
fuffirom & l’entretien de l’Etang, même dans le
cas de fëcherèffesy e’efi-à-dire , fi dans cés cas,
il reliera une maffe fuffifanre d’eau, à l’entretien
& àlaconfervation du poiffon. Sur cette première
v u e , on déterminera la longueur & largeur
de l’Étang -, mais ce feroit la plus grande
fo lie , que d’entreprendre une pareille .opération
> .‘toujours très-c.oûteufeji on n’étoit pas
afluré du plein fuccès -, .& fi l’on fe confioit
trop fur l’abondance des pluies. Un bon Etang
doit Tiéceffairement être .rafraîchi par.l’eatt des
fources ou d’un ruiffeau , fur- tout dans les provinces
méridionales de la France •, fans cela le
poiffon diminue de valeur plutôt que d’en acquérir.
,
11 eft poflïble à peu de chofe près, d’évaluer
combien de pouces d'eau , l’Etang reçoit par
jour ' ou des fources, ou des ruiffeaux. Plus il
y aura de furface, plus if y aura d’évaporation y
& cette évaporation fera encore, en raifon de la
profondeur. De-là réfulte la nëceftité de tenir les
bords élevés j afin que les eaux foient moins
répandues & ' foient "plus profondes y alors les
rayons du folejl & leur, àéïion ne pouvant pénétrer
jüfqu’au fo l , ’échaufferont moins l'eau ,
çllé le voîatiliferà moins.
La plupart des Etangs un peu confidérables ,
ont le défaut d’avoir dés bords trop peu élevés,
d’où il réfulte une évaporation ,• qui ne laide
pas que de devenir nuifible à la fanté des ha-
bitans, qui demeurent dans le voiiiriage.
On doit encore confidèrer fi les- eaux que
Ton emploie à la,formation de l’Etang, ne paf-
fent pas fur quelques veines de minéraux contenant
du cuivre ou du plomb, &c. le poiffon
languiroit dans de pareils Etangs; & y périroit.
Il eft de la dernière importance que l ’eau ait
une certaine profondeur, qu’elle ne s’étende
pas inutilement, & au loin fur les bords feulement
y cet excédant eft inutile au poiffon y il eft
le repaire des infeéles, la caufe de la corruption,
de l’air & la pefte du voifinage. .
Du local de VEtang. Le premier foin eft de
s’ affurer fi le fol retiendra l’ eau -, fi fous la première
petite couche de terre, on ne trouvera
pas un banc de fable ou de gravier, ou des.
feiftiires de rocher-, en un mot fe convaincre
par les fondes multipliées, qu’il ne fe perdra,
point d’eau. Le fécond eft de donner différens
coups de niveau , afin de s’all'urer de la. hauteur
de la chauffée une '(ois déterminée à quelle
hauteur l’eau montera , & quelle fuperficie de
terrein en fera recouverte. Le troifiémë, d’examiner
fi toutes les parties qui feront fous l’eau,
appartiennent au conftruéteur de l’Etang, fans
quoi les proéès ferqierit multipliés à l’infini,
à moins que par des arrangemens préliminaires,
& paffés pardevant notaire , on ne fut plus dans
J© cas de demander dès' dédommagemens'. Le.
quatrième eft d’éloigner l’Etang autant qu’il ef!
poflible des habitations & fur-tout de ne pas
le placer au vent de; ces dernières - la falub-rité-
de 1 air en dépend abfohiment.
Ces premières obfervations pratiques, en fup-
pofent d’ autres qui tiennent à la fpéculatioiu
Combien coûtera la chauffée à conftruin ? Combien
rapportera cet Etang, en fdppofant la plus
grande réuftite ? Combien rapportent actuellement
lès terres dèftinées à être converties en Etangs ?
Enfin en luppofant qu’elles foient marécageufes ,
combien en coûtera-t-il pour les égoûrer , & quel
feroit alors leur produit ? Cet examen demande la
plus grande attention de la part du propriétaire*.
Ce n’eft pas tout y après avoir porté la réuftite de
l’Etang au plus haut, il doit de nouveau calculer
fon produit au plus bas, & recommencer
tous les calculs de comparaifon : le chapitre
des accidens elt immenfe , & il le forcera dans
la fuite à fe convaincre que deux. -& deux ne.
font pas toujours quatre, lorfqu’il s’agit d’un
Etang.
Tout fond bas peu fervir au placement d’un
Etang, parce que l’eau y féjowme~tjaturellemenrs
& il fert de réfer voir à toutes les eaux des pluies.
Ces pofftions entraînent après elles un grand
inconvénient, c’eft le rehauffement du fond par
les terres que les eaux des pluies entraînent &
qui comblent la tranchée ouverte dans le bas ,
afin de laiffer écouler toute l’eau du côté delà
porte de i’éclufe.
La pofirion la plus heureufe eft celle formée
par le rapprochement dé deux eôteaux, ou deux
collines-, il y a alors beaucoup moins de longueur
de chauffée à conftruire. Communément on trou-
■ ve une profondeur convenable fur le devant &
fur les côtés -r & la hauteur, de. la chauffée détermine
l’efpaçe & la circonférence qui fera par
la fuite recouverte d’eau. Avant de donner le
premier coup de pioche, il convient d'examiner
fij l’on aura la facilité de procure* l’écoulement
non-feulement des eaux qui affluent chaque
jour, mais encore de toutes celles qui
tombent par adverfes- pendant, les orages, ou
qui s’y raffemblent après des pluies confécutives
& de durée y fans cette précaution,. la. réuftite.
de 1 Etang eft plus que doureufe..
De la chauffée. C’eft la partie la plus effen-
tielle & Famé de l’Etang y enfin celle qui.
. fupporte le poids énorme de la maffe d’eàu.
Lorfqu’on a. défigné la place que doit occuper
la chauffée, & avant de commencer fa conf-
truétion, il faut s’occuper de la confiruclion de
la porte de l’ëclufe, dé la bonde ou pale-, cette
partie fera en bonne & folide maçonnerie". La
plus légère parcimonie tire à la plus grande.conséquence.
Il convient donc de choifir pour cet
ouvrage & le meilleur ouvrier,. & les meilleurs-
matériaux«.
Si la chauffée a , par exemple, huit à neuf
pieds d'élévation', fon diamètre , dans la partie
fupéîicure, doit avoir l’épaiffeur de huit à n uf
pieds y & c lui de là bafe fera au moins le triple
deda hauteur, par conféquent de vingt-quatre
pieds de diamètreÿfur huit de hauteur-, de vingt-
fept fur neuf, de trente fur dix y il eft même,
très-prudent d’étendre beaucoup la bafe y mais
ce principe que l’on vient d’établir eft de rigueur,
& il offre le plus' petit diamètre qu’on puiffe
donner. Une chauffée de huit pieds d’élévation ,
doit fupporter feulement une colonne d'eau de
fix piedsde hauteur, & ainfi ptoportionncllement
fur toutes les hauteurs,Ces deux pieds en fus, fervent
à retenir les vagues caufées par les vents,
car fi l’eau ainfi agitée paffe par-deffus la chauffée
, elle eft perdue, à moins qu’elle ne foit
recouverte en-deffus, & du côté de l’écoulement,
d’une forte maçonnerie, objet très-coûteux.
Pfe' HfflBia wmBpI
Suppofons donc une chauffée qui aura huit
pieds d’élévation, autant de crête & vingt-quatre
pieds de bafe. On doit choifir l’endroit le plus
bas du local, enfin le mieux firué p o u f que
l ’eau puiffe s’écouler librement. On pratiquera
dans cet endroit un canal en maçonnerie, dun
diamètre de dix-huit à vingt-quatre pouces en
îôus fensy. enfin proportionné au volume d’eau
qui doit y paffer. La bafe de ce canal doit avoir
deux pieds d’epaiffeur en maçonnerie , & être
portée fur une maffe d’argille bien corroyée &
bien battue. Les côtés & le deffus conftruits., le
même corroi doit régner tout autour y la précaution
eft indifpenfabie, _afin.de prévenir l’af-
foui liment des eaux , qu’il eft prcfque impof-
iible de réparer dans la fuite , fans une dépenfe
prtfque égale à celle de la première conftruèlion.
Si on a çle la pouzzolane, c’eft le cas de la.
mêler au mortier employé, à la conftruélion ,
& d’en parer la maçonnerie dans les parties intérieures
du canal y elle préviendra les infiltrations.
La partie de la maçonnerie qui correfpond
à l’intérieur de l’Et mg , doit être élevée en pierres
de taille, folidement pofées & liées avec la maffe
de la maçonneriè du canal y dans ces pierre
fera crenfée la rainure dans laquelle doir gliffer
l’empalement deftiné à interceptér à l’eau fa
fortie de ce canal -, enfin l’ouverture- du canal
derrière l ’empalement fera garnie, de forts barreaux
de bois, féparés les uns des autres d’un
demi-pouce feulement. La partie oppofée, ou
l ’autre partie du canal, fera également terminée
par des pierres- de taille, afin de prévenir les
dégradations. Dans quelques endroits, la maçonnerie
qui fondent l’empalement,, s’élève auffi
haut que la chauffée, & la précaution eft fagey
dans d’autres, les fupports de l'empalement font
en bois :*ce font dé bons & forts pilotis enfoncés
avec le mouton , & liés les uns aux autres
par des traYerCes. La première méthode eft gréférable
y la fécondé eft indifpenfabie Iorfqu6
les pierres dures font rares y*mais elle eft plus
fujette à ' être détériorée, & à de grandes
réparations-.
Le canal , une fois folidement confirme, il
s’agir d’éleyer la chauffée.. Avant de donner le
premier coup de pioche, il convient de tracer
fur toute la longueur que doit occuper l’Etang,
un large foffé qui , prenant de fon extrémité la
plus éloignée, correfponde à l'empalement, &
enfuite tirer des lignes diagonales des côtés, qui
correfpondent à ce grand foffé. La terre tirée-
de la partie des foffé? les plus éloignés, fera
la première enlevée & formera la bafe de la
chauffée, & ainfi de fuite, jufqu’à ce qu’on
arrive à fon pied, qu’on appelle la poète. A-
mefure que l’eau de l’Etang s’écoule, le poiffon
fe retire dans les foffés y petit-à—périr il vient
fe raflembler dans la poêle,: où enfin il refte
à fec.
Le diamètre en tout fens de cette poêlé, doit
être proportionné à celui de l’Etang, c’eft-à-
dire, qu’il doir avoir douze à vingt-quatre pouces
par ar-penr. On peut même dans cette poêle,
en ménager une plus profonde & de beaucoup
plus étroite , afin de-raffembler promptement
le poiffon dans un endroit eirconfcrit.
Ces deux poêles feront toujours , quelque profondeur
qu’on leur, donne ,, de niveau avec la-
bafe de l’ouverture du canal , afin que toute-,
l’eau s’échappe par cetté ouverture, & que le
poiffon refte à fec, d’où on. le peut enlever pliis;
commodément.
I e fécond avantage de ces poêles & des foffésÿ.
eft de de flécher, dans la fuite le terrein, lorfqu’on
veut le convertir en champ & de fosmir la:
quantité de terre fuffifante à la conftruélion de
la chauffée.
Le troifième, comme la poêle eft: plus creufe
que le refte de l’Etang,.la colonne d’eau eft plus»
confidérable & garantît par confëquent le poiffon
des funeftes effets du froid & des gelées. Le
grand foffé- & les foffés latéraux qui abôutiffent
à la poêle, donnent aux poiffons les moyens de-’
s’échapper dans la poêle, lorfqu’unè gelée vive;
& fubite glace la fuperficie de l’Etang.
II eft bon & même effentiel d’obfervèr que'
les terres Amplement remuées, s’affeîff; nt d’un:
pouce; par pied & que l-’afFaiftèmerif eft beaucoup
plus confidérable lorfqu’ elles onrétéJ tranf-
poriées y ainfi une chauffée dëftinée à avoir conf—
fianjment huit pieds d’élé\arion, dut dans le principe
être montée à fa hauteur de neuf pieds, fans-
cette arrention on fe trouvera bien loin de compte
:. à la fin - de 1 année il faudroir l’ex-hauftèr
de nouveau, & peut être fera-t-omfort embarafféi
pour fe procurer de la terre.-
Si la* chauffée n’a pas une- longiré ' pôrîéé,;