
tandis qu’on en a compté un cinquième-dans le
produit du terrein faélice, en fuppofanr que
les huit épis ergotés qui étoient fur le.bord du
terrein faétice , appartinffent à celui des terreins
ordinaires, qui en a eu quinze.
Cette expérience qui indique des drconflances
propres à donner nailîance à une grande quantité
d’Ergots, éclaircit en outre un point con-
tefté, puifqu’il prouve que, dans une récolte, il
peut le trouver un cinquième d’épis ergotés.
Que penfer de Parrofement fait à quatre épis
par injeélion , linon' que , fans être, arrofés, les
trois d’entr’eux qui ont porté des Ergots, au-
roient pu en produire comme tous les autres
Quelques fatisfaifans que m’aient paru ces réful-
tats, cependant ils exigeoient d’autres recherches $
car il falloit découvrir ü la quantité d’Ergots qu’a
produit le terrein faèlice , étoit due à la qualité,
ou à l’arrofement, ou a l ’un & a l’autreen même-
temps. Il falloit encore placer du feigle à une t x -
pofition qui ne fût pas celle du nord , & le femer
en Automne, celui de l’Expérience ayant étéfemè
au Printemps.
Au mois de Septembre fuivant, je difpofai
quatre planches chacune de onze pieds fur cinq ;
on enleva de deux la terre franche , pour la remplacer
dans une d’un lit de glaife & de fable,
& dans l ’autre d’un lit de glaife qu’on recouvrit
de terre franche. Les deux.autres relièrent
dans leur état ordinaire, ayant feulement été
labourées à la bêche. Elles furent, toutes-à-la-
fois , enfemencée's de feigle nouveau à la fin de
Septembre. Elles étoient féparées par des fentiers-
de deux pieds, afin que l’arrofement qu’on devoir
leur donner ne communiquât pas de l’une
à l’autre.
Le 16 Mai, peu de jours avant la flôraifon , on
commença à arrofer une fois par jour le terrein
compofé de glaife & de fable , & celui qui étoit
compofé de glaife & de terre franche. Un des ter-
reins ordinaires a été arrofé deux fois par jour,
pendant un mois, & l’autre ne l’a pas été du
tcut. •
Ces quatre planches ont produit peu d’Ergots ;
la plupart le trouvoient dans les épis tard ifs,.dont
les pieds aveient été .arr-ofés avant la florailon.
Le terrein de glaife & de fable, plus avancé que -
les autres, eût dû être àrrofé plutôt. Il a porté*
quarante - quatre épis ergotés, chargés de beaucoup
d’Ergots.- Le terrein de glaife & de terre
franche, arrofé, comme le précédent une fois par
jour avoit dix-huit épis ergotés.'Il s’en efl trouvé
trente fix dans un des Terreins ordinaires arrofé? ;
deux fois par jour, & neuf dans l’autre terrein
ordinaire non arrofé* Les épis ergotés de ces trois
derniers terreins , étoisnt moins chargés d’Ergots
que ceux du premier. Chacun a produit une petite
gerbe de feigle fain, dont il ne m’a pas été
poflible de compter les épis. On obfervera que 1
la planche de terrein ordinaire, qui a été arrofée
deux fois par jour ; & la planche de celui qui avoit
éié.formé de glaife & de fable , étoient expo fées
prefque toujours an foleil, tandis que les deux
autres avoient de l’ombre une partie de la journée
: pofition qui les difpofoit à produire de l’Ergot,
comme je l'ai déjà fait obferver. La plupart
des'épis ergotés étoient fur les bords des fentiers.
Les conféquences que femble permettre cette
Expérience, fe réduifent à celles-ci. A arrpfement
égal, un terrein formé de glaife & de fable, produit
plus d’Ergots qu’un terrein de glaife & de
terre franche. Il en naît moins dans ce dernier
arrofé une fois par jour , que dans un terrein de
pure terre franche arrofé.deux fois par jour ; fans
arrofement même, un terrein de terre franche ,
expoféà l’ombre, & par conféquent plus au frais,
donne de l’Ergot, mais bien moins que s’il
avoft été arrofé. Ne feroit-cé pas la iaifon
potir laquelle, dans l’Expirience pré édente, il
a paru de l’Ergot dans les deux terreins ordinaires
qui accompagnoit le terrein faélice, & qui étoient
Comme lui au nord ? circonftauce qui expliqueront
pourquoi on trouve de l’Ergot particulièrement
dans les parties des champs de feigle qui font auprès
des bois & des habitations.
Moins fcrupuleux , fans doute, je m’en ferois
tenu fur .les caufes de l’E got, aux faits polîtifs
que je. viens de rapporter j’au roisété perfu
s é qu’on doit , les attribuer à l’humidité du
fol & à fa qualité, puifque le feigle Cerné dans
un terrein d’argile & de fable, y eft le plus lujet.
D’autres farts au fii pofitifs ne s’aeôo d oient pas,
en^ apparence, avec ces caufes -, car , ainfi que~je
l’ai déjà d it , M. Tillet a trouvé de l ’Ergot fur
des remparts dans dès endroits élevés ; M. Fou-
geronx en a vu fur le bord des chemins r moi-
même j’avois obfervé dans le Berry , dans la Sologne
& en Beàuce, que toutes chofes é ant
égales d’; illeurs?. les feigles des terre- nouvellement
défrichées produifoient Te plus d'Ergots ;
j ’en avois auffi découvert le long des chemins,
dans des terres incultes, qui portaient même de
l’ ivraieergotëe. J ’Si doue cru devoir faire de nouvelles
recherches , & des expériences propres ou
à indiquer d’au très' caufes, ou à concil.cr les derniers
faits avec les premiers.
Pour favoir quelle influence avoit fur la formation
de l’Ergot unTerrein nouvellement défriché,
au mois d’O&obre 17751, je fis défricher
un morceau d’allée de jardin, de trente— deux
pieds fur quatre • onde,partagea en deux parties
égales, & on y fema du leiglè, On arrofa
l’une vers le temps de la floraifon , & on n’arrofa
pas l’autre. Celle - ci a donné un feul épi
ergoté,'& celle-là en a donné huit. Jamais année
ne fut moins propre à la formation de l’Ergot,
que l’année 1780 , puifqu’en Salogne même il y
en eut très-peu. Pour trouver en Beance autant
rt’épis ergotés que le petit efpace de terrein défriché
en a produit, il eût fallu examiner beaucoup
d’arpens de feigle; le nombre en eût été
plus grand, fans doute, fi la terre avoit été en
partie argilleufe. -
Deux autres terreins, d’égale grandeur, chacun
Je trente pieds fur douze-, furent enfeinencés de
feigle; l’un étoit à fa première année de défrichement,
l’autre à fa fécondé, celui-ci ayant produit
de l’avoine l’année d’ auparavant. Dans le
premier il y eut deux cents épis ergotés, & feulement
huit dans ler fécond; différence frappante
qui femble indiquer qu’une terre ameublie par
les labours, eft moins fujetté à l’Ergot. Le dernier
terrein étoit enfemencé en feigle de Mars,
femé en Mars,' & l’autre en feigle d'Àutomn.e,
fané en Automne.*--1
C O N C L U S I O N
furies caufea de VErgot.
Pour réfumer ce qui concerne les caufes de
l’E rgot, je rappellerai qu’il y a quatre opinions
principal es, la première, la plus* ancienne, &:1a
plus générale, attribue la nailfance de cette graine
à une humidité de l’air, froide félon les uns ,
chaude félon les autres f ia fécondé, a d e s p i -
quures d’infeéles j la troifième, à l humidité du
fol ; & la quatrième regarde l’Ergot comme
une môle occafionnée par un défaut de fécondation.
La première & la troifième peuvent ren-1
trer l’une dans l’autre, parce que l’air n’eft jamais
auffi humide que dans les pays où le fol
l ’eft habituellement, lés évaporations -y étant très-
abondantes^' d’ailleurs quand les pluies font fréquentes
, l’air & la terre font à-la-fois humides.
La quatrième qui n’efi que caufe immédiate ,
en fuppofe ou une des trois premières, ou une
autre inconnue. Ainfi ces opinions' fe réduifent
à deux; favoir: ;à celle qui regarde les piquùres
d’infeéles, & à celle qui regarde l’humidité du
fol comme caufe de l’Ergot.
Si dans la plûpart des Ergots que M. Tilleta
'examinés, il eût vu des in fe êtes, comme il en a
trouvé dans quelques-uns ; fi-les infeèles euffent
été apperçus par lui au moment où ils piqu oient
le grain de feigle , de manière qu’il s’en fût fuivi
la formation & l’accroiffement gradué des Ergots;
fi les papillons qui en font provenus, eufiem
produit des infeéïes femblablés, l’opinion de Ce
Savant eût été univerfefiement adoptée, fans la
moindre difficulté. Il eût été néanmoins difficile
de concevoir comment les infeôles s’attachoient
plutôt à des épis dé feigle qu’à d’autres, plutôt
dans un pays que dans un autre, plutôt dans une
année humide que dans une année fèche, plutôt
dans des terres fraîches ou récemment défrichées,
que dans des terres en culture fuivie. Mais des
faits de cette nature, rapportés .'par un homme
digne de foi , euffent fnffi pour convaincre, &
écarter tous lés'doutes. Jufqu’icî l’opinion de
M. Tillet n’a donc que de la vraifèmbiance.
Celle qui admet l’humidité, je ne dis pas de l’ air,
mais du foi , a des degrés de probabilité de plus;'
car on ne peut nier que la Sologne, qui efi le
pays où il croît le plus d’Ergots, ne foir en même*
temps le pays le plus humide ; il efi également
.certain que dans ce pays, & dans d’autres, les
années les plus pluvieufes font les plus fécondes
en Ergots-. Dans. plufieurs de mes expériences j’ai
obtenu d’autant plus d’Ergot, que j’ai plus arrofé
le terrein : il efi vrai-que la quantité en peut-
être augmentée par la qualité du ibl,puifqu£ quand
il efi formé dè'lglaife & de fable, ou récemment
défriché, ou même quand il réfie fans culture,
il en produit davantage. Je ferai voir que ce
qui a lien ici pour l’Ergot, a,également lieu pour
la carie & le charbon, qui font plus abondans
dans des terres difpofées d’une certaine manière,
quoique ce ne foit peut-être pas là la caufe . particulière
qui les produife. Au refie, ne ferbu-on
pas tn droit de foùpçonner que fi un terrein
nouvellement défriché, ou non cultivé, & les
bords -des pièces de terre-le long des chemins,
ou la charrue empiète toujours, font plus fu-
jets à l’Ergot, e\;ft parcequ'iLs font plus-frais
& plus humides; car une . terre nouvellement
défrichée, n’efi pas meuble , n’abforbe pas
autant d’e a u ,& ne.fe prête pas autant aux évar
porations. Une terre non cultivée, pofte ’des'
plantes qui peuvent tenir fiais le pied du
feigle gui s’y fètnè ou lève par hafard. On peut
également penfer que les. épis fecondaires du
feigle ont plus d’Ergot que les principaux, parce
qu’ils.font plus bas, & abrités par .ceux ci.
Dans l’Hyverngche, (1) qui y eft très-fujet.
les racines du feigle font tenues fraîches par la
yefcè/'En fuppofànt qu’il fallût attribuer quelque
chofe à la qualité du. terrein, & peut-être
à la cùlture, ce que je erôirois très-volontiers ;
l’humidité,entre, pour la majeure partie , dans
la caufe de l’E rgot, ainfi que les expériences pair?
ticu lièges que j’ai rapportées femblent le c on dater.
Gomment l’humidité du fol agiroit-elle pour
former des Ergots ? .C’eft une explication que
je ne fuis pas en état de donrter, & qui ne me
paroît j d’ailleurs nullement nécefiaire ; îl fuffit
que des faits l’atteftent. La tâché' que je mè
fuis impofée ne confifie qu’à en rendre un compte
exa.61, & à les éclaircir autant qu’il dépend
de moi.
D E L ’ E R G O T ,
Cotijïdere. p a r ra p p o r t a f e s e f f e t s .
La manière dont j’ai confidéré l’Ergot juf-
(x) Mélange de feigle & de vefee.