
a parcouru avec la piu9 grande attention, toute
cetre contrée malheureufe > connue fous le nom
de Sologne. Il ne s’eft pas attaché feulement à
la confidérer fous le rapport des Etangs *, il a pris
dans toutes les parties des renfeignemens fur les
moyens de rendre ce vaftes pays à l’agriculture.
C ’eft d'après Tes obfervations que le comité de
falut public , fur le rapport de la commiffion, a
pris, au mois de Prairial dernier, un arrêté pour
préparer les traveux qui dévoient affainir & fer-
tililer la ci-devant Sologne. Il n’a pu parcourir
le" cinquième département, celui de la Nièvre,
parce que la commîftion l’a chargé d’aller dans
les départemens du Cher ƒ de la Creufe & de
l’Inde, rèconnoître les ravages de la gèle, y
indiquer les moyens de réparer, en partie, les
défaflre de ce fléau. Il a rempli l’un & l’autre
milfion avec zélé. Tous les corps adminiftratifs
ont juftifié par leur correfpondance l’opinion
que la commiffion avoit de ce citoyen.
Dans trente-quatre départemens, l’exécution
de la loi n’a porté atteinte qu a diverfes reflources
locales que les Etangs procuroient à des fermes,
hameaux & à des pommunes.
Noms des trente-quatre départemens.
ï .D e là Marne,
i . De Saône & Loire.
3. Des Vofges.
4. De l’Isère.
5 . Des B o u ch e s -d u -
Rhône.
6. De la Vienne,
7. De la Creufe.
S. De Seine & Oife.
9. De la Mofelle.
10. Du Jura.
1 1 . D’Eure & Loir.
12.. De la Sarthe.
13. De l’Orne. •
14. De la Mayenne.
iç . De la Lcfire - Inférieure.
Ï6. De la Côte-d’Or.
17. De la Meurthe.
1 S. De la Haute-Saône.
19. De l’Aifne.
20. De l’Ailier.
21. Des Ardennes. '
22. Dit Calvados;
23. De la Charente.
24. De la Corrèze.
25. De la Haute-Marne.
26. Du Haut-Rhin.
27. De la Haute-Vienne.
28. D’Ille & Vilaine.
29. D’Indre & Loire.
30. Des Landes.
31. Mayenne & Loire.
32. De la Meufe.
33. Du Puy-de-Dôme.
34. De Seine & Oife.
Dans douze autres, d’après les réclamations
.des autorités conflituées, les rapports des divers
agens, le fort de l’agriculture de contrées ou
cantons, plus ou moins étendus, le fervice continu
de ruifleaux & rivières, pour la navigation,
les ufines & les flottages, femblent dépendre
de l’exiflance d’un grand nombre d’Etangs def-
féchés, d’après la loi.
Noms des dpu[e départemens.
1. Du Loiret.
2. De Loire & Cher.
3 . De la Nièvre,
4. De l’Yonne.
5. De la Côte-d’Or.
De f Aube.
7. De l’Ain. 10. D e l’Oife. —.
8 . De Rhône & Loire. 11. Du Cher.
9. De l’Indre. * 12. De la Dordogne.
Ils étoient en effet vafles & nombreux dans
trois grandes contrées, connues ci-devant fous
les noms de Sologne, Biejfc & Brenne. Le def-
féchement ordonné y a excité les plus vives
réclamations, & produit, par les mêmes caufes,
des effets prefque femblables. Il eft important
de les faire reconnoître fucceflivement, & fous les
divers -rapports qui font particuliers à^ chaque
partie, afin de pouvoir en fuite apprécier, avec
plus de connoiffances locales, les exceptions ou
modifications que la force de futilité ou nécef-
fité démontrées, femblent devoir faire admettre.
S 0 L O o N E.
Départemens de Loir & Cher, du Loiret &
du Cher.
La ci-devant Sologne efl fituée entre les rivières
du Cher & de la Loire : ce fleuve la cir—
confcrit dans fa plus grande longueur, depuis
Gien jufqu’à Gandé, au-deflous de Blois,. La
furface de ce territoire, d’après diverfes cartes,
peut comprendre zoo lieues quarrées ou 900,000
arpens, parce qu’il faut déduire les riches vallées
d’Olivet & -de, Denis, vis-à-vis Orléans. Il
s’étend fur le territoire des départemens de Loir
& Cher, du Loiret & du Cher.
Le fol, en général, n’eft qu’un fable maigre
& ténu, variant de 4 , 6 à 8 pouces de profondeur.
La couche inférieure n’eft, dans la plus
grande partie, qu’une argille compaéle & imperméable
à l’eau. Il réiulte de cet état, que,
pendant l’hiver & le printems, lorfque la couche
fablonneufe eft faturée d’eau, les terres doivent
être humides:, qu’il doit y avoir des ftagnations
multipliées fur la furface plate d’un pays où les
côteaux font rares, & où les plaines fans pentes
fenfibies font très-commune-. Une t*.Ile fituarion
a dû porter les habitans à former beaucoup
d’Etangs, foit pour defféchcr des plaines, foit
pour prévenir des inondations, foit .enfin pour
avoir des réfervoirs d’eau pendant les étés & les
féchereffes. La nature du fo l, le défaut de pentes.,
les bruyères & brouffaiiles, qui entourent
prefque tous ces Etangs, indiquent affez que la
vafe ou terre végétale, formée par les débris des
végétaux, doit y avoir une mince ftiperficie, &
qu’ils offrent peu de reflources à la cu-ture.
Il y a néanmoins des exceptions*, les Etangs
qui font formés à l’extrémité des plaines, dont
la pente eft plus rapide, dont le fol environnant
e ft fournis à la culture ou couvert de bois, pro-
duifent beaucoup de rofeaux & herbes aquatiques.
La déçompofition annuelle de ces végétaux,
jointe aux terres & débris que les eaux y
gmrafcaent*
entraînent, doit à la'longue former une couche
épaiffe de vafe, qui, travaillée par l’écobuage?,
Si epfuite par l’incinération, peut donner de
bonnes récoltes. Le nombre de ces Etangs eft
au plus le fixième de ceux qui exifte'nt. Les
bras manquent pour ees fortes de travaux.
D’autres caufes encore ont porté à former des
Etangs. Beaucoup n’exiflent que pour abreuver
les bèftieaux. Ces réferves d’eau font abfolument
néeeffaires dans des plages de 2, 3 & 4 lieues,
où il n’y a ni ruifleaux, ni fontaines, ni rivières,-
& on l’aridité du fol, pendant l’été, multiplie
pour lès animaux les befoins de la foif.
D’antres font formés pour arrofer des prés.
Cette irrigation eft eflentiellement utile dans ce
pays, • pour former' ce qu’on appelle des prés-
hauts. Sans irrigation, point de prés,} & cependant
les récoltes donnent la meilleure qualité de
foin ; car les prairies qü’arrofent les rivières de
Beuvron & Cojjon font très-marécageufes, fu-
jéttes à être roui liées-, par les débordemens. Les
prés de plaines font abfolument néeeffaires pour
les befliaux.
L ’exécution de la loi fur le defféchement des
Etangs a exîcité dans?cette contrée les plus vives
réclamations. Au lieu de l’exécuter, on a adreffé
des pétitions motivées; àffa Convention & au
comité d’ agriculture.,.Toutes exprimoient que le
defféchement général des Etangs perdoit la Sologne.
Les adminiftrations; de diftriéls, dans le
reffort desquels fetrouve cette contrée, ont réclamé
dans le tems même, où la loi a été ‘rendue.
Celles d’Orléans -, Beaugéney, Blois , plufieurs
i’ociéiés. populaires, oint'fait dés .repréfentations,
fondées , fur l’expérience, & les*'.effets malheureux
'qui poûrroient réfui ter du defféche-
ment. Celle de Romorantin, qui, par fa pofifiori
au centre de ià ci-devant Sologne, pouvoit encore
mieux apprécier, les effets de - l ’exécution-
ftriél de la lo i, a adreffe, dès’ le mois de-Veri-
tôfe de. l’an deuxième-, une délibérationprife
fur vlbs:rpédtiomS & -réclamations ; des- communes
dudiftriél, pour demander ou le rapport de îâ
loi; ou des modifications.^ Cette unanimité de la
part de fix adminiftrations de diftriél, de plû-
fieurs;focictés populaires, prouve déjà que l'eké-
cution .littérale de la loi peut être funéfte.’à ce
malheureux pays..
Les Etangs de là Sologne fe divifefit en deux
efpècés principales, en Etangs'purement fdbîW-
neux,; & c’eft le plus grand nombre * ou en Etangs
couverts d:e jônes-ro féaux , & conféqiiemment
d'une vafe proportionnellement épaiffe. Les premiers
ne font propres à aucune Culture : les
féconds: exigent des travaux longs & Hifpeticlièux.
Les.racines- des:joncs font très-volntnineufes, &
enchevêtrées, les: unes dans les autres. On né
peut les ouvrir à'la. charrue ordinaire : il faut
iibfolumanr, .pour les foumettre à la culture,
Agriculture. Tome I V %
;• les écohuèr & incinérer. Mais la population y eft
manifeftement impuiffante pour réalifer de tels
travaux.
L’agent de la commiffion a pris des renfeignemens
fur les frais de cette culture : il en coû-
teroit, pour chaqiie arpent., au moins 100 liv .j
ainfi, cé feroit, pour un Etang de 30 arpens,
3000 liv. L'expérience apprend cependant, dans
ce pays, que le fol des Etangs j ainfi travaillé,
ne peut donner que deux à trois bonnes récoltes.
Cé feroit donc exiger une opération très-difficile
dans quelques cantons, & impoffible en*
d’autres, par défaut de bras. Ce feroit donc
forcer les propriétaires à une dépenfe qui excé-
deroit beaucoup la valeur du fonds, employer les
bras à un travail exclufif, pour un produit incertain
& paftager, en couranr le rifque de négliger
les autres travaux des champs.
II eft évident q ue , dans un tel pays, couvert
d'eau en hiver & dans les faifons pluvieufes ,
les chauffées d’Etangs fervent de communication
: entre les communes. Si on deffèche tous les
Etangs, il faudra rompre beaucoup de chauffées,
i pour completter les defféchemens des Etangs in-
, férièufs fur-tout. Ces circonfiances locales y font
très-communes. '11 en réfulteroit donc, ou une
dépenfe exceffive,pour faire des ponts , ou un
obftade aux defféchemens,1 pu une intercepta-
t:iôn-daü§ les communications avec voitures. <-
Plufieurs. chauffées fervent auffi -de communication
à dés grandes routes & chemins vicinaux,
très-importàns pour’ les foires & . marchés;1
’Les ’Etangs y font encore plus néeeffaires que
dans d’autres pays, où les pâturages font àbon-
dans. Il y croît pLuïïeüys- fortes d’herbés;, que
les bêtes-à-cornes & les chevaux recherchent
avec avidité. Cette efpèce de nourriture èft un
bëfoin indifpehfable fur un fol qui devient aride
après quelques jours dè beau rems} où ieibef-
riaux, forcés de paître la bruyère, les Feuilles
dé bois & brouffaiiles, éprouvent plus fou vent
la foif. La qualité de leur nourriture , réunie à
la chaleur brûlante qui exifte pendant l’été au
milieu dé cès fables, rend l’herbage des Etangs
indifpenfable'pour la fanté & la tnulriplicanon
des bèftiaux. Xl's le font encore pour lès abreuver.,
dans une contrée o ù , fans Etangs, on
férôit trois & quatre, lieues avant de trouver ua
ruiffeau.
Il ri-eft que trop vrai, fans doute, que les
Etangs'étoient trop communs dans la ci-devant
Sologne. Les propriétaires, les Colons. les nobles
& les moines les avoient exceffivement multipliés
; les tins, pour échapper à la voracité du
fife roy al-les autres, pour, avoir abondamment
une fùbfiffance ordonnée par la règle de leur
feefe. ' Mïis.-la ftériüté & fon infàlubrité ont
d’autres caufes plus réelles que celles jéfultarites
de U quantité des Etangs,
R r