Si dans ce nombre il y a feulement le cinquantième
d'individus femelles, on aura en arbres
fruéliiiants...................................• • • 10,000 .
ajoutons les aux 190,000 admis..
dans la deuxième hypothèfe, cela
fe r a ............ ........................................200,000
Rien n’empêchera qu’on ne.fade
de nouvelles marcottes fur les ar-
bresqui en avoient fourni les premières
années, à mefure qu’ils
auront donné de nouvelles branches
quoique leur nombre puifle
s’élever fort haut, on ne le l'uppofe
monter qu’à ...................................... 10,000
Total. 21 o , co q arbr.
Un amour propre, bien fondé, ou plutôt une
paillon permife & utile pour la perfeétion de l’objet,
dont il étoit chargé, a engagé M. Céré a
faire ks calculs des progrès des mufeadiers, comme
il les avoit fait pour les girofliers. Des hommes
ou interreffés ou ignorans, ou voulant fe donner 1
une forte de mérite lui demandoient fouvenr, s’z7 i
croyait que V IJle-de-France pouvoit à la fin dufiecle,
fournir une cargmfon (P Epi erie fine &e. On paria
même pour & contre dans la Colonie. M. Céré
en prouvant par les calculs précédens qu’il étoit
pelfible qu’en 1800, il y eût 210,coo mufea-
diers femelles, paroit avoir atteint le but qu’il
fe propofoit. 11 entre dans une livre do noix muf-
cades, deux cents noix. Suppol'ons que i®o,ôoo
individus feulement en rapportent chacun
une livre; c’eft donc cent milliers pefants par
an. Qu’on y joigne le produit encore plus con-
fidérable des Girofliers, & le problème fera
xéfolu.
Je fuis entré dans ces détails, qui m’ont paru
jnterreffans. Si l’expérience ne juftifie pas les conjectures
de M. Céré; c’eft qu’une fouled’événe-
mens imprévus, s’y- oppofera II en aura toujours
démontré laooffibilité.
On a diftribué aux habitans de l’ iIle-de-France,
Bourbon & Seychelles ( 1 ) des fruits & des planrs
d’Epicerie, à diverfes époques.
En 1779, on partagea 1200 baies de girofliers
entre 200 habitans.
Deux ou trois ans après, 300 jeunes girofliers,
depuis un pied jufqu’à 15 & 18 pouces de haïuéiir
furent donnés jians H fie, & deux 'mufeadiers à
M. Lecoimê à (Bourbon.
( 1 ) M . Renard de la Bre tc«aiè re en 1780 fu t chargé
j a r lès A dm in i iîrateurs de H ile de F ran c e , de détruire
5 mu .adiers Sc uix g iro flie r exiftans aux Seychelles. La
cra in te des hoftilptes des A n g lo is dans l ’In d e , fix ord
onn er c e t te d e û ru & i tn , don t M . de la Bretonnière
^’acquitta a reg re t.
Une troifième diflribution eut lieu en 1785. M
Céré annonça dans un imprimé que pendant les
mois de Février & de Mars,.il feroit délivré par
jour 4 à 500 baies de girofliers. O n . donna en
outre cette année 101416 plants de girofliers,
dont plulieurs éroieur fi forts, qu’un homme pouvoit
à peine en porter un , 54 mufeadiers, 3000
canelliers & 60 ravenfoerus. Plus de deux mille
habitans dont onNpublia les noms y eurent part;
l’imprimé indiquoit les précautions à prendre pour
recevoir, tranfporter & planter les arbres. On
donna.à M. De Coffigny v Ingénieur à Bourbon,
fix îpufcadiers.
En 1786, la prodnélion des girofliers ayant été
confidérable, on a rënouvellé la diflribution en
répa'ndant encore 86025 baies.
Ainfi, dans i ’efpace dé 7 ans, il a été délivré
a l’IÜ-j-de-France plus de 100,coo baies & plus
de 13000 plants de girofliers.'
En 1786, 450 jeunes girofliers donnèrent indépendamment
d'un grand nombre de baies, environ
100 livres de doux qu’on cueillit dans cet
état, pour en faire ufage. M. Céré les jugea analogues
en bonté à ceux des Molucques.
Sur la demande des chefs de la Colonie, M.
Céré rémit à M. Motaisde Narbonne, 4000 baies
ou anthofles de girofle, pour le nouveau quartier
Saint-Jofeph de Bourbon, appellé depuis les
nouvelles Molucques.
Il fut encore remis, en 1787 aux habitans des
Ifks-de-France & de Bourbon, trois mille jeunes
girofliers , depuis, un pied jufquà 15 & 18
pouces.
La France ayant en fa pofleflion les arbres à
Epicerie, devoit-elle les, propager dans fes diverfes
Colonies, où, comme les Hollandois, les
concentrer dans quelques-unes ? Cette qûertion
a pu être envifagée de deux manières. A ne con-
fulter que l’intéreft du commerce français, il
paroiflbit plus avantageux de raffembler-les arbres
à Epicerie dans un petit éfpace ; c’étoit le moyen
de les garder plus aifémejnt & d’en jouir feul. On
n’anroit eu pour concurrens que les Hollandois,
M. Poivre & M. Céré penfoient ainfi. Le premier
defiroit qüe l’ifle-de-France, celle de Bourbon
& des Seychelles, confervaflent Je Giroflier le
mufeadier & le canellier & qu’on introduifit le
poivrier à Cayenne, ou il ne pouvoit manquer
; de réuflir. D’autres vues encore avoiént déterminé
l’opinion des deux, amis. Ils chérifloien t
par deflus tout l’Jfle de-France & ils euflent voulu
la combler de biens. Us penfoient que ce genre
de culture,, qui exige peu d’efclaves & peu de
terre, lui convenoit mieux que toute autre, que
. celle du caffé, par exemple. D’ailleurs, cette Ifle
eft éloignée de la Métropole, d’011 il ne vient
que rarement des vaiffeaux, pareeque les marchands
trouvant des chargements affurés à l’Amérique,
à. la porte de la France, ils ne fe déter- 1
minent que difficilement à des voyages aufli longs;
il falloir un puiflant attrait pour les y attirer lou-
vent, &‘cet aurait M. Poivre & M. Cérélevoyoient
dans la production des Epiceries. Par ce moyen,
l’Ifle-de-France, aq lieu de ne recevoir des objets
d’Europe que quand l’Amérique engorgée ; en
eut reçu directement & plus fréquemment, en
échange de fes Epicés;
Ces motifs, qui fuppofoient de grandes réflexions
& qui paroifloient très-forts, n’étoient cependant
pas fans réplique. On a pû leur oppofer les
fui vantes.
i.° Il étoit inutile de fe plaindre de l’avarice
des Hollandois, qui privaient les autres nations
d’une production naturelle, pour les.copier, pour
imitef .leur conduite, fi .contraire aux droits dé
l’humanité. S’approprier l’exclu fi f des arbres à
Epicerie, étoit un crime aux yevnc de la ràifon.
2.0 En ,ne confaçraüt.à." ces culiures. que quelques"
endroits privilégiés,.. c’éfoir indiquer à la
malveillance ou elle deyost frapper, pour redonner
aux Hollandois rexcLuiif, qu’ils v en oient de
perdre. Les difficultés qu’on avoit éprouvées pour
faire profpérer ces précieux végétaux étoient un
avertiffeirient falutaire.
3.0 Quels regrets n’eût pas eu la France, fi
dans l’événement d(une guerre;■ la'Colonie 3 qui
auroit renfermé toutes fes Epiceries, . eût. été,
attaquée & ,pri'le>?'.,.':
;)L4t0 ;.Qn: fait combien rifle-de-France efl ex-
pofée rà des coup , dé vents & à des ouragans
terribles & fréquens, qui peuvent non-feulement
détruire les fruits des arbres,à Epicerie, mais
encore les; arbres même. Pour en afîurer l’exif-
tence, il étoit donc indifpenfable de les importer
dans d’autres pays.
.. 5.° Enfin, la Métropole ■- qui ne. calcule pas
comme chaque Colonie, n’avoit sû ijüfqu’ici dans
l’Jfie-de-France qu’une Coloniemourricière , qui
devoir procurer des rafraichiflemens à fes vaiffeaux
allant dans i’Inde; ce furent là les vues de La
Bourdonnois quand il la fonda. La .Métropole
n’avoit-elle pas à craindre qu’en donnant à
LIfle-de-France feule le foin des arbres à Epicerie;
fes habitans n’y confactàffent tout leur tems
& foute leur induftrie, au lieu .de fe livrer à la
culture des comeftibies nécefiaires pour alimenter
les bâtimens dans leurs relâches?
Le fifiême contraire à celui de MM. Poivre &
Çéré prévalut.
Dès 17 7 1, M. de Boyne étant Miniflre: de la
marine, donna ordre à M. Poivre d’expédier un
petit bâtiment & d’envoyer à Çayenne des plants
& des graines de ces arbres. A l’àrrivée de M.
Mail la rd-du~ Méfié en 1772, rien n’avoit été envoyé.
Celui-ci s’en occupa fur le champ, de concert
avec M. de.rTenay , fuecefleur de M. Def-
roches. Ils profitèrent du vaifieau. le Prince de
Condé, de Nantes, qui étant venu à Fret à i Ifle-
de-Ftançe, alloit, après avoir .dépofé fou chargement
, chercher un autre frt r à Saint-Domingue.
Il fe chargea d’une importation de planrs de
muft;acliers & girofliers pour Cayenne. Ils y a v ivèrent
à bon port & furent remis aux habitans (1)
pour être plantés. ( 2 ) .M, Maiiiard-du-Mefle avoir
mis pour paiTagers fur ce vaiffeau deux Capitaines,
au fait de la navigation de cette côte & un
employé au fer vice du Roi, nommé Dallemand,
.pour avoir foin des planrs.
A la paix de 1783 /les Adminiflrateurs de l’Ifle-
de-France reçurent ordre de faire pafferà Cayenne
des plants de girofliers, de mufeadiers, de
poivrier & de thé. M. Céré, Directeur du jardin
fitl’envoi de deux marcottes de mufeadier femelle,
de fix mufeadiers créoles, de 24 boutures de Poivrier;
d’un theger ou arbre à thé de Chine. Il y
joignit 24 carteliers de Ceylan, 7 drageons de
Rotihg,' 7 plants de Cardamone, 24 plants de
Woiakoa 'Ou Kaida avec ic o graines du même
arbre, des graines de Sagoutier & de Rouffia &
des pépins de Lircby , fruit délicieux de la Chine.
; Cet envoi partît fous la conduire dé M. Renard
de la Eifetonniere, employé depuis 2 ans à la direction
du jardin , dans des caifles grillées, que la
petiteffe du1 bâtiment força de mettré dans la calle.
îl^arriva devant Cayenne en 82 jours de traverfée ,•
y;'compris 7 'jours de relâche au Cap de bonne-
Efpëranée, ou la flotté de M. de Suffren étoit alors
mouillée. M. Richard betanifle et natnralifte vint
à bord recevoir l’envoi. Toute la colonie l’accueillit.
Il y avoir alors 10001 à 1200 girofliers bien
portans et un S e u l musçàcliér. On les plaça en
segmenta 12 ou 15 lieues dans les terres.
Une lettre de M. Foncin/ capitaine du génie,
écrite dé Cayenne le 1,5 Septembre 1785, annon-
çoit que le giroflier s’étoic multiplié dans la colonie
( 1 ) Ou; a (çu depuis que tous les pUnts dé ru u fod ie r s '
périrent. Il fé troa>a dans la ma lle du chirurgien du
na vire deux mukad es traîches , q ui furent pîanrées 6c
qui levèrent ; mais un p la n t .fa t écrafé au moment d’une
f ê t e ; il n’en, iqryêçiit qu’un qui é toit un ind ivid u mâ le.
Quoique dans les n o t e s , qui m ’ont é té remifes~ il
ne foi t pas queiiion du cane.’ I ie r . 1: efi pro bable que dans
le même e n v o i,„ o n y en «voit ajouté a n , p uifq u’jl eft
ce rta in que Je premier cane llier fut planté a C a y e n n e ,
en Novemb re 1772.. -
( ?-) C e fu t M. R o c h in , Ingénieur, q ui commença la plantation
des g iro flie r s à .la. Gab r ie l.e , p etite ch.iîue de
montagnes baffes. L a première réco lte s ’eu fit en tT S f.