
où on en cultive en feroient remplis chaque année
j ainfi que le froment, forge & l’avoine.
Beaucoup de bàles de graminées contiennent des
ovaires qui n’ont pas été fécondés: ils font dans
unétat de defféchement,&onn’y apperçoit point
de principes d’Ergots. M. Aymen, cultivateur &
phyficien éclairé, pour appuyer fon avis, compare
1 Ergot an cha rbo n : ( c’eft de la c a r ie qu’il
veut parler , fans doute, d’après ce qu’il en dit. )
O r , ces deux maladies ne fe refl'emblent pas* je
crois^ qu’en cela M. Aymen le trompe ; car il
* paroit que l’Ergot ne fe forme que quand le
grain de feigle efl déjà formé, & que c’eft aux
dépens de celui-ci. Les grains qui font en partie
feigle, & en partie Ergot, le font d’autant
plus préfumer, que , comme je l’ai expofé,
la partie, ergotée eft tantôt d’un quart, • tantôt
d’un tiers , tantôt de la moitié, & quelle eft toujours
le plus près du fupport. D’ailleurs j’ai déjà
lait obferver que la corruption commençoit par
un point renfermé dans la bâle , & qu’elle s’é -
tendoit dé plus en plus. Dans les bàles qui renferment
des grains ergotés,. on ne voit aucuns relies
d’étamines *, ce qui indique que leur développement
5 en fuppofant qu’il ait eu lieu , a été
complet, & qu’après avoir produit leur effet,
elles font tombées comme celles des fleurs qui|
fructifient. Il n'en eft pas de même de la carie^
dont le principe fe manifefte long - temps avant
que l’épi foir apparent & forti du fourreau ; l’o -
vairé y eft à peine, formé, qu’il eft altéré' & infect j
les étamines ne font pas détruites; on lès trouve
flafques feulement , & collées fur les grains de
carie, & dans un état de defféchement. Enfin,
il m’eft difficile de regardgr le défaut de fécondation
comme caufedé l’Ergot, puifque j’ai ob-
fervé dans plufieurs bàles de petits'corps blanchâtres
fort reffemblans au feigle , & qui font
devenus-violets par degrés, ayant commencé par
la partie où eft placé ordinairement le germe.
Après avoir rapporté fur les caufes de l’E rgot,
celles des opinions qui' font établies d’après des
faits, & les feules qui méritent attention, j’ex-
poferai les diverfes expériences qite j’ai tentées
pour éclaicir ces objets, & j’en jugerai les réful-
tars avec la même févérité;
E x p e / ie n c e s q u i te n d en t a f a i r e c o n n a ît r e , f i la
p l u i e e f l c a u fe d e V E rg o t .
Au mois de Juin 1778 , n’ayant pu avoir de
Peau ftagnante, parce- que les marres étoient à
fec : ( 1 ) j’expofai, pendant quelque temps , de
l’eau de puits à l’air chaud, afin que par le féjour,
elle acquît, s’il étoit poftible ,-une mauvaife qualité.
Je m’en fervis pour arrofer; i.° lix.princi(
1) Les expériences ont été faites à Andonville , en
Séance..
paux épis de feigle, d’une même fouche , dont
les étamines étoient récemment forties de leurs
bàles; c’eft-à-dire, qui étoient en pleine fleur.
L ’arrofement fe faifoit fur les épis, feulement, à
l’aide d’une petite feringue, de manière que l’eau
ytomboiten forme de pluie , & que j’en infinuois
fouvent entre les paquets de fleurs appartenants
aux mêmes calices ; 2.0 trois épis tardifs ou fécondâmes,
de la même fouche que les précédens^ &
dont les étamines étoient encore dans les bàles,
&, par conféqüent dans unétat différent; ;.* trois
épis foibles d’une autre fouche ; l’ un étoit nouvellement
défleuri , l’autre en pleine fleur, & le
troifième prêt à fleurir. Ceux-ci furent arrofés
pendant vingt-deux jours, & les autres pendant
dix-huit jours de fuite ; quelquefois-deux fois par
jour. A u moment de la maturité, les fix épis principaux
fe trouvèrent les plus beaux du canton; car
ils avoient cinq pouces de longueur, & les grains
qu’ils conrenoient étoient très-gros. Quelques
fleurs cependant avoient coulé ; ce que je ne
crois pas devoir attribuer à l’arrofement, puif--
qu’à cet égard ces épis reffembloient à beaucoup
d’au très abandonnés à eux - mêmes. Les trois
épis fecondaires, & qui avoient été arrofés avant
leur floraifon ne différoient des . premiers, que
parce qu’ils avoient plus de "bàles vuides t ils
étoient aufft femblabjes en cela à des épis fecon-
daires non arrosés Leur floraifon n’en a paru
ni accélérée ni retardée. Il en étoit de même
de trois épis foibles d’une autre fouche j & qui
avoient été arrofés, chacun étant dans un état
différent : aucun de ces douze épis n’a fouffert
& n’à produit d’Ergot : ils' en ont même profité
davantage.
J ’ai arrofé de là même manière quatre épis dfe
froment bien conftitués_. Mon intention étoit,
fi je parvenois à y faire naître de l’Ergor, par
ce moyen, d’en tirer la plus forte induélion, puifque
le froment porte rarement de ce grain. L ’arrofement
fe fit avant la floraifon, & fut continué
long-temps apres. Les épis fleurirent b ien , &
•furent remplis de très-beâux grains.
- De ces faits j.e ne concluerai pas.que jamais" la
pluie, qui tombe fur les épis de feigle , ne peut
leur être nuifible, parce que j’ignore fi certaines
pluies ne contiennent pas des principes malins
& deftruéleurs ; mais pouvois - je imiter autre?-
ment- la pluie ? on en peut au moins conjeélurer
qu’elle n’eft par la véritable caufe de l’Ergot,
puifqu’on en produit par d’autres moyens.
Expériences qui tendent a faire connoître Ji les
piqiiures. di infectes font caufes de II Ergot..
Afin de fàvoîr ce que produiroient dès p i-
quures faites à travers des bàles de feigle , lés-
jeunes grains étant plus ou moins avancés,- ou
même étant à peine, formés ; l .° je, piquai pror
fondémetlt avec un ftylet, les bàles inférieures de
deux épis de feigle , dont les fupérieures étoient
en fleur, & toutes les bâlçs d’un troifième épi de
la même fouche, qui n’avoit pas.encore commencé
à fleurir , de.manière que le ftylet atteignît
le piftil ou l’embrion ; 2.0 toutes les bàles de l’épi
d’une fouche particulière , & plus avancé que les -
précédens, dont j ’àvois ôté quelques étamines
après" leur fortie; y° ies bàles de deux rangées
d’un épi ; celles d’une rangée'feulement d’un
autre ép i, St celles de la moitié d’une rangée d’un
troifième épi ; les grains de ces trois „derniers épis
ayant déjà une ligne ou une ligne &. demie de
longueur; 4.“ toutes les bàles de deux épis de
feigle , qui étoient bien formés, & que j’ai ar-
rolés par injeéliôn pendant quinze jours, pour
voir ii dans ceux-ci, l’eau s’infinuant par les
piquures à travers les bàles ,-donneroicnt naif-
fance à l’Ergot : moyen de perfectionner encore
une des expériences précédentes.
Dans tous ces cas, les épis étoient fains au temps
de la récolte ; ils contenoient des grains en bon
état, fans qù’il y eût de bàles vuides ni d’Èr-
g°ts. - |
J e n e m e d i f l im u l e p a s , q u e d e s p i q u u r e s d e
f t y l e t n e p e u v e n t r em p l a c e r c e l l e s d ’ u n in f e C t e ,
q u i in t r o d u i t u n f lu id e c a p a b l e d e c a u f e r d è s
a l t é r a t io n s ; a u f t i n e p r é f e n r a i - jè p a s c e s fa i t s p o u r
d é t r u i r e l ’ o p in i o n d e M. T i l l e t , m a is f e u le n ie u t
p o u r r e n d r e c o m p t e d e c e q u e j ’ a i im a g in é p o u r
f u p p l é e r , a u t a n t q u ’il é t o i t e n m o i , a u x p k am r fe s
d ’ in f e ô r e s . T o u res in fu f t i fan te s q u e d o i v e n t p a r o i t r e .
c e s e x p é r ie n c e s , e l l e s f e r o n t p e u t - ê t r e d e q u e l q
u e f o r c e , c o m m e c e l l e s q u i lé s p r é c é d e n t , fi je
p a r v i e n s p a r u n e a u t r e m a n ié e , à f a i r e n a î t r e d e
l ’E r g o t .
Expériences qui tendent a faire connaître f l Vhumidité
du fo l eft la caufe de l'Ergot.
A parler exactement, c’eft, *en France , la Sologne
qui produit le plus d’Ergot : tout ce qu’on
en voit ailleurs quelque cdnfidérable qu’on le
'dife , n’eft pas comparable à ce qui s’en trouve]
dans ce pays-là. C’eft donc d’après les circonf-
tances que réunit la Sologne , qu’il faut chercher
■ la caufe de l’Ergor.
Le fol en eft toujours humide ou frais , parce
qu’il' eft compofé d’argile & de fable qui le
recouvre. Préfumant que ce tçrrein pouvo’it
être plus propre qu’aucun autre à, la pro-
duClion de l’Ergot , foit à caufe de fon humidité
plus ou moins grande, foit à caufe de quelque
qualité particulière, j’en formai artificiellement
un pareil en Beauce , pays, où l’Ergot eft très-
rare, afin de donner encore plus de force à l ’expérience.
Je fis enlever la terre franche d’un
efpace de quatre pieds fur trois, & mettre à la
place un lit de terre g la i f e & par-deffus un lit
de fable blanchâtre,. tel que j’avois pu me le pto^
curer. Les premiers jours d’A vril, on l’cnfemença
de feigle d’Automne, récolté dans le pays; ( c’éft à
cette époque que les habitans de la Sologne fè-
ment leurs fcigles de Mars. ) On enfemença, en
même-temps, & du même feigle, deux terreins
ordinaires, chacun d’une étendue éga(e , à celle
du terrein faôtice , & fitués des deux côtés, pour
avoir des objets de compataifon. Ils étoient le
long d’un mur à l’expofition du nord : circonf-
tances plus propres à tenir le pied du grain frais.
Les deux terreins ordinaires furent abandonnés
à la nature; mais on arrofa de temps- en-tem ps
le terrein faôlice, fur-tout lorfqu’il faifoit fec,
avant & après la floraifon du feigle. Incertain ü
la formation de l’Ergot ne dépendoit pas de deux
caufes combinées ; favoir, de l’humidité du fol
_ & de l’effet immédiat cl la pluie , fur les épis
du feigLe, j’en arrofai par injeéHon fix choifis
dans le terrein faélice, en commençant avant
leur floraifon, & en continuant après. Le vent
en caffa deux, avant que je pufle voir fi le grain
étoit formé.
Vers le 20 Juillet ,. on commença à découvrit
les premiers Ergots dans.le teriein faélice , c’eft-1“
à-dire, compofé de glaife.&de fable. Chaque jour
on en vit éclore de nouveaux , d’abord dans les
épis principaux, enfuite dans les épis fecondaires
; (1). Des quatre qui avoient été arrofés par injection
, trois portoient des Ergots & des grains de
feigle très-beaux ; ce qui n’eft point étonnant,
puifque j'ai remarqué plus haut, que des épis,
foit de feigle , foit de froment, arrofés de cette
manière, ont produit des grains plus beaux que
ceux auxquels on n’a poinr injeéléd’eau. Le feigle
eft devenu plus haut dans le terrein faétice, parce
que l ’arrofement à fuppléé à l’ingratitude du fol.
l i a produit quatre cents épis , dont quatre-vingt
ergotés , tandis que dès deux terreins ordinaires
dont la récolte entière n’étôitqiie de quatre cents-
épis; l’un avoir quinze Ergots, & l’autre cinq;
huit des quinze étoient fur le bord du terreinfaôticë,
à l’humidité duquel iis avoient vrai-
femblablement participé'. Comme dans les expé-
> riences de recherches, il faut tout compter, fe
terrein ordinaire , qui a donné’ quinze épis er--
goiës, étoit tellement fitué, que fans l’arrofér
'un peu, on ne pouvoir-arrofer le terrein factice.
,
Si l’on compare feulement le produit en épis
érgotés de chacun des terreins ordinaires, avec
celui du terrein faôlieè, on verra que le dernier
en a porté quatre fois plus qu’un des deux, &
dix-neuf fois plus que l’autre. Mais fi c’eft la proportion
des épis fains aux épis ergotés qu’on examine
, un des terreins ordinaires a eu un quarantième
d?épis ergotés ,. & l ’autre un treizième,
(1 ) M. Antoine-Laurent dé Julfieu a vu les terreins Î&
la formation des premiers E rgots , dans le-terrein fadice.-