
Culture du Canellier.
Le ligne certain qu’une fleur doit donner du
fruit, c’efl lorfque trois ou quatre jours après
fon épanouiffemem le calice commence à s’altérer.
Il perd bientôt fa blancheur-, il devient roux &
fe lèche tout-à-fût, fans que le pédicule perde
de la vivacité de fa couleur verte. Au bout de 8
à io jours le calice le détache de la bafe du
pédicule, de manière à laifler appercevoir le
fruit; à mefnre que celui-ci groffit, il déchire
le calice, qui tombe après 2 0 2 5 ou 30 jours.
Du moment ou la-fleur pointe à i’aiffelle des
feuilles, jufqu’à celui de fon épanouiflement, il
fe pafle 3 mois. Le fruit eft fur l’arbre 9 mois &
quelquefois 11 mois avant de s’ouvrir , c’efl-à-
dire avant que le trou qui le recouvre extérieurement
fe fépare. Quelquefois le mufcadier montre
des fleurs & des fruits tons les mois.
L é peu de fuccès, obtenu par M. Céré dans
la multiplication des mufcadiers, à l’aide de la
plantation des noix, & le defir d’augmenter à
volonté le nombre des individus femelles, l’a
déterminé , comme je l’ai dit à employer la voie
des marcottes. Elle confifte, à placer des branches
dans des paniers remplis de terre ,& bien aflujettis
& élevés à leur hauteur, & à retirer ces branches,
quand elles ont bien formé des racines. Un feul
mâle étant fufliiant pour féconder beaucoup de femelles,
on n’en provigne que très-peu du premier.
M. Hubert a effayé 1a greffe par approche, la
feule, qui lui ait réulfi. Il par oit content d’avoir
eu cette idée.
Lorfque les fruits du mufcadiers font mûrs ,
on monte fur les arbres pour lés cueillir en attirant
les branches avec des crochets. On en fépare
le brou & on porte à la maifon les noix,
dont on détache le Macis, efpèce derefeau aromatique
qui lui fert de deuxième enveloppe. On
fait fécher le macis à un foieil ardent pendant
un jour. Puis dans un endroit moins expofé à
la chaleur -, de rouge qu’il étoit, il devient brunâtre.
Les noix fe font auflî fécher au foieil
d'abord , & en fuite auprès du feu jufqn’a ce qu’en
les agitant elles rendent du fon ; alors avec un
petit bâton , on cafîe leur coque. Les plus belles
font apportées en Europe j les médiocres fe con-
fomment dans le pays & on tire des petites de
l ’huile par expreflion. Une livre en donne Ordinairement
trois onces. Par la diftillation on en
retire auffi une huile eflentielle.
Les noix mufcades fe gâteroient fi on ne leur
faifoit pas fubir une préparation. On les trempe
deux ou trois fois dans une leflive d’eau dechaux;
faite avec des coquillages calcinés, & de l’eau
falée, jufqu’a confiftance de bouillie claire. Àinfi
enduites on les met en tas, ou elles s’échauffent
& le dépouillent de l’humiditéfurabondante. Dans
cet état elles peuvent palier la mer.
On confit -dans i ’iüe de Banda le fruit entier
du mufcadier comme on confit en Europe le
fruit du noyer.
On a placé le canellier dans la famille des
lauriers. Il croît à la hauteur de 18 à 2.4 pieds.
Ses racines font großes & fibreufes , exhalant
une odeur de camphre. Son tronc fe divife en
beaucoup de branches, recouvertes d’une écorce
verte d’abord & rougeâtre enfuite. U porte des
fleurs en bouquet à l’extrémité des rameaux > à
cés fleurs fuccèdent des baies ovales, de 4 Signes
de longueur. Voye^ le Diétionnaire de Botanique.
. Beaucoup d’oifeaux recherchent les baies de
canellier, qu’ils emportent & fernem de tout
côté. Pour en recueillir, il faut bien faifir le
moment. Au relie, ce que les oifeaux lèment
produit des plants, qu’on peut enlever & mettre
dans des places plus convenables.
Je n’ai trouvé nulle part la culture du canellier
, ce qui me fait préfumer qu’ il n’eft pas difficile
à multiplier.
Une note de M. Céré indique feulement qu’il
vient auffi de bouture. C’eft le fort des arbres qui
croiffent fpontanément dans divers climats, de
ne fixer l’attention de perfonne fur la manière
de les élever. Le canellier me paroît être de ce
nombre-, s’il exige quelque foins pour fa multiplication
, ce ne font que des foins ordinaires,
fur-tout dans les climats, peu différens de ceux
ou il eft indigène. Semer des baies dans un terrain
ameubli, trar.fplamer avec précaution les jeunes
pieds qu’elles produifent-, nëtoÿer d’herbes pendant
quelques armées le terrera qui les environne,
ne point les Iattirer à l’ombre des autres arbres'
quand ils commencent à fleurir, voila vraifem-
blablement à quoi tout fe réduit.
Le canellier réfifte au vent-, il'produit beaucoup
de graines, on le coupe pour la première
fois à 5 ans, il fournira enfuite de nouveaux
jets, qu’on rjépépera tous les trois ans. La bonne
manière de lés planter ieroit de jes difpofer par
lignes , éloignés tes unes des aurres de 7 à 8 pieds,
et d’efpacer les, plants fur ces lignes à 5 ou 6
pieds.
Dans le giroflier, c’eft le calice de la fleur
que l’on emploie , dans le mufcadier , c’eft l’amande’&
une dès enveloppes du fruit. Dans le
Canellier, c’eft l’écorce intérieure; on choifit la
faifon, ou le canellier eft en fève , parce qu’alors
l’écorcement eft plus facile.-, l’écorce extérieure,
! trop ëpairfe & trop raboteufe eft rejéttée. Celle
qui eft au deffous eft d’autant plus fine qu’elle
approche le plus du centre. L ’âge dés arbres,
lenr pofition , les foins qu’on en prend, les ni—
. verfes parties qu’on écorce, produifent une
canelle plus ou moins fine ; auffi en diffingue-
t-on de trois fortes, de la fine, de la moyenne
& de la größere.
E P I
Pour avoir de la canelle, on coupe par lames-
longues, l’écorce intérieure qui eft mince, on
l ’expofe au foieil & elle fe roule d’elle même,
telle qu’on la voit dans le commerce. Sacouléur
eft d’un jaune rougeâtre 3 fon goût eft â c re ,
piquant , aromatique & fon odeur très pénétrante.
Quoi qu’on s’attache particulièrement à l’écorce
du canellier , toutes les parties de cet arbre font
utiles. On en retire des eaux diftillées, desefprits
volatils, du camphre , du fuif ou de la c ire,
de l’huile; on en fait diverfes compofirions.
Une livre de canelle donne 3 gros d’huile efien-
tielle 8tc.
Culture du Poivrier.
L e poivrier piper njgrum L. eft un arbrifleau
de la famille des myrrhes, dont la racine eft
fibreufe & noirâtre, ce qui prouve' qu’il eft
deftiné aux terres fortes. Sa tige farmênteufe
& flexible comme celle de la vigne, a befoin
pour s’élever, d’un arbre où d’un écbalas-, vers
le milieu de fes rameaux & plus fouvent aux
extrémités, on voit de petites grappes • feniblabiés
à celles du grofeiller, qui portent environ
■ 30 fleurs ; le fruit qui leur luccède, eft d’abord
•Vert , puis rouge de la groffeur d’un pois. La
plante [fleurit tous les ans une même deux fois,
fi elle eft forte.
On ne fème point le poivrier, mais on le
p l a n t e , l e . choix des rejettons demandé une •
attention férieufe. On peut le propager de marr
cottes,, ,ou de .boutures. Toutes les faifons ne
font pas* propre* à, cette, opération. 11 y a auffi !
du choix dans les t igesdont on veut faire f
dés bduVures., Ori doit choifir celles qui ont le j
bois bien douté, <k dans les climats ou les pluies :
font régulières , le commencement de la faifon
des pluies. ' "... ]
Le furplus de la culture du poivrier n’eft
pas difficile. Il fuffit de le placer dans les terres
grafles & d’arracher avec foin , fur-tout les trois
premières années, les herbes qui croiffent en abondance
autour de fa racine. Comme le foieil lui ;
eft très néceffaire ,’ on doit lorfqu'îl eft prêt à
-porter du fruit, élaguer les arbres qui lui fervent
d’appui, afin que leur ombre ne nuise pas à
fes productions. Après la récolte il convient de
l’en couder par le haut ; fans cette précaution ,
on auroit beaucoup de bois & peu de fruits
Le poivrier ne donne du fruit qu’au bout
de trois ans. La première année & les deux
qui fuivent font fi abondantes, que quelques
arbuftes produifent jufqu’a 6 ou 7 livres de ;
poivre. Les. récoltes vont enfuite en diminuant,
& l’arbufte dégénère avec une telle rapidité, '
qu’il ne rapporte plus rien à la douzième année. ;
Mais il eft facile d’en avoir toujours en plein
rapport.
„ Qji cueille communément le poivre en Sep*
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| tembre, quatre mois après la floraifon, & on
i l ’expofe 7 à 8 jours au foieil. La couleur noire
qu’il acquiert alnrs, lui a fait donner le nom
de poivre noir. On le rend blanc , en le dépouillant
de fa pellicule extérieure. Le plus
gros , le plus pefant, & le moins ridé eft le
i meilleur.
[ Cet efpèce de poivre ne fe confond ni dans
le commerce, ni en botanique, avec le poivre
de la Jamaïque, plus connu fous le nom de
piment.
L ’arbre qui le produit, croît aux antilles ;
le pere Plumier l’a vu à Sainte Croix, à Saint-
Domingue & aux Grenadines. C’eft fur-tout dans
■î les forêts de la partie feptentrionale de la Jamaïque
qu’on le trouve en plus grande abondance.
Les Anglois le cultivent avec foin.
Le poivrier, quand il eft en bonne terre,
furpaffe en hauteur nos noyers d’Europe, Il
ne s’élève que médiocrement dans les parties
fèches des forêts , où il fe plaît le plus. 11 fleurir
en Juin Juillet ou Août, fuivant les pluies .&
l ’expofition. Son fruit bientôt après mûrir. C ’eft
une baie, plus grofl'e que celle du poivre noir
ou blanc; Elle eft brune, ridée, d'un goût un
peu âcre , aromatique , & approchant de celui
du girofle.
Pour en faire la récolte, les nègres montent
fur quelques-arbres, ils en coupent ou en abattent
d’autres, ils en féparent les fruits, qu’ils font
fécher fur des étoffes au foieil pendant plufieur s
jours, ayant foin de ne pas les y laifler à la
rofée.
- Ainfi féchées, les baies fe rident, bruniffent
& paflent dans le commerce. Les Anglois les
regardent comme un des meilleurs aromates,
on en affaifonne les. fauces; .on en tire une huile-
eflentielle d’une odeur agréable.
Culture de Varbre, qui dorme- Vécorce de Wintery
du Gingembre & du Raven-tjara.
Le filenee des cultivateurs ou des écrivains
agronomes, prouve ou que ces épiceries ne font-
pas très recherchées^, ou quelles n’exigent pas
de foins pour leur multiplication.
On a donné à l’écorce d’un arbre de Mads—
gafear , le nom d écorce de Win ter, parce que
Win ter fut le; premier qui l’apporta en Angleterre,
& qui la mit en. ufage. Elle eft plus
épaifle , plus forte, plus terne que la canelle
blanche , avec laquelle on la confond fouvent.
On la tire du tronc & des branches.
L ’arbre aime les endroits pierreux. Les Indiens
emploient l’écorce dans leurs parfums. Elle
donne beaucoup d’huile eflentielle dans la diftil—
lation.
Le gingembre le trouve dans le Decau, dan8
tout L’Archipel Indien, au Bengale , fur la côte
de Malabar. On croit même qu’il y en a sus