
de,Frânce.En homme de génie, la Bourdon nois
en avoit fend l'importance. Mais y importât-on
alpis.le vrai poivrier, on le poivrier fauvage,
on l’un & l’auirt ? Ce qu'il y a de certain, c’eft
que le poivrier , qui étoit à Hfle-.de France, lors
du fcjour de M. Aubier, ne donnoit aucun-fruit ;
c’érôit donc ou le tf.âle ou la femelle * tandis que
d’après M. Ceré, celui qu'on en exporta pour
Cayenne en 17S 3 , étoir hermaphrodite. Il eft
vraifemblafile que M. de la Bourdonnois fit apporter
lès deux de Màhé.
Outre tes quatre Épiceries, dont j’ai parlé,
il y en a trois autres, de peu d!importance, fi
on les compare aux. précédentes. Ce font, i . ° ;
l ’écorce de winter, Dry mis forfleri , de la famille
des Magnoîiers*, zA le -gingembre , Amorumgni-
giber Li! 3.0 Le Raven-tfara, ou feuille boune,
Agaihophyllum, Juif. Un pays, qui pofféderoit une
feule de celle-ci, & qui ne voudroit tirer aucune
des "premières de l’étranger , auroit un aromate
fulfifant, pouf affailbnner fes alimenr?.
L’infériorité de ces Epiceries a fait, négliger
le foin d’importer les arbres & les plantés qui1
les produifent, au-delà du pays-où ils croifient
naturellement. Le Ravcn-tJ'ara, dont la patrie
eft Madagafcar, a été cependant cultivé avec
attention à rifle de France, parce que M. Poi?
vre écrivoit .qu’on' en pourroit tirer parti.
A R T I C L E D E U X I È M E *
Progrès des arbres à Epicerie.
Quand M. Poivre repafla à l’Ifle de France
en 1767, M. de Praflin,.miniflre de la Marine,
voulut, pour le dédommager de fon déplacement,
lui donner l’habitation de la compagnie
des Indes, appellée le Ment-plaijîr. A fon arrivée
dans la colonie, l’ayant trouvé convenable
pour la culture des arbres à Epicerie, il la fit
eftimer &ëla paya au Roi 24900 livres. Une partie
, compofée de 35 arpens, tant en terres labourables
qu’en marais, fut dans la fuiré con-
facrée à l’éducation de des plants. On lui donna
le nom de jardin du Roi. C ’eft de dà que font
fortis des femences & .des arbres précieux, pour
fe répandre dans les Ifies d’Afrique, d’Àfîe* de
l’Amérique, & dans les différentes ferres chaudes
de l’Europe, La culture, des Epiceries & leur
multiplication furent la première caufe de cet
inrérefiant établiflemenr. On en fit une pépinière
des meilleures prddiiéHons., où puiferent
toutes les parties du monde.
M. Maillard du méfié ayant remplacé M.
Poivre, celui-ci, au lieu de vendre, bien cher
fen habitation à un particulier, préféra de la
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vendre- au Roi à un prix mpdique; il recommanda
à fon fucceffeur les arbres à Epicerie ’(*)
& donna une inftruélion, pour èn fuivre la culture.
11 y avoit alors iôq girofliers bien pôrransj
zeb dans un état incertain, dont quelques-uns,
é;©défit repris, 956 jeunes plants de mufeadiers
300 mufeades germées & 5060 bien faines, qui
don noient l’elpoir de germer. Beaucoup d’aûtrèà.
arbres importans enrichifibient le jardin. Mais
tout avoit éproùvé de grandes pertes.
M. Ceré, major d’infanterie, & commandant
du quartier des Pamplemouffes, avoir une habitation
voifine- dè Mont-Plaifir. Il avoit pris du
geut pour les arbres à Epicerie. M. Poivre, dont
il étoit l’ami, l’engagea à demander la fvirveillan.ee
du jardin du Roi. Le nouvel Intendant le refufa
& lui donna du défagrémem. M. Poivre à fon
retour en france n’eût pas d e . peiné à obtenir
de M. M. Turgôt & Sartines, un ordre pofirif,'
pour que les foins du jardin fufîent confiés à M.
Ceré.
Il n’y "avoit plus, à cettë époque, qu’un petit
nombre d'arbres à Épicerie. 11 étoit terris demies
mettre dans des mains fûres. Le fruit de tout
ce qu’avoir fait M. Poivre eût été perdu & de
long-temps- peut-être la France n’eût pû renouer
une tentative fi difficile.
( * ) Il peut fervir d’entrepôt à un grand nombre de pror
dliftions des Indes,-de la Chine, de la Côte orientale
de l’Afrique & des Ifles fituêes au-de'à du Ca>?-de-bonnc-
elperance. Les vaiffeaux Français, qui vont dans ces parties
~du monde ôc en reviennent, relâchent à fille de
France ôc offrent des facilités pour tirer des graines ôe
des plants des lieux , ou le commerce ôt le feryicê de
guerre les appellent. Repofés,. pouràinfi dire, & cultivés
au jardin de l’Ifle de France, les végétaux font;pius en
état de paffér, fans s’altérer, dans nos poflefîions d’Amérique
ou dans nos contrées méridionnales d’Europe. L’u-
fage qu’on en a fait jufqu’ici pour ia multiplication des
Epiceries fuffiroit feul pour en juft-ifier l’établilüment. Mais
tout ce qu’il efl. im p o rtan c e naturalifer dans nos pof-
feflions n’eft pas encore acquis. Le berceau des Epiceries
pourroit être celui de beaucoup d’atbres ôc de plantes
dont" les fruits, la moelle, la fécule ou les racines,
fhflent utiles aux hommes de aux arts. Par les avantages-
que ce jardin .a procurés, on peut juger de ceux qu’il
procurera dans la fuite, s’il continue à être-bien entretenu,
s’il eft toujonrs dirigé avec intelligence Ôc attentio
n , fi on l’environne entièrement de palifTades de bois
noir de Madagafcar pour l’abriter des Ouragans. Déjà il
a fait partager fes rîchefles à Pondichéry, à Goa, aux
Ifles de'France ôc de Bourbon, aux Seychelles . a Mada*
gafear, à C a y e n n e à Saint-Domingue Ôc à la Martinique,
l i a fait des envois à l’Empérçur, au grand Ma.ître de
Malthc, à beaucoup de perfonnes diftinguées de France
ôc fur-tout à Paris au jardin des Plantes. La Botanique
ôc l’Agriculture lui. ont de grandes obligations. On par-
court'avec intéreft le Catalogue des objets qu’on y cultive
ôc dont une partie eft fi abondante, qu'on en- fait des
diftviburions comme on en fait des arbres à Epicerie. En
7 7 ? 5 , il contenoit j 69 tant efpè'ces que variétés d’arbres
ôc de plantes la plupart originaires d’Afie & 4’Afüquc.
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Par tes plaintes de M. mC 2ré, rî piroît que M.
Maillard du inefle avoir le projet de faire fup-
primer le jmdin du Roi de l’Ifle de France. La
dépenfe q u ’il rjécefllroit pouvoit, en être le prétexte
lpécieux. Mais- à n-joms que cette dépepfe, -
peut, être poffible à réduire, ne fut excefljve,
la, fuppreffion de ce jardin devenoit un crime.
Il étoit firigulièreinent utile à la Colonie, il con-
tribuoit aux progrès des, Sçiences & • de l’Agriculture,
il forrnoit-une échelle dê Botanique &
d’économ'ie entré l’Alie, l’Amérique. & TEuropë.
Que de motif pour le conferver j .
Si on ofoit fe permettre des conjeélures, on
dirôirque la fituation faine & agréable du Monr.-
Ptaifir fut l’objet de l’envie de plufieurs Adini-
nifirateurs, 'qui naîtrait pas cru pouvoir en jouir
à leur aife, tant qu’il auroit eu dans fon| voi-
finage le jardin du Roi. C’eft ainfi qu’on expli-
queroit les efforts de plufieurs d’entr’eux, pour
la fuppreffion de ce Jardin.
Quoiqu’il en foi t, les tracafferies, fufoitëes à
M, Ceré par M. Maillard - dii-Mèfie;, ne/finirent
qu’ à fa mort. Car revenu en. France en 1777,
il chercha encore à lui ôter la direction du jardin.
Mais M.. Poivre interpofa fon crédit & M. de
Sartines Contint l’homme qu’il avoir choifi. L ’envoi
dun premier produit d’Epicerie fut ce qui
parla le; mieux-en fa faveur.
, Le jardin du Roi n’offrant pas dans la -fuite
un efpace allez grand, M. Ceré planta dans fon
propre jardin, .une partie des fruits des arbres
à multipjièr.
11 falipit un homme comme lui , pour tirer
autant de parti de la culture des arbres à Epicerie.
Activité, amour du bien, confiance, goût
pour l'Agriculture, paflion pour l’exécution du
plan de M. Poivre, toutes ces qualités fe trou-
voient dans M. Ceré; Il furmonta beaucoup d’ob'f-
tàçlès, il psrii aux accidens des ouragans, il
prévint par fa vigilance les effets de la malveillance.
Sans lui ce qui avoit exigé tant de recherches.,
tant de foins, tant d’années, auroit été:
anéanti. Si le projet de M. Poivre a.été rempli,
çà été en grande partie i’o;avragq de M. Ceré.
Une^^cprrefpondance fiiivie entre le Cultivateur
& moi, pendant plufieurs années m’a mis
à portée d’être informé des progrès graduels des
Epiceries. C ’eft en profitant des détails, qu’il m’a
communiqués, que je puis en faire pàrt au
püblic.
En 1775, M. Ceré, chargé par le miniftre,
des .foins du jardin, dreffa un procès-verbal de
récenfemçnt. J.I n’y avoit plus, que 38 girofliers
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& 4S mufeadiers, dont deux étoient fauvages.
Comment, de deux importations fi abondantes,
ne fubfiftoit-il que fi peu dé plants ? On ne s’en
rend raifort qu’en réfléchifïant fur le grand in-
têreft. des hollandais pour nuire à ces cultures
& fur les moyens, qu’à fu mettre en oeuvre une
nation fi, opulente. Malgré leurs efforts, te fuc-
•cés çn eft affuré. On va voir par, quels degrés
on eft arrivé à des produits / qui deviennent
importans.
Des Girofliers , première fruâificadon, S775,
E n . Octobre. 1775, un giroflier montra trois
où quatre d o u x qui tombèrent avant même
de parvenir à m’oiné. de'leur grofleur, & par»
conféquent avant l’épanouiffement dp la fleur.
Deuxième fnidification,, de 1776 à 1777'
Il parut aircprnrnencement de 177^ des cloux,'
qui s’épanouirent vers la fin de 1 7 7 7 % devinrent
propres à la reproduélion. Ils étoient'fans doute,
petits y fecs & maigres, comnie. on s’eft hâté de
le faioe' publier par M. l’Abbé Reynal-, mais
il falloit rëpohdre à cet écrivain quelles premiers
frûirs d’un, arbre, fur-tout quand il eft tranf-
pôrté dans un climat difiér.ent du fién , font
toujours Toiblés' & - le plus fonvent inféconds.
Cette ' obferv.ition, vraie.' & d’expérience, eût
empêché (qu’on ne prît en France une idée défavorable
de, rintroduélion des. Épiceries dans
une de. nos plus belles Colonies. Les plants, qui
.lev.erent de baies ou doux matrices ou authofles
de c'ette première produétion, périrent tous
fuccefliveinent, comme on devoit s’ÿ attendre.
M. l’Abbé Reynal dans cette occafion, ne fut
que l’infirument de la méchanceté ou de l’ignorance
en botanique & en agriculture.
Troiflème fructification, de L777 à *77^*
Des troifièmes doux-ou calices plus nourris,"
il provint 50Ô- groffes. baies qu’on mit ers terre
en Février, Mars, Avril & Mai 1778. Les arbres
quelles donnèrent- furent propres à être
tranfplantés l’année fuivante 1775?, au nombre
de 72, à 801
Quatrième fructifieation, de 1778 à 1779*
Des cloux du commencement de 1778 y oa
a obtenu 5050 baies-, en 17 79 , 110© plants
qu’elles ont produit, ont été tranfplamés en
1780^ dans les Mes de France Ôc de Bourbon,