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à un très-grand feu, fans pouvoir ie réduire en
une véritable cendre- il s’eft feulement converfi
en une matière demi fondue, de couleur de
rouille, blanche_enquelques endroits, avec l’apparence
faline, & du poids d’un gros. Je l’ai
îefïivé avec deux onces d’eau diftillée; la leffive
n’a point fait effervefcence avec les acides -,
mais elle à verdi Je fyrop de violettes, & à précipité
des fels à baie terreufe & des fels à bafe
métallique -, elle étoit doncleüiiblementàlkaline.
’ L ’Ergot, dont j’avois enlevé l ’extrait, par des
dècoélions répétées, ayant été feché, pefoit fix
onces & cinq gros. Je l’ai également fournis à la
diflillation dans une cornue, au feu de réverbéré,
& j’en ai retiré trois gros & demi d’un efprit
roux, & fétide, qui verdiffoit le fyrop de violettes,
& fai foi t cependant peu d’effervefcence avec- les
acides. II étoit auffi couvert d’une couche épaiffe
d’huile brune & figée, qui pefoit deux onces
& demie., & demi-gros. Le charbon . relié dans
la cornue confervoit encore la forme des grains'
d’Ergot, & avoit pareillement une apparence
métallique : il ne fefoit point effervefcence avec
les acides, & ne verdiffoit pas le fyrop de
violettes.
Cette expérience reffemble, comme on voit,
à la précédente-, car les lix onces & cinq gros
d’Ergot diftillés en dernier lieu repréfentoient lés"
douze onces d’Ergot, que j’avois d’abord mis en
diflillation au bain marie : la quantité d’huile retirée
dans l’jun & l’autre cas, eft à-peu-près égale ;
la différence n’eft que de trois gros &_demi ; mais
ce déchet de la fécondé expérience, peut être
raifonnablement attribué à l’extrait que j a vois
d’abord féparé du gfain.
Gas contenus dans l'Ergot.
La recherche des différens fluides aërîformes ou
•gas, qui entrent dans la compofition des corps étant
ûn moyen de plus de les connoitre, donr on eft
redevable à la chimie moderne, j’ai cru devoir
examiner qu’t lie étoit la nature de ceux que
contenoit l’Ergot; ce qui n’avbitencore été tenté
par aucun des phyficiens qui l’avoient analy.fé.
Pour cet effet une once d’Ergot a été mis dans
"une cornue de verre, placée fur un fourneau ;
le bec paffoit a travers de l’eau dans une terrine,
& s’infinuoit fous ufi récipient, aufîi rempli d’eau;
appareil Ample, d’écrit par M. De Laffone,
■ premier médecin du Roi, & inferé dans les mémoires
de l’Académie des Sciences, année 1776.
Après avoif lai fié échapper l’air atmofphérique
de la cornue, j’ai_reçu d’abord vingt quatre pieds
cubes de gas., qui étoit de-ffair fixe, puifqu’il
éféignoit la lumière; enfuite en deux fois, cent
feize pouces cubes d’un gas, qui étoit en grande
partie, de i’a.ir inflammable; car à l’approche ,
.d’une lumière, la première portion a pris feu
& a jet té une flamme blanche, qui répandoit
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une .odeur empyreumatique; la fécondé porti©nr
également iliflammabie, bruloit avec u<ne flamme
bleue,
Analyfe dufeigle, h feu nu , ou par la Voie
fecke.
Douze onces de feigle ont été expo fées dans
une cornue au fourneau de réverbère, comme
l’Ergot ; le feu a été également conduit avec
ménagement. D’abord il a pàffé une once de
liqueur claire, d’un jaune citron, légèrement
empyreumatique * & qui rouffiffoit foibl'ement la
teinture de tournefol. A un feu plus fort la
liqueur, qui diftilloir, étoit plus Golorée, plus empyreumatique
& rougiffoit davantage la tèinture
de tournefol. Cette-fécondé fois il en apaffé trois
onces. Bientôt, & prefque en même teins,lit eft
entré . dans le récipient, une once d’huile
dont une . petite partie , très - légère , furria-
geoit la liqueur : la plus grande partie, plus
épaiffe & de la confiftance de la poix, /étoit
précipitée au fond. Ce n’eft que filr la fin de
la diflillation, qu’il a paffé un peu d’Alkali
volatil, fubftance regardée par tous les chi-
miftes , comme étrangère aux végétaux
qu on analyfe, & qui peut être produite par
les changemens ou altérations qu’ils éprouvent
dans ce cas , excepté- 1 orfque l’Aikali volatil
fe manifene dès les premières impreffiqns du
feu ; car alors on peut croire qu’il exifte réellement
dans les corps fournis à la diflillation.
Il eft reflé dans la cornue trois onces &. demie
-de charbon, fans faveur, fe réduifanr facilement
en poudre j ne produifant aucun effet avec les
acides; les grains de feigle avoient confervés
leur forme, ils étoient brillans à la furface , &
avoient un éclat métallique. Cette matière char-
bonneufe, pulvérisée & expofée dans un creu-
fet à un très-grand feu, étoit à peine incinérée
à la furface au bout de trois heures. Retirée
du feu & encore chaude, elle n’a pas formé
de pytbphore, comme le charbon de froment,
ainfi que je le ferai voir ailleurs.
' ' Pour fuivre de point en point tous les procédés
employés pour l’Ergot, j’ai diftilié de la
même manière le feigle que j’avois dépouillé
entièrement par des décodions, réitérées de fa
partie amilacëe, gommeufe. Ce n’éroit plus que
de F écorce qui confervoit la forme des, grains
feulement un peu applatis. J ’en retirai encore
de l’efprit acide & de l’huile empyreumatique :
le charbon avoit l’afpeél métallique,' comme
celui du feigle qui n’avoit pas bouilli et étoit.
auffi difficile à incinérer. Une partie réduite
en poudre par douze heures, d’ignition, 5c
leffivée dans l’eau diftillée, a verdi à peine d’une
manière fenfible , le fyrop dé violettes ; le fur-
plus du charbon a donné une affez grande
quantité d’Alakli fixe.
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Gas contenus dans le feiglé.
Une once de feigle, diftillée pour en obtenir
les gas a donné; i.°, trente-fix pouces d a i r ,
dans lequel la lumière bruloit un p eu . moins
bieff que dans l’air atmdfphérique > c étoit de
l’air atmofphérique mêlé à un peu dàir fixé ;
i.t ; quatre-vingt-quatre pouces d’air inflammable
& trente pouces d’un air plus inflammable
encore: I qui répandoit, fans détonner, la
flamme de l’efprit-de-vin.
Cprnpâraifn de cei te analyfe avec c elles qui Vont
précédée.
L ’analyfe que je viens de faire de EErgot,
me paroît juflifier ce qu’avance M.' Réad, qui
dit, que les grains ergoté», fi on les préfente
à la flamme d’une chandelle, s’aîlument comme
les amandes , & fe convertiffefit en une cendre
noire, d’une odeur empyreumatique, & auffi
luifante que celle des cornes & des cheveux
brûlés. Il y a en effet une grande parité entre
les produits de l’Ergot & ceux des femences
émulfiyes, & en particulier des amandes douces;
car celles-ci donnent, dès les premiers degrés
du feu , un phlegme fenliblement alkalin, -un
efprit alkaii volatil très-roux, & une quantité
confi lérable d’une huile brune & très-épaiffe.
M. Réad, qui a diftilié l’Ergot à feu nu, en
a également retiré de l’alkaii volatil , une
huile épaiffe & brune, & un charbon très—dif—
fîciié à incinérer : d’où il conclut que l ’Ergot
a une qualité“aikaline manifefte. Peut-être eut-
il'é té plus exaeï de dire qu’il étoit 1-uf^.eptible
de s’altérer facilement au feu & qu’il peut fouiv
niç de l’alkali volatil ;. car il eft^ certain que
f efprit- reèleur rétiré' dé l’Ergot n’eft point du
tout aikalin. " ' ^
M. Model, chimifte ruffe, dans fes recréations.
pbyfiques & chimiques, a publié une •
analyfe de l’Ergot qui paroît prefque.entièrement
• oppofée à celle que je viens de détailler ; car l’auteur
dit avoir retiré, de quatre onces. d’Ergot,
deux gros & quelques grains d’un flegme pur,
dont la faveur étoit déjà acide. A un feu beaucoup,
plus fort, l’Ergot donna fix gros d’une
liqueur plus acide & plus concentrée que celle
qu’on avoit retiré du feigle; enfuite il pafia
une huile jaune, mais figée & f mblable à l’huile •
de cire, du poid de trois gros: enfin, une once
d’une huile brune & fétide. -
M. Parmentier a auffi fait l’analyfe de
l’Ergot, qu’il a, inféré fous le titre d'obfcrva-
tions & à'additions , dans l’ouvragé de M.
Model, dont il a donné la traduètion. Ce chi-.
mifte français convient que dans l’analyfe à feu
na.il a obtenu beaucoup d’huile Sl de .l’alkaii. ,
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j volatil. Mais, dit-il, page 439 : « tous les grainsV
» dont nous nous nourriffons donnent à la fin
» de leur diflillation ces deux produits, en plus,
» ou moins grande proportion. Ce font leur
» mucilage & leur partie corticale, qui fourniffent
» l’alkaii volatil-, car l’amidon ne donne abfolu-
» ment que de l’acide & de l’huile. » On ne
fauroit douter que les femences farineufes
ne, donnent .de! l’alkali volatil & de l'huile.-
Mais comme ledit M . Parmentier lùirmême,
ce n’efl qu’a la fin déjà diflillation / ail lieu que
l’Ergot donne de l’alkali volatil, dès les premières
impriflîons ‘de la chaleur, & il fournit
beaucoup plu» d’huile qu’aucune femence fari-
neufe. M. Parmentier ne peut attribuer à
l’écorce l’alkali volatil qu’on en retiré,' puifqu’il
affure cjue l’Ergot n’a point d’écorce ,
quoique cependant il en ait . une fenfible qui
s’enleve par la- diffeélion, & c’eft dans, perte
pellicule que réfide la partie colorante. A l’égard
du mucilage , M .. Parmentier ne. décide pas
qu’elle eft l’efpèce que l’Ergot en contient,
ce qui eft d’autant moins indifférent, qu’il n’y
en a qu’une feule efpèçe, favoir la partie’
glutineufe, qui donne db l’alkali volatil dès les
premiers degrés de chaleur. Encore la matière
glutineufe de la farine n’eft - elle pas un vrai
mucilage, pqifquelle ne fe peut djflou dre dans
l’eau fans intermède. Or , je ne connois aucune
expérience qui . démontre l’exiftence de-’
la partie glutineufe dans l’Ergot. (*)
L ’analyfe faite par l’auteur que M.
Parmentier a traduit ne reffemble à celle que
j’ai répétée-que pour la-quantité & la qualité:
(le l’huile que nous avons obtenu l’ un & l’autre ;
mais elles different effentiéllement par la nature
de l’éfprit que nous avons retiré.dans-la diftil-
lation de l’Ergot. Suivant ce que j’ai obfervé,.
cet efprit verdit fortement le fyrop de violettes^-
& fait une effervefcence fenfible avec les acides,-,
tandis que , fuivant M. Model, il fait ef-
fôrvefoence avec les alkalis, précipité l’hépar
& change en rofe la couleur du firop de vie?*--
Jettes. Auffi cet auteur en conclut-t-il que
llErgot eft une femence farineufe, conclûfion!
que je fuis d°autant moins porté à admettre,,
que les plantes farineufes ne donnent pas , à;
beaucoup près, la même quantité d’huile par
l’analyfe. D’ailleurs la fimilitude que je trou--
vois entre les produits de l’Ergot & ceux de
la graine de finapi, le peu de molleffé que con-
traèle l’Ergot, même après l’ébullinon, la couche
hnileufe qui couvre l’infufion- de cette;
( * ) En fiippofaîit que l’Ergot retînt quelques principes
de feigle , il ne contiendroit pas de parties (JuiineuTes
puifque le feigle en eft privé. Le froment féal en co*s-
tiént.