
che enflammée & gangrènée, la véflcule du fiel
grofle, & pleine d’une bile verte ; les inteflins
blanchâtres, avec quelques taches gangrèneufes ;
l’ovaire ne contenant que des oeufs, tous très«'
'p e tits , & dont quelques-uns par conféquent,
avoient diminué de grofleur, ou n’avoient pu
. croître ; car la poule étoit jeune, & pondoit
prefque habituellement. On voyoit au-deffous des
clavicules à la furface du corps, plufieurs efpèces
de phiyétenes, remplies d’une matière épaiffe &
glairenfe, de couleur jaune. La poche étoit
vuidè : ce qui prouve que la poule avoir digéré
même les derniers alimens; mais les inteflins
contenoient ^des matières.
Troijî 'eme expérience , 9 Juin lj8z%
Dans celle-ci j’avois pour but de favoir,
l.° f i de l’Ergot du Maine, (1) mêlé à un douzième
d’Ergot de Beauce, feroit suffi pernicieux
que de l’Ergot de Sologne ; 2.0 fi cette graine ,-
récoltée en 1777, c’efi-à-dire cinq ans auparavant,
expo feroit les animaux qui en mangeroient, aux
mêmes dangers que fi elle étoit moins ancienne;
3.“ fi en la fupprimant après en avoir donné
quelque temps, ou en employant des remèdes
convenables, on parviendroit à en corriger les
effets déjà fenfibles.
En conféquence des deux autres poules, en
auffi bon état que celles de la précédente expérience
, l’une fut deftinée à manger de l’Ergot
jufqu’à en mourir , & l’autre n’en devoir manger
que jufqu’a ce qu’elle en parût incommodée. Quoiqu’elles
habitaient un endroit qui n’éteit. pas
pavé, & où elles pouvoient trouver de petites
pierres propres à faciliter leur digeftion, j’eus
cette fois fattention d’y ”en faire jerter exprès.
Elles moururent toutes les deux fi promptement,
qu’il ne me fût pas poffibled’effayer fur l’une d’elles
des moyens de remédier aux effets de l ’Ergot; car
l ’une ne vécut que quatre jours, l’autre à peine cinq.
Chacune avoit pris par jour vingt gros d’alimens, y
compris l’Ergot, dont la dofe avoit éé'graduée
depuis un gros jufqu’à quatre ; en tout neuf onefs
de farine de méïeii, & une once & deux gros
d’Ergot.
Le /troifième jour, on leur avoit Iaiffé leur
nourriture, à laquelle elles ne touchèrent pas.
La troifième & la quatrième expérience du fécond
o rd r e a v o ie n t fait voir la répugnance
invincible des poules pour l’Ergot récent & de
Sologne. Gette dernière circonfiance indique
que de l’Ergot ancien, & d’un autre pays que
la Sologne, n’étoit pas plus de leur goût. Il
fallut continuer à les faire marger de force:
elles devenoient trille?, & fe laiffoient prendre
facilement; indice certain d’un commencement
( 1 ) Il a v o it été re cu e illi aux en v iions de L a v a l,
de foiblefle, d’un effet fenfible de l’Ergot, Déjà
la crête de l’une d’elles n’étoit plus fi vermeille
& cette poule avoit du dévoiement: ces-fymp-
tôrnes, qui augmentèrent k lendemain, parurent
auffi dans l’autre : elles étoient en mourant affaif-
fées & comme engourdies.
Ouvertures des "corps.
Les corps ayant été examinés après la mort ,
ont- offert les particularités fui vantes. Chacun
avoit fous le ventre une tache violette, de quatre
pouces de longueur, fuf un ou deux pouces de
largeur ; elle commençoit auprès de l ’anus, &
s’étendoit jufques vers le milieu du fternuin ;
toute la peau du tour de la tête étoit violette,
ainfï que les appendices de deffous le bec ; on
voyoit la crête noir.de, comme fi on l’eût br-ûlée;
couleur qui fe manifefioit dans fa fubfiance même,
fi on la difféquoit, fur-tout aux découpures. La
véflcule du fiel étoit remplie d’une bile foncée ; il
y avoit des taches' gangrèneufes & prefque du
fphacèle aux deux cæcum, qui exhalaient une
odeur.fétide. L ’ovaire étoit remplie de petits oeufs,
& dans le cloaque il y en avoit un avec fa coquille,
qui paroiffoit fain intérieurement. Au refie,
la plus grande partie de la peau & de la chair
étoit belle & fans odeur ; on trouvoir même de
la graiffe dans le péritoine, & fur le géfier ;
car ces deux poules n’avoient pas eu le temps de
maigrir.
Quelque accoutumé que je fufîe aux effets de
l ’Ergot, je n’en avois pas encore vu d’auffi rapides
, ni d’auffi conformes entr’eux. Ces deux
faits ajoutés à celui qui les précède , m’ont paru
prouver que l’Ergot du Maine, mêlé à un peu
d’Ergot de Beauce , & confervé plufieurs années,
n’étoit pas moins funefie que de l’Ergot de
Sologne,. & plus récemment récolté.
Quatrième expérience 3 15 Juin 1782. -
Puifque dans la dernière expérience., je navois
pu tenter des moyens de corriger les effets de
i Ergot, je réfolus de le faire dans.celle-ci, en
faififfant les premiers momens où je m apperce-
vrois que deux poules qui y feroient fournies,
commenceroient à être incommodées. Dans toutes
celles du premier & du-fécond ordre, j’avois
employé de la farine de feigle autant que je
I avois pu; dans les trois précédentes c’étoit de
la farine de méteil, c’efl-â-dire, d’un mélange
de feigie & de fromeni délayé dans de l’eaiî.
II me /efioif à faire ufage de la farine de pue.
froment, & d’en détremper même -avec du
lai5, afin de joindre a l’Ergor le meilleur aliment
qu’on piaffe donner à des volailles. C’efl ce que
j’effayai dè la manière fnivante.
I On forma deux fortes de pâtons, les utft
avec de la farine de froment, (1) la poudre
d’Ergot & le lait doux, pour les faire avaler
à une poule; les autres avec la même farine
Si la même poudre délayées, dans l’tau , pour
la nourriture d’une autre. Pendant les d ux premiers
, chacune prit dix-neuf gros de farine
& un gros d’Ergot: les deux fui vans , la do!e
d’Ergot fut augmentée de moitié-, St-celle de la
farine diminuée d’auta t. Le cinquième jour,
l’une & l’autre ayant mangé neuf onces & deux
gros de farine, fix gros d’Ergot , elles
me parurent moins vives ; on les pranoit plus
facilement ; leurs crêtes étoient Denver fées, de
droites qu’elles étoient auparavant : l’Utie l’a-
voit feulement terne , & l'autre déjà violette -,
fur-tout à fes découpurês, air*fi que les appendices
de d.eflous la têtè : leurs plumes ne fe
foiïten oient pas bien; les oqufs qu’on avoit fenti
tout formés , lorfqu’on avoit commencé à leur
donner de l’E rgot, n’étoient pas lortis. D après
les lignes obfervés dans les autres animaux, je
ne dey ois. plus douter que les poules ne fuffent
déjà malades , & qu’il ne fût temps de m’occuper
d’y remédier. Je leur retranchai 1 Ergot
& on leur donna à chacune par jo u r , vingt
gros de farine , délayée avec du lait pour lune,
& avec de l’eau pour l’autre. Celle-ci m’ayant
£aru le plus malade, puifqu’elle avoit de plus
du dévoiement, j’ajoutai à ta nourriture , pendant
quaire jours de fuite, quatre grains de camphre
pui vérjfé : dès le lendemain je les trouvai
mieux. Peu-à-peu elles reprirent leur vivacité,
& devinrent plus .farouches : elles pondirent;
le dévoiement de l’une d’elles ceffa ; leurs crêtes
fe redreffèrént, &. parurent plus vermeilles ;
mais îl fallut du temps pour que ces parties
fuffent dans leur état naturel. Je fis donner aux
poules de l ’avoine en grain, & quelques jours
après on les mit en liberté. Celle qui avoit été
le plus malade, & que je ne perdis pas de vu e ,
n’eût là crête parfaitement vermeille, que plus
de quinze jours après : l’autre nourrie de farine
& de lait feulement, fe rétablit plus promptement
après que je lui eut retranché l 'E r g o t : à
la* vérité, elle n’avoit jamais été auffi incommodée.
J ’obferverai, à l’égard de la couleur plus ou
moins violette que contrarie la crête des poules
qui mangent de l’Ergot, que le froid de l’hiver
produit fur elles quelquefois des effets fembla-
bles : les poules dans ce cas, font malades & ne
pondent pas; mais pendant les expériences où
je me fuis fervi de poules, il a fait chaud, car
le thermomètre a été de vingt à vingt-fept degrés
au deffus du terme de la glace. Cette conformité
entre les effets du froid & ceux de l’E r- 1
(1) On employa de îa farine, deftinée à faite de
belle pâtilfede, éc par conféquent de la. fleuc de è u ia i.
g o t, eft peut-’être une des plus grandes preuves
qu’on puiffe apporter en faveur de l'opinion de
ceux qui lui attribue la gangrène des Solognots*
Cinquième expérience , 16 Octobre 2782. *
Dans la dernière expérience , les deux poules
qui avoient été incommodées pour avoir mangé de
i’E rg o t, fe font rétablies par le feul retranchement
de cette graine. L ’une ayant été nourrie
de belle farine délayée dans du lait , & l’autre
de la même farine délayée dans de l’eau, & à
laquelle j’avois .ajouté du camphre. Il étoit incertain
fi le rétabliffement de la première étoit
dû au lait, & celui de la fécondé au camphre,
concuremment avec la farine de belle qualité,
ou feulement au retranchement de i’Ergot.
Pour m’en affurer, j’ai fait donner à une poule
quinze onces de farine de feigle, qui contenoit
le fon , & un gros d’Ergot délayé, dans de
l’eau. Le lendemain elle a pris quatorze, onces
de farine & deux gros d’Ergot. Le troifième
jour elle n’avoit pas digéré la nourriture de là
veille; fa crête étoit déjà violette, fes plumes
fans foutien, & la poule n’avoit plus la- force
de fe percher. Je fus étonné de la rapidité avec
laquelle elle fut attaquée de la gangrène. Je crus
qu’il n’y avoit plus rien à attendre pour retrancher
l’Ergot, car deux gros de plus l’auroient
fait mourir. On continua à lui donner pendant
deux jours, de la farine feule délayée dans de
le au : enfuite elle mangea cîe. l’orge en grain.
Le troifième jour après le retranchement de
l’Ergot, on s’apperçui qu’elle reprenoit fes forces,
fa crête refiant cependant encore violette ; enfin
elle revint p. u-à peu , & plus lentement que
les deux de la précédente expérience,Toit parce-
que celies-ci avoient eu pour nourriture de la
farine de froment, fojt parce que çétoit dans
une faifon plus chaude.
Il rëfulte de-là qu’en retranchant feulement
l’Ergot de la uourrirure des animaux auxquels
on en donne, ils fe rétabli fient, fans médicament,
de la gangrène qu’ils ont çontraélée,
pourvu qu’elle n’ait pas fait de progrès trop
confidérabies..
Sixième expérience , 22 Juin 1782.
Je cher'chois depuis long temps le moyen de
faire manger du pain ergoté à des animaux,
J ’avois effayé in£ uèKieuleuv^n t , en 1777 , d’en;
donner à un chien, qui l’avoir conflainment
refufé. La facilité avec laquelle les poules avalent
ce qu’on met dans- leurs becs, me décida à en'
nourrir une, d’un pain fait avec dix onces de
fleur de farine de froment, & deux onces &
demie d’Ergot. Une autre poule fut nourrie éti
même temps avec un. pain formé de douze onces. &