
été faire que d’après des relevés certains, (*) ou
des connoiffances locales. Son Tableau de tous
les pays à deffécher, m’a paru mériter d’être
placé dans cet ariicle; je l’ai extrait d’un rapport
fait par M. Hallé à la Société de Médecine
, Boncerf ayant fournis fon projet à cette
Compagnie, à caufe dés objets de falwbrité. II.
commence parles pays Méridionaux.
On y voit d’abord les vaftes marais & étangs
qui couvrent les environs d’Aix , les parties
d’Arles, d’Aigues-Mortes & de Penais, & qui
remontant le long du Rhône jufqu’à Saint-
Paul-trois-Châteaux , Villeneuve- les-Avignons,
Baucaire, & fuivant les côtes de la Mer, s’étendent
jufqu’à plulïeurs lieues au-delà d’A gde, à
i ’Oueft, & forment une étendue de plus de
2co,oc.o arpens. -
Ceux qui font au nord &.-au midi de Narbonne,
julqu’au Rouflïllon , le long de la côte
occidentale du golphe de L yon, couvrent encore
plus de éo;ooo apehs &c.
Depuis. le golphe de Lyon jufqu à Dax en
G a fco gn 'e il n’y a point d’eaux Gagnantes, excepté
dans quelques localités, telles que 1’Jfle
Jourdain, Dans les environs de Dax & de
Pifle Saim-Sever, commencent les fages des
Landes de Bordeaux, qui préfentent un terrein
immenfe, facile à deffécher par des canaux.
Un marais infeél & un terrein plat, autrefois
inondé près de Bordeaux , ayant été defféchés.,
cette Ville eft devenue une des plus faines,
comme elle eft une des plus riches de France.
De l’embouchure de la Garonne à la Picardie,
la plûpàrt des côtes & beaucoup de pays de l’intérieur
font remplis d’eaux ftagnantes. Dans le
Bronge fur-tout où une partie des marais falans
a été abandonné, l’eau des pluies s’y confondant
avec l’eau de la Mer, il en réfuhe une
grande perte de terrein & des exhalaifons putrides
, dont l’influence maligne s’étend par les
vents du Sud-Oued jufqu’à Rochefort.
Dans le Poitou, beaucoup de Villes & de
Villages font environnés d’étangs & de marais,
caufés par le débordement des.rivières. La Sèvre
inonde plulïeurs mois de l’année les environs
de Luçon , de Maillazais, de Marans & jufqu’à
deux lieues au-delfous de Nyort, ce qui forme
un marécage de 65,085 arpens.
Cliffon , Montfaucon, Chollet & toutes les
marches^ communes de Bretagne & de Poitou
ont auffi leurs marais, qui fe continuent jufqu’à
Nantis, Bourg-Neuf, Pornic & le long du bord
méridional de la Loire.
( * •) En parcourant diverfes contrées de la France j’ai
vu une partie des marais, indiqués par M. Boncerf; mais
n'ayant alors aucun motif pour eu conflater l’étendue,
se m’eu fuis pas occupé, .
Au nord de la Loire, fe trouvent de vaflcfl
marais.
i.° Auprès de Nantes, près de 6000 arpens
formés, luivant M. Boncerf, par la retenue des
eaux des moulins de Nantes, fur la petite rivière
d’Erdre.
2.0 Prés d^Guérande & Pont-Château , plu-
lieurs endroits des côtes de Bretagne & particulièrement
les environs de Dinana Dol &
Lamballe, font cxpofés à des inondations, à
caufe des grandes mafées que cette partie de
la côte éprouve par l’effet de l’obflacle , que
préfente aux flots la côte occidentale du Cotentin.
Les eaux repoufféés par cette cô)e fe
reportent & s’accumulent dans les baies du Mont-
Saint - Michel, de Saint-Malo & de Saint-
Brieux , où doublant la marée direéle, elles
s’élèvent à 40 pieds de haut & portent au loin
l’inondation qui s’étend beaucoup au-delà de
Dinan.
La côte occidentale du Cotentin , du Mont
Saint-Michel, à Coutanccs, éprouve de violentes
marées , parce que la Mer eft poufléc .direéle-,
ment de l’E lt, à l’Oueft & fe trouve arrêtée paf
la côte. C’eft pourquoi la baie du Mont Saint-
Michel fe prolonge bien avant dans les terres.
Tout le long de la côte il y a . des marais &
des grèves.
Au-deffus de Coutances fe trouvent les marais
& les Landes de Leffay & de Créance^
La côte au nord de Cherbourg préfente la
baie d’Ifignyconnue fous le nom de grând &
petit Vey. La Mer y entre à une grande hauteur
& remonte dans les rivières, dont elle
occafionne les débordemens, fur-tont dans les
voifinage de Çarentan, qui elt entouré d’eau
flagnante pendant une partie de l’année.
•Les rivières de Caen, de Dives, de Pont-
Audemer, & d’Auge, parcourant un fol de même
nature , reçoivent les mêmes marées, éprouvent
les mêmes débordemens & produisent les mêmes
effets. Depuis le Havre jufqu’au-deffus de Dieppe,
toute la côte étant en dunes _& falaifes tr ès—
élevées, la Mer n’y jette point fes eaux. Mais
auprès de la ville d’Éu jufqu’àTa Somme , &
depuis la Somme jofqu’au-deffus d’Etaples, la
côte efl baffe & fujette au fejour des eaux dans
les terres.
Les bords de la Somme, de l’Aiuhie & de
la Canche font continuellement inondés par
l’effet de l’exhauffement.progreffif :§§! digues &
éclufes des moulins, & le défaut de curement
du lit des rivières.
On appelle Marquenterre le pays fitué entre
la Somme & rAuthie, vIl s’y trouve environ
30000 arpens de marais.
Il y a 12 ans on a fait un Canal de deffc-
chement dans la partie du Rimeu à l’Oueft de
Saint-Valéry. Ce defféchement a produit un
très grand bien; mais ce travail ne feroit pa*
le feul qn’exigeroit la, Picardie. Elle préfente
encorelesitnmenfes marais des bords de la Somme
depuis Sdilbrai, à deux lieues au-deffous de Per-
ronne , jufqu’à Saint-Qentin. 11 s y trouve environ
fo à . <5soSè arpens à deffécher.
A la fuite des cites que je viens- de parcou-
î rir, jutqu’à Monrreuil, viennent les dunes du
Boulbnnoîs, qui garantiffenr le pays des inon- .
I dations. Elles ïniffént au-deffus de Calais , &
ï alors recommencent 1 s marais dans lés contrées
! de Gravelines, Bergues, Saint-Omer,.punkerque.
En quittant les côtes de l’Océan , & fuivant
[ toujours' les frontières, on rentre dans la grande
i terre, où il n'y a plus que des marais de petite
I étendue,
La Loraine, prérente beaucoup d’étangs, qu’il
F feroit utile de deffécher. Les' parties de ce pays,
t où le cours de la Scilles efl très-ralenti, où le
! fol eft piaf, où les débordemens font oecafion-
I nés par la vuidange. des étangs, entr’aiures“ de
celui de l’Iadre , dont les eaux occupent depuis
î Dié'u'e jnfqu’à Metz,' trois mois avant la pêche
! & particulièrement les environs de Marfal, Dieue
| & Moy'envré, ces pays fi Couvent inondés, ne
| rapportent pas ce qu’ils rapporterôient, s’ ilsetoient
* defféchés: 1
Toute la partie de là Loraine Allemande &
des Evêchés qui fe trouve au-deffous de Sarre- '
' bourg jülqu’au-deffous de Patelage, eft auffi cou- •
I verre d’une multitude d’é arigs , dont les environs
| font marécageux.
Les étang;': & marais de la Loraine occupent
F à-peù près un efpace de 160 mille arpens.
La Franche-Comté, pays montuéux, & où
i- les pentes font rapides, n’a point d’eau flagnante.
i Dans le Dauphiné fe trouvent les marais de
I Bourgoin, au Levant de Lyon. Ces marais ,
I dus particulièrement aux moulins , & au défaut
I de lit des rivièf£s.& ruiffeaux , couvrent 21 mille
1 journaux ou arpens. Tout le tefte du Dauphiné ,
I pays montueùx, comme la Franche-Comté , n’a
f plus de maraisi*
Enfin pour terminer le contour de la France,
1' j’ajouterai que la côte de la Méditerranée juf-
I qu’à l’embduchure du Rhône , appellée auffi
| le golphe de Uyc,n , point, dont je fuis parti,
| n'a pas les inconvéniens d’une grande partie des
I rives de l’Océan. Il feroit néanmoins important
1 de coriienir les eaux du Rhône & de la Du-
s rance, qui fe répandent dans les terres.
Si nous rentrons dans l’ intérieur de la France,
nous y trouverons- plulïeurs cantons infeélés de L marais,'1"- •'
Da^s la Champagne, il y a ceux de Saint- ’
I Gon qui couvrent■■ environ 1 i,oco arpens.
| Depuis Sczanne .jufqu’ à la rivlèrè d’Aivbe,
L on rencontre beaucoup de mauvaife prairies1, -■
I qui font plates. L’Aube a peu de pente-, elle |
I déborde facilement.
Le defféchement des marais> qui étoient au- j
trefois prés de Riom en Auvergne,'* a enrichi
une famille, qui poffède encore ce terrein.
Dans le Bourbonnois, l’Ailier & l«a Loire
fe répandent & laîffenr dts. eaux croupiffanres,.
fur-tout depuis Dieule jufqu’à Digoin.
La ftérilité de ia Sologne & d’une partie-du
Berry , eft due aux étangs nombreux'&> aux
marais qui s’y trouvent.
Dans l’Artois , la Br elfe, la Dombes & quelques
autres endroits de la France, les retenue»
d’eau, pour, faire des étangs , imprègnent le
fol d’tin fond .d’humidité & de fraîcheur j qui lui
eft nuifiblé.
De ce tableau, il réfulre que la France, outre
les terreins cultivés^ en poffède un grand nombre
qui pourroienr l’être , fi on emreprenoir les
traveaux convenables. Mais ces travaux font - ils
faciles à pratiquer? font-ils ■ très-difpendieux ?..
les projets donnés pour les exécuter font - ils
bons ? voilà ce que je ne n’examinerai pas. C ’eft
au gouvernement à les prendre en conlidération
& à s’en faire rendre'compte par des hommes
capables. Le plan prôpofé par M. Boncerf, con-
ffiftet-à écarter les obftacles qui arrête le cours
dés eaux, à faciliter l'écoulement de celles qui
.font débordées, en fuivant ferupujeufement la
meilleure direélion-, à creufer dans cette direction,
des canaux, des contre-foffés • à répandre des
terres neuves, dont les Tels aélifs pénètrent dans
les plantes creufes & inutiles & les font mourir*
^à'oppofer des digues non-feülement aux bords
des rivières • mais mémo à l’Océan, en fe fermant
à l’entrée des rivières, dé portés battantes,
de ventelles & de clapets. La po/fibilité A le
plus ou moins de facilitépour exécuter ces travaux
doivent être jugées par les hommes de l’art &
faire partie du Diélionnaire qui traite des digues,
éclufes &c. M. Boncerf propofe de les ; commencer
avec une avance de 100,000 écus, promettant
que les mifes produiront du bénéfice
à la fin de cbaqué opération particulière, &
qu’elles le fuccéleront avec rapidiré , la ren-
frée devant fe faire par la vente du terrein,
ou par le rembourfement de la part des propriétaires.
M. Boncerf , pour donner de la confiance dans
fes aliénions, cite plufieurs deffécbemens qu’il
a pratiqués & qu’il eft facile de vérifier.
i.° En 1779, les marais de Chaumont, en
Vexin, de 3000 toifes de-long , fur des largeurs
inégales, contenant ico o arpens.
2.0 En 1780, ceux du Marquenterre, comf
mencés avec fuccès, interrompus & ruinés par
dès affaires litigieufes.
3 / En 1785 , ceux de Talmont, en Saintonge,
fur les bords de la Gironde & de l’Océan.
4.0 La^ même année, les étangs du grand
Bagnas d’Agde. 1
Je fais qu’en 179 1, M. Boncerf a fait en*