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M. Hubert, colon deftte de Bourbon écrivoit,
le io Novembre 1780 / qu’il étoit déjà dédommagé
de fes foins, peines & dépebfes pour la
inuliipiication du ■ giroflitr. Un léul arbre, le
premier qui ait rapporté dans fon habitation,
îu ia produit lo oco livres^ tant en baies qu’en
plant. Il avoit vendu les premiers 40 fols, &
en fuite 20 fols-, & les baies 10i fols/, alors il
poffédoit 1700 girofliers, qui commençoient à
donner des dou x; fon frère en avoit ip co du
même âge , non compris 2CQ0 jeunes -plants«,
qui étoient en place.
Ves Muf:adiers. 1775.
Cinq mufcadiers, dont un femelle & fauvage
T d a minima de Rumphius, fleurirent dans le
courant d’Oètobre, quatre autres fleurirent en
Novembre.
Deux mufcadiers moururent en Décembre en leur
retirant la vafe mortifère • ce font des expreflions
de M. Ceré; ou peut en inferer que pour faire
périr ces arbres,ou par ignorance, on avoit mis
a leurs pieds une vafe, qui leur a été finie fie.
Deux mufcadiers dont un femelle. & fauvage,
fleurirent- en A v r i l, trois autres en Décembre.
Dans ceux-ci il en avoit un femelle & aromatique.
' • „
Ce fut cette année que M. Ceré s aperçut qu il
y avoir deux fexes fur difrérens pieds dans le
jnufcadier> ou ce qui eft la iiiêine çhoféj que
c’étoit un arbre dioiqué.
I I777*
Il fleurit en Février un mufeadier mâle fauvage,
Palaboy de Rumphius -, en Août, un
femelle, planté par M. Poivre , en Septembre
2.8 dont 6 foupconnés d’être femelle ; ces 29
derniers étoient aromatiques.
Les fleurs de mufcadiers femelles^ tombèrent
nouées > après 9 , 10 ou 12 jours dépanouiffe-
ment.
-M. Ceré reconnut que les mufcadiers fauvages
étoient dioiques, comme les aromatiques*
En Février , plufieurs mufcadiers, „ dent 8
femelles fleurirent en Mars, il fleurit encore 9
femelles. ,
On vit en Mars 7 mufeades, dont 6 fur 1 arbre
venues de noix de la première importation &
plantées par M. Poivre.
Le 16 Janvier fuivant, le mufeadier femelle,
oui avoit 6 fruits, commença une fécondé flo-
fgifoo \ le 25 Février une partie des fleurs tomba
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fans nouer, lécha & montra fes premières muf*
çades. le 25 Mars, i"autre partie développée.
Depuis ce ietîis là cet arbre a fleuri & montré
des fruits tous les mois. - : .
Le vent fit-tomber toute petite la noix qui
étoit fur un des mufcadiers.
1779.
On comptoit 3I mufcadiers en fleur, dont
9 femelles.
Trois mufcadiers avoient en tout 6 fruits. Sur
9 femelles connues fix fe trouvoient en rapport.
On marcotta un mufeadier mâle & un femelle.
Les 4 premières noix mufeades recueillies dans
l’Ifle ayant été miles en terre, donnèrent des
plants Créoles. Une d’elles a levé en 36 jours ; le
plant qui en eft venu a péri aufli-tôt, un fécond
plant a péri plus tard, un troiflème a été dévoré
par les rats* .- • .
On a recueilli cette année 6 noix qui diffé-
roient entr’ellcS de fo rm eM . Ceré a donné des
noms particuliers à chaque arbre & à chaque
forte de mufeade , tels que ceux de mufeade royale
longue-, mufeade royale ronde,mufeade reine longue,
mufeade reine ronde. . ' ~V
Le 23 O&obre 42 mufeades furent développées
fur trois arbres.
1 7 8 0 . /':.
Un ouragan, furvenu le 21 Février, abattit
30 mufeades vertes.' %
On mit en pépinière 7 mufcadiers Créoles,
Quatre provins furent commencés pour
Cayenne, . . , .
Le 24 Ju in , on obtint fix noix du cinquième
rapport du mufeadier roy al, produit d une noix
plantée par M. Poivte.
Beaucoup de noix jettées par -1 ouragan, ou
tombées des fuites avant -maturité,
1781.
Plantation de 5© mufeades, provenans de difi*
férens arbres.
1782*
En Mars, 11 mufcadiers en rapport-, quatre:
cents quatré-vingt-cinq mufeades plantées, g
Quarante-quatre mufcadiers Créoles en pépinière.
' r
Une marcotte de mufeadier femelle a été tranl-
plantée au Jardin du Roi, & un autre envoyé!
à M. Lecomte, à l ’Ifle de Bourbon,
1733..
Un ouragan, qui a eu lieu le 10 Janvier, a
fait perdre 4 M arbres, 236 mufeades avancées*
E P I
Le mufeadier royal feyl en a perdit r8o , prêtes
à s’ouvrir.
Depuis le premier rapport il a été planté 58,61
mufeades mûres.
Le 25 Oélobre il y avoit en pépinière 153
mufeades Créoles, depuis.un pouce de hauteur
jufqu’à dix-huit.
On a recommencé des provins de mufeadier
mMe, pour l’île de Bourbon.
De 48 mufcadiers de Touche, remis à M. Céré,
il n’en reftoit plus que 34 , favoir, 20 mâles &
14 femelles, dont trois étoient encore effeuillés
& languiffants, par les effets de l’ouragan.
1784 & 1785.
Les fix premières noix mufeades aromatiques,
venues au Jardin du Roi, mûrirent en Décembre
1778, & en Janvier 1779. Il n’en réuflit qu’une
feule qui leva vers le mois de Mars 177^9, &
donna un arbre femelle. M. Céré l’appella mufeadier
royal, parce qu"il avoit été produit par
une noix, importée des Molucques-, en Ï770,
& plantée par M. Poivre lui-même, en 1771.
* Six arbres nés des noix de ce mufeadier, âgés,
de 4 à 5 ans , avoient été envoyés en 1783, à.
Cayenne, où il dévoient rapporter en 1787.
On y avoit joint deux provins de mufcadiers
femelles qui avoient rapporté.
A l’époque de 1785, il y avoit à l’Iflede France
18 mufcadiers femelles, tant de fouche que Créoles,
ou obtenus par des provins, dont 10 avoient
produit. Depuis 1779 ils avoient montré en tout
1088 mufeades, dont 846 rondes & 242 longues.
Les ouragans & les coups de vent en ont abattu
avant leur màrurité.
Il en étoit réfulté, i.° 60 plants, tranfplantés
dans le Jardin du Roi.
- 2.0 Deux, plants envoyés à lTfle de Bourbon.
3.0 Six plants envoyés à Cayenne.
- 4.0 Six plants donnés à M. -de Coffigny,
Ingénieur.
5.0 120 Plants dans les pépinierès.
6.° i 17 noix en terre, dont une partie germée.
On voyoit fur les arbres plus de 800 mufeades
avancées ou prêtes à s’ouvrir fous peu de teins.
Leffeul mufeadier royal en avoit 300 belles &
rondes.
1786.
Le coup de vent du 15 Juin 1785 a fait tomber
3'co noix encore vertes. Il a tellement dérangé
la végétation des çoo autres, que Ia’ plû-
part rie fonr pas venues à une parfaite maturité.
Elles s’étoient ouvertes fur les arbres &~avoient
montré un macis bien rouge St une coque noire
& iuifanre. En les épluchant on s’eft apperçu que
leurs amandes étoient échauffées. Elles n’orit pu
refiler allez de tems en terre , pour germer, fans
achever de fe gâter entièrement.
Agriculture. Tome I V .
E P I i o ?
Il ne reftoit en pépinière que 7 6 mufcadiers
& 61 mufeades en terre. ,
•Cette perle de noix a déterminé M. Céré à fe
fervir d’un moyen qui *kii avoit procuré déjà de
beaux arbres, celui, plus fût & plus prompt de
multiplier les mufcadiers de marcottes ou Provin -.
Il croit avoir réufft à affurer cette fource d e r i -
cheffe , fans nuire aux arbres.
On étoit plus avancé en 1786 fur les progrès
du giroflier. Les fruits de cet arbre offroit moins
de prife aux vents-, il étoit donc plus facile d’en
obtenir de mûrs pour des fetnis. D’ailleurs le
giroflier étant hermaphrodite & un individu
n’avant pas befoin du concours d’un autre, il
n’ê'fi pas expofé dans fa frudificarion à des dér?.n-
geiïiens que caufent fou'vent les vents & les autres
météores.
On ne peut qtflapplaudir M, Céré, qui au lieu
de s’en rapporter'-uniquement à la multiplication
des noix par les plantations, a réfolu suffi
d’employir la voie des marcottes. L ’obfervation
& l’expérience des accidens lui en faifoient une
loi.
Occupé fingulièrement du fuccès complet de
Tentre prife , il a voulu lire dans l’avenir & prévoir
combien la Colonie pourroit compter de muf—
cadiers à "la fin du fiècle. Au l;eu-d’établir 'les
calculs, année par année, jufquen iS co , comme
il a fait à l’égard des girofliers, il a partagé i’ef-
pace en quatre périodes.
P R E M I E R E P É R I O D E 1787.
Marche des marcottes,
Les quatre cent cinquante marcottes exilantes
ne feront fevrâbles qu’en Septembre. Il leur faudra
trois mois de féjour & de foin, dans des
planches préparées,’ où ils achèveront de former
affez de racines pour fupporter une tranfplanta-
non plus éloignée. Ils ne feront donc délivrables
qu’en Janvier 1787. Quoiqu’il y eût lieu d’ef-
pérer de les amener toutes à bien, M. Céré n’a
calculé leur réuffite que depuis le nombre de
deux cent jufqu’à celui de quatre cent, &. le tableau,
qui fe -trouvera ci-après, fera voir d’un
coup-t-d’oeil, la poflibiüté de leur progreffion en
raifon des trois hypothèfes & dans une proportion
moyenne.
Selon M. Céré., ces marcottes ayant réufli,
quelqu’en puiffe être le nombre, offriront les
avantages fuivans, :
i .° Ils auront dès lé moment de leur tranf-
plàntalion, autant de corps, de force, de hauteur
& de brandies, que des mufcadiers venus
dé noix de trois, quatre & cinq ans, puifqu’ils
auront depuis deux jufqu’à quatre & cinq pieds
de haut.
2.0 Ils auront vraifemblablement des fruits dès
la première année, & ils en rapporteront fùce-
D d