
plus délétère de tous pour les poiffons. J'aurois
défi ré être à portée de répéter cetté expérience
fous une cloche remplie d'eau de Spaa. -
ç„e Expérience. Le même jour à midi. Sous un
récipient rempli d’eau de rivière & d’air commun
à parties à-peu-près égales, nous avons enfermé deux
tanches & un brochet ; ce récipient portoit neuf
pouces de diamère & environ dix pouces de hauteur.
Le brochet vivoit encore le f i Mars, au
fo ir , mais p a r o i f f o i t languiffant; il eft mort
pendant la nuit. Lés deux tanches ont vécu, l’une »
neuf jours, l’autre dix. «Ces trois animaux ne
m’ont p a r - u commencer à fouffrir qu’un - jour1
avant l e u r m o r t . L’eau du récipient e f t . d e v e n u e
t e r n e dès le premier jour, & fort trouble par
la fuite. -
. Le 9 Mars, nous avons placé deux carpes,
& de la même manière, fous une cloche de
jardin d’un a l l e z petit volume. E l l e é font mortes
toutes deux , l e 15 , l’une le matin, l ’auire le
foir. Leur eau s’eft également troublée allez;
promptement, & avoir pris une odeur de poiffon
très-forte.
6-e Expérience. Le mardi 9 Mars,.•-a dix heures
cinquante-cinq minutés du matin; nous avons
renfermé ’ fous un récipient plein d’eau, deux
carpes de celle qu’on appelle empoiffonage de deux
ans. L ’on a introduit de l’air inflammable. Les
carpes ont p a r t i d’abord fort a g i t é e s - , enfuite
plus tranquilles.- Elles étoient au fond dur vafe,
refpirânt, mais languiflantes, à quatre heures-
du loir -, elles-paroiffoient à-peu-près dans le
même ét^t à minuit. Le lendemain à huit heures
du m a t i n , T u n e d e s deux étoient d é c i d é p i e n t
morte & couché fur le côté, au-deffus de l’eau ■
l ’autre également couchée, donnoit .encore quelques
lignes de vie à minuit; morte à deux heures.
7:.è Expérience. A onze heures dix minutes.
Nous avons placé deux carpes femblables à celles
dé l’expérience, précédente, fous de l’aif inflarn- i
niable mofétifé. Grandes convulfxons.& agitations
dans les premiers inftans. Quantité d’écaiilês, qui
s’étoient détachées du corps de ces poiffons flot-
toient dans l’eau au gré de leurs mouvements.
A une heure une des carpes nageoit fur la fur-
face de l’eau & fur le côté; l’autres étoit Jan-
guiffante au fond du bocal; La première eft-m >rte
à cinq heures, la fécondé étoit au fond du vaie
très-languiffante, & refpiroit à peine. Elle é t o i t
dans le même état à minuit. Je l’ai trouvée morte
le. lendemain à huit-heures;, & au deffus de la
furface de l’eau.
8.e Expérience. A onze heures vingt-huit
minutes. On a.mis une petite carpe fous Je l’air
mofétifé, mais fans addition d’air inflammable-
MouVÉmeus convulfifs d’abord; languiffante à
une'heure, cherchant à refpirer au fond du bocal,
la tète baffe & le corps élevé, quelquefois fur
Le côte, mais pas long-tems. Môme: état à quatre.
heures, à minuit, à huit heuers du lendemain,
trois heures après midi. Langiiiffante pendant
la journée du onze, morte dans la nuit du
onze l u douze. Elle a . vécu plus de deux jours
& demi.
9. e Expérience. A onze heures & demi. Nous
savons placé une carpe fous un récipient rempli
d’eau de rivière , enfuite on y a introduit une
affez médiocre quantité d’air fixe. La carpe a
d’abord paru affez tranquille. Mais à tnefure que
l’eau ablorboit l’air fixe, elle eft entrée en con«
vulfion ; grands mouvemens à onze heures quarante
huit minutes; à une heure, fur le côté,
entre deux eaux, refpirânt à peine;.,morte à
deux heures, couchée fur le côté , & le corps
plié en arc, au-deffus. de l’eau, & même le
ventre touchant le bocal ; car l’air fixe avoit
été prefqn’entièrement abforbé. .
10. e Expérience. A midi nous avons répété
la quatrième expériences, fous un grand,récipient,
fur un brochet & une tanche enfermés enfemble,
mêmes mouvemens convulfifs, mêmes tremble-
mens fubits, mais plus prononcés dans le brochet ;
: celui-ci paroiffoit mort à midi io minutes. A
une heure nous .aperçûmes encore quelques
mouvemens. La carpe étoit très-lagruffante, &
1 entr’ouvrOit les lèvres ainfi que les quies, de
tems-en-tems'&. foiblement. Elle étoit morte
| à trois heures &. la tanche à huit heures du foir.
Ôn nonrroit multiplier ces expériences §t les
• varier à l’infini. On pourrôfc, par exemple ,
\ faire refpirer de l’air déphlogîfliqué ou air pur
au poiffon, & voir de-combien, toutes. chofes
égaler d’ailleurs, fa vie en leroit prolongée ; mais
les connoifiancës qui en réfui ter oient, ayant un
rapport plus immédiat à l’Hiftoire naturelle du
poiffon, qu’à l’objet qui nous occupe, il ma
paru fuffifant qu’on pût conclure de nos. expériences.
! «P • , • ' -• . •
r .° Que e’eft le défaut d’air refpirable, qui a
été la vraie & feul caufé de la mortalité-du
r poiffon pendant l’hiver de 1788 & 1789.
i.° Que de rous les airs,, ceft l’air fixe, qui
lui donne le plus promtement la mort.
3.0 Qu : l’air inflammable feul & l’air inflam-
. mabie mofétifé , lui ont été à-peu—près également
fiinefks. •. , ..; v . •
4." Que l’air mofétifé feulement eft moins
deiéfère; fans doute, parce que la flamme avant
de s’éteindre, ne confirme qu’une portion de l’air
vîtaLpar excellence ou air pur, qui n’entre que
pour un peu plus du quart dans 1 air que nous
rëfpirons ; & que l'eau, dans laquelle - nageoit
le poiffon, étant elle même imprégnée d’une
grande quantité d’air vital, le poiffon a dû le
confommer avant de périr..
5.0 Que la tanche eft .l’efpèce de poiflon qui
a le plus long-tems réfifté, quelque part que ce
. fût. '
6,° Qu®
6 * Que les poiffons de la cinquième expérience !
n’oiit pas mêmq pu réfifter à la moféte qu’ils ont
produite en refpirânt, confommant & dénaturant
f’air pur, renfermé avec eux dans l’efpaee où ils
nageoient; efpace à la vérité fort petit, puifqu’il
n’équivaut qu’au tièrs d’un pied cube environ. On
fait que des animaux terreftres, qu’on tiendroient
enfermés long-tems dans un lieu où 1 air ne fe
renouvelletoir pas, périroient également.
Comme l’eau s’eft beaucoup troublée, & que
les déjeétioris des poiffons ont été abondantes,
cette circonftance a pu augmenter la corruption
de l’eau; néanmoins iis ont beaucoup plus vécu
que les poiffons des autres expériences, & cela
devoit êt/e. En même tems l’on remarquera
que s’il a fallu cinq jours au moins robufte de
ces animaux pour vieier l’air au point de le
rendre irrefpirable dans l’efpace qu’il occupoit,
ce feroit feulément au bout de foixante jours.,
que 108,90b poiffons d’un femblable volume,
Ê arviendroient«Lvicier, au même point, l’eau d un
tang d’un arpent d’étendue & de trois pieds
de profondeur.
Prefervatifs contre la. mortalité des poiffons
dans les Etangs pendant les fortes gelees \ pro-
pofés par Varenrie - de -Fenille. Çes préfervatifs
s’indiquent pour ainfi dire d’eux mêmes, avec
d’autant plus de jufteffe, qu’ils tirent leurs principes
des exceptions particulières au défaftre commun
dont la caufe a été l’objet de nos,recherches;
les précautions à prendre exigent plus de foins
que de dépenfe.
Sb l'Etang eft naturellement vafeux, donnez
au bief huit à dix pieds de largeur, & appro-
fondiffez-le, jufqu’à ce que vous trouviez le
terrein ferme. Donnez au moins 1 angle de quarante
cinq degrés aux'pentes riveraines, afin que
la terre du bord ne retombe pas dans le bief.
Etabliffez près de la chauffée une vafte & large
pêcherie, proportionnée à la grandeur de l’Eçang.
Enlevez foigneufement toute la vafe, formez-en
des tas fur les bords, laiffez-les s’égoûter. Lorsque
le fol de l’Etang fera affez fec pour permettre
le tranfport de cette vafe, vuidez-en
l ’Etang, raffemblez-la en un monceau, laiffez-
la fermenter & repofer pendant un an fans y toucher.
Remuez-la enfuite une couple de fois , pour
qu’elle fe façonne à la gelée & au foleil. Au
bout de dix-huit mois ou de deux ans répandez-
la fur les guerets. C’eft un des plus puiffans engrais
& des plus durables qui exiftenc, fur-tout
pour les terres fablonneufes ; j’en ai l’expérience.
Si l’on fe preffe de répandre cette vafe avant
qu’elle ait fermenté, on trouvera qu’elle refroidit
le terrein. Il faut lui donner le tems néceffaire
pour que les parties graiffeufes qu’elle contient
en abondance, foient changées en molécules
favonneufes : on hatera fa jouiffance en y faifant
. éteindre de la chaux, lit fur lit, environ une partie
Agriculture Tome IV*
de chaux fur huit à dix parties de vafe. Ce
mélange portera la fertilité par-tout où il fera
répandu, même en affez petite quantité.
Si l’Etang eft brouiileûx, laiffez-le au moins
deux ans de fuite en culture. Le poiffon en
profitera mieux, & ce grain en fe détruira in -
fenfiblement, puifque pour croître, il demande
d’être baigné d’eau. .Comment vettt-on qu’il fe
détruife par une feul année d’affec ? on auroit
beau l’arracher, il fe muldpliroit par les graines,
& la graine eft encore adhérente à l’épi au tems
de la pêche.
Si malgré les précautions qu’on auroit prîfes,
ou faute de les avoir prifes, un Etang étoit
couvert de brouille, & qu’il furvînt une violenre
gelée, levez la bonde & lâiffez couler l’eau jufqu’à
ce quelle ne baigne plus la brouille qui
pour l’ordinaire fe trouve en plus grande partie
à la queue de l’Etang. Le poiffon fe retirera
dans le bief & dans la pêcherie que je fuppofo
avoir été bien curés & d’où il ne s’élèvera ni
air inflammable, ni moféte. D’ailleurs, l’eau ne
peut s’écouler fans qu’ il n’entre fous la glace ua
égal volume d’air, qui empechera que le poiffon
ne vicie la portion d’eau dans laquelle il
fe fera retiré.
Qn ne doit pas craindre que l’Etang manque
d’eàu dans la fuite ; il eft rare qu’une gelée de
longue durée fe paffe fans neige, ni que le dégel
fe paffe fans pluie ; plus ordinairement une crue
d’eau fuit le dégel.
Des ennemies des poiffons.
Tout individu dans la nature eft détruit par
un individu plus fort, l’homme eft le plus grand,
le plus fouverain deftruéleur. La timide alouette^
l ’innocente colombe, fervent d’aliment à la,nom -
breufe famille des oifeaux de proie à bée crochu
& à ferres aigues. Le poiffon eft la viélime de
la voracité non feulement de certains poiffons,
mais encore d’un grand nombre d’oifeaux &. de
quadrupèdes.
L ’eau confédérée comme eau, n’attire point
les oifeaux; c’eft là nourimre qu’ils y trouvent,
la feule qui leur convient, & qu'ils ne fauroient
trouver ailleurs; ainfi les oifeaux nommés aquatiques,
tels que les cicognes, 'très-multipliées dans
les pays froids, les hérons, les canards, les far-
celles, les poules d’eau , &c. détruisent une
grande quantité de poiffon. Ces oifeaux plongent
avec une rapidité étonnante, fui vent leur proie,
l’attrapent, & viennent la manger fur la furface
de l’eau.
-La loutre. Animal amphibie, un peu plus
grand qu’un char, affez approchant par fa forme,
.. eft le fléau le plus redoutable des poiffons : cinq
ou fix loutres viendront à bout à la longue de
dépeuples un Etang. La loutre digère prefque Q ï