pas dans ceux qui étoient d’une mauvaife conf-
titution: ils fentoiem tous des laflitudts dou-
loureufes dans les extrémités inferieures’; ces
parties fe gonflaient fans, inflammation apparente;
elles devt noient engourdies, froides &
livides, fe couvroient de phlyélènes & fe gan-
grènoient. Quelquefois il en fuinroit une fé-
rolité fétide , ou des gouttes de fang noirâtre;
quelquefois il s’y formoit des vers. Ordinairement
la grngrène étoit entourée d’un cercle
rougeâtre où elle fe bornoit, & où par la fuite
le membre fe féparoii de lui-même. La.gangrène
commençoit pat le centre & ne paroif-
foit à la fnvface eue long-temps après. Pour la
voir on étoit obligé de découvrir ce qui la ca-
choir. Les'doigts tomboient les premiers, _&
fucceflivemenr les autres parties fe détachoient
dans leurs articulations les extrémitésfupétieures
quoique plus rarement, éprouvoient le même
fort. On a vu des. malheureux auxquels il ne
reftoit que le tronc, & qui ont vécu dans cet
état encore quelques- jours • les membres fe
féparoient fans hémorragie ; quelquefois les
chairs fphacelées tomboient feules, & laif-
foient à nud les os qu’on étoit obligé de couper;
quelquefois aufli les membres devenoient fi
inaigres que la peau étoit collée fur les os ;
ils étoient dans ce cas d’une noirceur épouvantable
& fe defféchoienr fans tomber en pourriture
; les malades avoient l’air fiupide, leur
ventre étoit gros & tendu, leur pouls petit &
concentré, fur-tout quand le mal avoir, fait des
progrès ; leurs urines couloient librement, & leurs
excrémens, par leur conliflance, annonçoient que
les digeftions fe faifôient bien. Sur la fin de la
maladie cependant, il fe déclaroit un dévoiement:
les pauvres gens y étoient les feuls expofés. Le
mal n’étoit pas contagieux *, il attaquoit plutôt les
hommes que les femmes. Lorfque celles-ci étoient
grofles, elle% avortoient : fi elles nourriflbient
leur lait fe tarifloit. Cette maladie étoit plus
ou moins meurtrière ; car dans une épidémie,
fur cent-vingt malades traités à FHôtel- Dieu
d’Orléans, il ne s’en cfl fauvé que*quatre.ou cinq.
Traitement, ou. curation de la gangrené Jecle*
Quoiqu’il ne s?agiffe. dans cet écrit de' la-
gangrène fèche, que pour favoir fi l’Ergot en
eft ia véritable caufé, cependant je ne crois pas
déplaire à mes leéleurs en ajoutant ici la manière
de la traiter qui me paroît la plus convenable.
Beut-êtremême m’eût-on reproché d’avoir tû un
article qui peut fervir dans Fôceafion. Je ne ferai
pour ainfi dire, que tranfcrirece qui fe trouve dans
un imprimé intitulé-: Méthode curative, publiée,
en 1765 par MM. de Larfé & Taranget, médecins
à: Arras ; car indépendamment de ce que le traite-
îaent.quils prop.o fétu eftbién vu&bien conçu ,.ils
afliirent que ceux pour lefquels il a été employé
ont été guéris fans perdre aucun membre.
Pour plus de clarté, il faut partager la maladie
en quitte temps ; dans le premier où il y a de
la douleur aigue aux extrémités, gonflement fans
inflammation apparente, accompagné de fièvre,
on pratique, lorfque lérat du pouls le permet,
une ou deux Laignées, mais avec une extrême
réferve, fur-tout fi les malade? font de Sologne,.
On leur donne pour boiffon ordinaire, une
légère infufion de fleurs de lureau ,. ou de quelque
autre plante analogue,, dans laquelle on
ajoute du miel & du vinaigre. On applique fur
les parties gonflées des comprtffes imbibées d’une,
eau-de-vie afioiblie par un mélange d’eau , après
y avoir fait des friélions avec un linge chaud *
pour y-ranimer la circulation. La nourriture,
des malades doit être ordinairement de bouillon
fait en grande partie avec le veau ou la volaille,,
ce qui doit dépendre de l’état des fujets E-car un.
homme dont la conflitution a été détruite par
lamifère& par une fuite de mauvais a lim è s ,
ne fe rétablira qu’en en prenant peu-à-peu,,
de bonne qualité, & fouvem ce feul fecours le
guérit , ou le difpofe à guérir.
Le fécond temps eft marqué par un en gourd i fie-
ment dans les pieds, dans les mains, accompagné
d’un froid exceflif. Alors on fera fur ces parties
des fomentations- avec les huiles de Camomille,/
de millepertuis, de thérébentine & de rhuev
& par-deffus on appliquera des linges trempés,
dans une forte décoclion de quinquina & de tel»
ammoniac-, décoélion dont les malades même
feront ufage intérieurement., en en buvant de>
quatre heures en quatre heures quelques .onces,
unies avec du fyrop d’oeillet.
La gangrène établie produit le troifième temps*.
Elle, s’annonce quand les parties commencent à.
devenir d’un rouge plombé ou d’un brun obfcur,,
on ne doit plus douter. quMle n’exifte, quand'
il paroît des phlyétènes ; alors il faut employer
des moyens plus aûifs. A la hoiflon ordinaire
des malades, on ajoutera du jus de. citron, ou.
du fuc d’ofeille ; ils prendront toujours de la,
décoélion de quinquina, dans iaqueile on aura,
diflout du fel ammoniac, en y. joignant quatre
grains de camphre par livre de liqueur.; & cette-
décoétion fera toujours, employée.pour appliquer..-
fur les. parties gangrènées auxquelles, on fera
des fcaritications.. Un panfera. avec le..bauine.-.
fuivant.
Prenez deux livres & demie d’huile d’olives
deux livres de v in, une once de fang-dragon
une livre de cire jaune, une livre demie de
thérébentine & deux onces de baume du Pérou..
Faites bouillir l’huile, le vin & le fang-dragoiîv.
à petit feu, jufqu’à. la. confomption du vin;.,
ajoutez y la dre & la théiébemine en les fal-
fant encore un peu bouillir, & n’y rm tt- z le baumo
du Pérou gu’après que vous aurtzrcuréje Yaflieau*
Si on n’a pas la facilité de compofer ce baume, !
comme il a» rive fou vent dans les camp3.gn..s éloignées
des villes, on peut fe fervir pour^ les
panfemens de la théiébemine feule, ou de l’on
gu-jnt de fiyrax , & mettre ‘fur les plaies même
quelque- g ai ns de camphre pulvérifé
Lorfque je faifois fur cet objet des recherches
en Sologne , j’ai trouvé un malheureux qui avoit
été mutilé dans une des épidémies gangrènewfes;
il .fe formoit de temps en temps à la cuifle dit
côté où il avoit perdu une jambe, des efcharres
de gHn g rêne que l’ufage de la thérébentine dé—
truiloir, & dont il auroit anéanti la caufe, s il
eût pu oblèrver un régime convenable.
■ A ch que p nfement on lavera, les plaies avec
une décoction de quinquina & de fel ammoniac,
dans du vin & de l’eau ; on appliquera auliï
des compreff: s qui en feront trempées par-deflus
les emplâtres couvertes du baume.
Si malgré ces fecours les. parties devenoient
totaleme u noires & fphacelées, ce qui pour-
roit conftituer le quatrième temps, on fero;it
for^é d’en venir à l’amputation ; mais il faudroit
attendre que la nature eût marqué elle-même
le temps de cette opération par une ligne de
féparation entre le mort & le vif. On pourroit
l ’aider, s’il en étoit befoin, en ufant des moyens
que Fart indique. On fe fervira à cet effet de
comprefles trempées dans une eau compofée de
quatre onces d’alun calciné, de vitriol romain ,
& de trois onces de fel marin , le tout bouilli dans
quatre livres d eau réduites à deux-. Si Ion pré-
cipitoit l’opération fans attendre l’indication de
la narure il en réfui te roi t que le moignon du
membre amputé fe mortifier oit entièrement,
& que le fphacèle fe renouvelleroit , ou qu au
moins il s’y formeroit de temps en temps de la.
gangrène comme dans le cas dont j ai parlé,.
Ceux qui connoilfent la méthode curative , ;
dont ceci eft extrait, verront que• je n y ai fait ;
que de trè»-légers changemens : j’ai cru devoir
les faire pour la rendie en quelque forte plus
facile à exécuter, M..Maret, médecin célèbre &
fecrétaire de l’Académie de Dijon, a publié, en
1771 pour la même maladie , une méthode, curative
qu’il.a puîl'ée auffidansles meilleures.lources-
Cordparaifon dès Jymptâmes obferve's dans les-
hommes attaques de la gangrené feche attribuée
a VErgot, & de ceux qu ont offerts les animaux
qu’on en a-nourris*
La manière dont Tes animaux font aftôélës
dans leurs maladies, ne doit pas être, toujours
femblablê à celles dont les- hommes peuvent
l ’être : les mêmes caufes produifent des effets*
qui diffèrent lorsqu'elles agiflent fur dès êtres
diverfement modifiés,, ou qui font. dans des
polirions différentes. D’ailleurs on ne peut fou—
yem faifir les fymptôraes des. des aaimaux
ou l’on n’en faifit qu’une partie & encore
imparfaitement. Il ne faudroit donc pas s’étan-*
n r fi dans ceux auxquels on auroit donné de
l’Ergot , on ne voÿoit pas les mêmes fignes &
les mêmes eff .ts quç dans, lés hommes qui s’en
feroient nourris. Cependant fi de la deferiprion
que j’ai donnée plus haut des maladies, on retranche
feulement les fymptômes dont il n’eft
pas poflïble de s’appercevoir dans les animaux,,
on retrouve, dans ceux qui font morts après •
avoir mangé de l’Ergot ( 1 ) , prefque tous les
phénomènes obfervès dans les hommes. L ’inflammation
dès yeux de la dinde , des deux
cochonsfournis par moi à l’expérience, & de
celui de M. Réad, la foif d’un des cochons
pourroient être regardés comme un dés fignes de-
fièvre. L ’animal dont parle M. de Salerne avoit
I félon lui , les. jambes rouges & enflammées. A
en juger par l’état, de celles des deux cochons»
qui ont mangé de l’Ergot fous mes yeux , la
rougeur des jambes étoit plus livide qu’inflammatoire,
elle s’eft aufli manifeftée dans; la membrane
du bec, à la langue d’un des canards,-
& à la crête des huit poules des expériences
du troifième ordre. Le cochon de M. Réad
appuyoit toujours; une oreille contre le mur.
Un des . canards de ma première expérience du-
premier ordre appuyoit aufli fon bec, preuve-
de foiblefîe dans ces parties. Les jambes de tous-
: les cochons fe font engourdies: & affoiblies ■ même
au point que ce.s: animaux chanceloient & ne
pouvoient le fourenir. Le bec des deux premiers-
canards & de la dinde fe font également gonflés.-
Il y avoir des taches gangrèneufes à une aile-
d’un canard , à une aile de la dinde , à la cuifle
d’une poule & fut-tout fous le ventre de plu—~
fieurs poules.dés expériencés: du troifième ordre.-.
On voyoit à la furface du corps d’une poule,/
au- deftus des clavicules des efpèces de phlyclènesi*
remplies d’une, matière épaife . gtaireufe & de-
couleur jaune.-
Le cochon nourri par M. de S ilêrne , rendoiP
par les jambes une liqueur verdâtre & infeéle-
M. Réad a vu forrir des- yeux du fien une fé-
rofité âcre & corrofive. Le même phénomène at
eu lieu dans celui de ma quatrième expérience;;
fa falive avoit aufli cette qualité. Ce dernier“
animal rendit une humeur fouffeâtre par une
tumeur qu’il avoir à un pied, comme celui que'
cite M. de Salerne en avoit rendu par des b ou r rons
noirs & entrouverts qu’il avoir f ous la gorge -
& fous le ventre. Les dsux canards- dt là première-
expérience du troifième ordre, eurent un fem--
blable écoulement,- par les- ouvertures du neiz0.
La queue , les oreilles &- les jambes- dés qua--
(1 ) Je ne parie -ici que dea.anfnraux ,.. .des- expériences-.
du premier êc du troifième ordre.-Ceux des expériences^
du fécond Qtdte fervent a p.touYCï feaienienr. la répugnance»»