lefquelles s’élèvent perpé-
tuèHement des brouillards. C ’eft fur-tout b elles
qu’on doit attribuer les principales caufes del’in-
lalübrité. Elles font telles , parce que le lit des
rivières n’eft pas proportionné à l ’affluence éventuelle
des eaux qui, en s’épanchant, forment des
petites mares, & ne favorifent ainfi que la végétation
des plantes aquatiques : ce qui arrive plufieurs
fois dans l’année, foit après les pluies, foit
pendant les pêches des Etangs. Elles font telles ,