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les deux tiers de l’amende , laquelle leur fera
pavée par le greffier qui les recevra toutes & en
rendra compte à la fin de chaque année.
ce Ce qni refiera des amendes dans les mains du
greffier , fera employé à l’entretien des plantations.
»
Moyen cf entretenir les plantations d’Hoyas fans
dépenfes pour les habitons.
k Plufieurs des Communautés affligées par les
fables, font propriétaires de marais qui fervent
au pâturage de leurs befiiaux •, ces marais fort
vaftes font exceffivement négligés; l’état de ftag-
narion dans lequel ils font, eft te l, que le quart
à peine eft pâturé. «
« Les Communautés de Berk & de Groffliers,
joniffent enfemble d’un pâturage commun qui
doit avoir trois cents arpens j celle de Cucq en
a un également vafte. 33
e i f ferait facile de difiraire quarante mefures
du premier, & vingt-cinq du fécond, & de les
aliéner pour trente années , par parcelles de
quatre mefure^, au plus offrant, à la charge
de les clore, de les deffécher , & de planter
le tour de chaque partie en faules &. autres
bois. |
c< Le produit annuel des baux emphitéotiques
ferait touché par le greffier de la Municipalité,
& employé aux frais de l’entretien annuel des
plantations d’Hoyas, ce feroit une_refîburce pour
les pauvres, qui gagneroient chaque année ces
fommes par leur travail.«
« Il ferait également facile à ces Communautés
de réferver de ce même quart, des parties qu’on
planteroit en bois taillis , & dont les coupes
réglées fe vendroient pour les mêmes objets.
Ces plantations conduites par des perfonnes
intelligentes , font peu coûteufes, & rapportent
beaucoup. Elles feroient très-précieufes le long
des côtes de la Mer , où les habitans manquent
Toujours de bois. Plufieurs autres moyens locaux
& fubordonnés à des circonftances particulières,
peuvent fe découvrir. Ils feront îaifis par les
commiffaires qui pourront être chargés d’entrer
dans'tous ces détails. >3
Manière de mettre en valeur les plaines de fables
qui ne font pas expofées à l'invafion prochaine
de ceux des grandes Dunes ou Poudrières , ou
qui en auront été garanties par des plantations
' d’Hoyas.
et Deux caufes principales concourent à entretenir
l’infertilité des fables de mer , leur
incohérence & leur aridité. Ces caufes empêchent
beaucoup de Cultivateurs de tenter des entre-
prifes fur les parties qui en font couvertes.
Cependant il eft poffible de parvenir à rendre
ces fables auffi fertiles, qu’une infinité de terres
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qui coûtent beaucoup plus de frais de rnife en
valeur. Il fuffit de leur donner le gluten qui
leur manque, pour unir & confolidor leurs parties,
de manière qu'elles acquièrent la confif-
tance néceffaire pour la végétation. Ils contiennent
en eux-mêmes la matière de ce gluten.
33
« En effet, tout obfervateur attentif remarque
que' la cinquième partie au moins de ces fables
efi-compofée , fuivant les côtes, de détritus, de
coquillage» & d’autres matières calcaires , de
débris de madrépores, de zoophites & de beaucoup
d’efpèces de productions marines. Toutes
ClS matières hétérogènes mélangées avec le véi
ritable fable qui eft diaphane, & impénétrable,
confervent leur forme & leur nature, parce
que l’air les entretient dans une féchereffe continuelle.
'Si l’eau, qui eft le diffolvant univerfel
de la matière , pouvait y féjourner , elle les
divi ferait, les fondrait, par les mêmes procédés
qui dénui lent les corps les plus durs.. Le fecret
eft de l’y fixer. 33
« Des plaines fort étenduesfe rencontrent dans
les lieux couverts de fables, fi elles ne font pas
expofées à une invaiion prochaine par le voifinage
des-grandes Dunes, ou fi elles en font garanties
par des plantations d’Hoyas, il eft poliibie de
les mettre en \ aîeur, en fuivant les leçons que
la Nature nous donne dans ces endroits ^l’auteur
du mémoire n’a ceffé de la consulter. Il
eft certain que fes précept.s font toujours préférables
à la plus belle théorie’ »
« Nous remarquons dans ces déferts que , tant
que le fable refte en plein a ir , il eft le jouet
de tous les vents, & eft conféquemment infertile,
parce que les racines d’une partie des pl.ntes qui
y germent font découvertes à chaque coup de
vent, & que le furplus eft étouffé par le fable,
adventice. Nous voyons au contraire que lorf—
qu’une croûte d’huinus fe fonne & le couvre,
les parties hétérogènes entretenues humides f è .
fondent & changent de nature , de manière
qu’elles convertiffent, pour ainfi dire, Ce fable
en terre végétale. Pour profiter de cette leçon
il eft facile de hâter cette tranfmutation en employant
des moyens que la Nature ne réunit
pas, en opérant, mais qu’elle nous indique, en
nous communiquant font fecret. n
« Si l’on veut obtenir le fuccès de la mife en
valeur d’une quantité déterminée d’arpens de
fables crûs dans un lieu garanti de l’invafion
des Dunes par l’art où le hazard de fa pofition,
il eft très-important de la choifir la plus unie
poffible; moins il fera élevé, meilleur il fera.
Si des terres ou petites Dunes, ou des éléva-?
tions détachées s’y rencontrent, il faut les ap»
planir; ce premier travail eft très intérefîant,
parce que les parties élevées ne pourroient pas
conferver la maffe d’humidité qui s’entretient
dans un terrein bien nivelé. L ’humidité, qui
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n’eft que Peau divifée, s’entretient par le n i- 1
veau , jufqu’à ce que des caufes particulières
la diffipent. «
et II eft néceffaire d’élever vers la M e r , le
long du terrein, une crête de fable de la hauteur
de deux pieds au plus, en perçant un foffé en
avant; cette crête fera garnie d’une petite haie
fèchè, de deux pieds au plus d’ élévation. Ce
premier travail à deux objets ; r.° il rallentit
faélion du vent fur la partie qu’ on veut cultiver,
& par une fuite néceffaire , les fables qui
la couvrent ont moins de mouvement ; 2.0 ceux
que le vent amènera du dehors, combleront ce
foffé, & en s’élevant infenfiblement contre la
haie, ils formeront un plan incliné en dehors,
au lieu de fe répandre en dedans. Ils fe fixeront
immuablement, fi on a l’attention de couvrir
ce glacis déplantes d’Hoyas bien arrangées,
qu’il faudra entretenir.
« Après ces travaux préliminaires, il y faut
femer, fans labour précédent, du bigle & des
bizailles froides; ces grains étant renfouis au binot
de la même manière que dans les terres , des
herfes rabattront les filions. Il ferait très-utile d’y
épandre des pieds de meules ou de greniers de
foin , pour y femer de l'herbe qu’on recouvre
d’un tour de herfe. «
a Incontinent après il eft indifpenfable d’étendre
fur le champ du fumiei , dans la quantité qui
is’emploie dans les terres ; le plus long eft le
meilleur. Ce fumier empêchera le fable de voler
dans les coups de vents d’Oèlobre & de Novembre.
& conféquemment de découvrir les racines des
jeunes plantes. Il leur procurera un autre avantage,
ii leur fervira d’abri pendant l’hiver. Les
neiges & les pluies l’atterreront au point qu’il
pénétrera dans lés fables, de l’épailieur de deux
& trois lignes. 11 s’y décompofera par l’hu-
midité, l’eau portera aux racines des plantes,
les parties fubftantielles que l’air n’aura pas
emportées ; dans ces premiers infians, il eft plus
intéreff.nt de donner à ces fables de l ’humus que
des Tels, n ‘ /
« Les .grains & les herbes ferries enfemble ,
poufferont une infinité de racines, qui, en s’entrelaçant,
commenceront à lier lès fables, leurs,
fanes ferrées en arrêteront la fur faceen y entretenant
une humidité bienfaifante. r>
u Un“ croûte légère fe formera par ladécom-
pofition du fumier, & par celle d.-s premières'
fanes du feig'le & des herbes , qui meurent &
fe lèche fucceffi ..ornent contre la terre. L ’ombrage
de ces plantes la garantira de la féche— ,
reffe. L’humidité inférieure reienue par cet
abri, procure;a un aur e avamage , les matières
calcaires s’en imbiberont. Les gelées de l’hiver
les diviferont & les réduiront' en chaux , lés
détritus des plantes marines & ceux des zoophites
fe pourriront , toutes e s matières fe
changeront en humus. Enfin la pôufîière argi-
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leufe fe détrempera & s’amalgamera avec le»
antres fnbfîances. »
“ Toutes ces parties hétérogènes délayées & portées
par l’eau des pluies dans les interflices des
grains de fables, boucheront les vides quelenrs
formes variées à l’infini , tenaient roujours ouverts
& remplis d’air. Elles deviendront le gluten
de ces f blés , qni acquéreront, dans les
parties ainfi enrichies, la même cohéfion que
les terres potagères. 33
« Si le printems eft humide, les plantes trouvant,
dans la décompofition de toutes ces parties,
une nourriture auffi fubfiancidle qu’abondante,
poufferont avec vigueur, & garantiront
le fol des ardeurs du fo le il, jufqu a., la fin du
mois de Juin. «
« S i, à cette époque , les chaleurs deviennent
exceffives pendant quelques rems, l’efpérance
du Cultivateur diminuera, parce qu’il verra fon
grain s’éclaircir parle deffèchemem de fes fanes;
peut-être des parties périront fi le pied n’eft
pas bien couvert d’herbes, mais ii devra moins
calculer fur le produit de cette première dépouille,
que fur les avantages que lui donnera
la tranfmutation d’une plage de fables infertiles,'
en une belle prairie, dont il augmentera à fon
gré les productions, proportioneilement aux
engrais qu’il y portera, n
u II fera néceffaire de laiffer, en moiffonnant ,
le chaume un pea haut & adhérant à la terre,
& conféquemment le pied de l’h erbe, & de
n’en rien enlever pendant l’hiver. Il feroit même
utile d’empêcher les befiiaux d’y pâturer. Ils
pourroient émouvoir le fi-hle , en brifant à
chaque pas la croûte légère de l’humus , que
ia décom pofition du chaume & du pied de l’herbe,
ainfi que des racines, augmentera fenfiblementj
pendant l’hiver les pluies & les gelées achèveront
de fondre toutes les parties hétérogènes &
de les amalgamer avec le fable, n
cc Au printems fuivant, fur-tout dans les premiers
jours d’A v r i l, il fera néceffaire de donner
à ce nouveau champ un labour léger, d’une feule
raye, mais ferrée , afin de retourner foute la fur-
face ; fi elle étoit profonde , on enfouiroit trop
avant la terre végétale , & on remettroit au-
deffus du fable crud , qui n’auroit pas encore
reçu les bienfaits de la culture précédente.
«
u Incontinent après ce labour , il faut enfe—
mencer la te.rre en bizailles chaudes, & les renfouir
avec la herfe, de manière que la terre
foit bien unie. Si l’on différoit de femer , la
terre ouverte par les filions fe deffècheroit ;
il eft très - intérefîant de conferver fon humidité.
n
« Avant de donner le dernier tour de herfe,
il fera utile de femer du trefle jaune ou lupu-
line j à raifon de deux boiffeaux par arpent,