
12.8 DUN
peur fe faire que dans un local circonfcrit ou de
peu d’étendue. Les boutures ne réufiiffent que
pendant les années humides, ou lorfque l’on
veut fe donner la peine de les arrofer, pour
les mettre ainfi à 1 abri de la féchereffe. Les
rejets que l’on prend lur les vieux arbres promettent
toujours plus de {accès;; il fuffit^de
choifir pour cela ceux qui proviennent d’un
arbre qui a toujours été expofé aux injures du
teins., car l’expérience a prouvé que les rejets
pris fur les arbres élevés dans des endroits abrités
, prospèrent rarement dans le fable des
Dunes.
L ’Orme eft encore du nombre des arbres qui
croiffent allez bien dans le fable des Dunes ; on
le propage de femenee. _ Cette dernière mûrit
vers la fin de Juin ; mais on fait bien de la
garder jufqu’en automne, cette faifon convenant
mieux pour les femailles de ce genre ; il faut
la femer un peu drue, car fur le nombre on
trouve toujours une certaine quantité qui ne
lève pas. La femenee d’Orme doit être couverte
de peu de fable & recouverte de brouffailies
comme celle d* Pin. Si l’on peut fe procurer
du plant d’Orme de deux on trois ans , élevé
dans un terrein fablonneux : on peut également
en faire des plantations.
Le Genévrier fe plait dans lefable des Dunes,
& les Hollandais l’emploient avec fuccès pour
cet ufage. On le propage par les^ femences ;
les baies qui renferment cette dernière doivent
être femées drues ; quand le plant a une fois
levé, il ne demande prefque plus de foin.
Parmi les Rofiers qui peuvent convenir pour
la plantation des Dunes , celui connu fous le nom
de Rofiers à feuilles de Pimprenelle, mérite la
préférence, il croît plus vite que les autres ef-
pèces, & fe contente du terrein le plus g aride.
La meilleure manière de le propager c’eft de
divifer en automne les vieilles fouebes de fes
Rofiers, 6c de les planter ainfi avec la motte
à une certaine profondeur. On peut également
Je multiplier par femences, mais cette méthode
$ft longue 6c afiez cafuelle.
L ’Herbe à balais ( Spartium fcoparia ) , le Ge-
r.et des Teinturiers ( Certifia tir.etoria ) , L arête-
boeuf ( Ononis fpinofa ) , le Ronce ( Rubu$ fru-
tiçofus ) , ainfi que le Saule épineux ( Hipophae
rhamnoides ) , fe propagent de la même manière
que les Rofiers dont nous venons de parier -, on
eft toujours plus fur en faifant ces plantations en
hiver qu’en printems. En coupant âflez courts
jes fomitès des arbuftes que l’on deftine pour
cet ufage ; le fuccès en fera plus certain, les
vents ayant moins de prife fur le plant, qui
dans un terrein aufli mobile, ne préfente que
peu de réfiftanee. . '
En recommandant pour l’amélioration des
Dunes la plantation des arbres &arbuftes que nous
venons d’indiquer, ceux qui veulent-fuivreee$£è
D Ü N
méthode doivent toujours confuîter les lo cale
tés, ( i ) ainfi que la dépenfe qu’une pareille
entreprife rend indifpenfable. Peut-être eft—il
plus prudent de commencer la culture des
Dunes , par y multiplier les plantes areaaires
que la Nature y produit fpontanément ; les dépouilles
que ces plantes rendent tous les ans à
la terre , y forment infenlibiemem une croûte
fuperfioielle, fous laquelle d’autres plantes
trouvent alors l’humidité 8c l’abri fi néceffaire pour
la première époque de leur germination. Sans
répéter ici rémunération des plantes que nous
avons donné précédemment, & dont la culture
a été prouvée par l’expérience, nous nous contenterons
d’inférer ici l’extrait d’un Mémoire du
citoyen Bâillon, imprimé dans les mémoires de
la Société d’Agriculture, année 1791, trimeftre
d’hiver.
„La plante donr le citoyen Bâillon recommande
la culture pour l’amélioration du fable
des Dunes, eft VArundo arenaria (1) de Linné,
connu en Picardie fous le nom de Hoya.
u La Nature par une prévoyance admirable
place toujours le remède à côté des maux. Par
l’effet de cette attention bienfàifante, une niante
croit & fe multiplie à l’excès dans les fables les
plus arides ; plus la féchereffe & la chaleur
font exceffives, plus, elle eft verdoyante & plus
elle croît. Elle a feule la propriété furprenantc
d’arrêter 8c de fixer les fables, en lés concentrant
dans les lieux qu’ils ont dévafté. Elle puifé
dans l’air l’humidité dont elle manque fouvent
.à fes racines. Par l’effet du méchamfme admirable
, les brins fendus dans toute leur longueur,
s’ouvrent pendant la nuit ,• 8c découvrent une
moelle blanche divifée en rubans, dont tout
leur intérieur eft tapiffé. Cette mafle d’éponges
s’abreuve de l’humidité de l’air & de la rofèe.>
Le matin ces brins fe referment, & redeviennent
aufli ronds que des joncs. Il eft facile de tirer
le plus grand parti de cette propriété fingulière,
en faifant des plantations difpofées de ia manière
dent la Nature donne les premières leçons. »
« Le Hoya eft une efpèce ne graminée , dont
les brins très-longs forment des touffes conli—
dérables, toujours croiffantes pendant tout Jç * 1
(1 ) L’cxpoGtion des côtes, 8cles vents qui y dominent 9
font du nombre des ciccoafiances que Ton doit coufî-
derer, avant d’entreprendre une pareille entreprife.
(1) M. Viborg, ProfdTeur de Botanique 8c de l’Art
vétérinaire à Copenhague, a publié en 1788, un traité
fur les plantes arenaires qui peuvent fervix à fixer 1«
fable des Dunes de la côte de Jutlandé. Les Habitang
de cette côte emploient depuis long-tems la même plante
que le citoyen Bâillon recommande à cet ufage. Noua
aurons occafion de parler plus au long de cet Ouvrage,
lorfque nous indiquerons la méthode des Jutlandoispoux
fixer les fables de cette côte.
tems
D U N
feftîS de la végétation : elles préfefltèttt au* fables
un obftacle infurmontable. Les premiers grains
qui font pouffés contre elle par les vents, en
rou'ant fur le plan horizontal qu’ils forment,
s’arrêtent embarraffés dans les fanes ; ceux qui
les fuivent s’y amalfent par agrégation. Bientôt
une petite Dune , dont le fommet eft couronné
des brins flottans de la plante, s’élève, en formant
vers le vent un plan incliné, prefque
vertical du côté oppofé. Le Hoya continuant de
croître, fixe immuablement par fes fannes &
fes racines capillaires, exceftivement multipliées,
la crête de la Dune qui sJélève de plus en plus,
en raifon de la force & de la hauteur de la
touffe qui la foutient -, le glacis fe prolonge vers
le vent dans kl même proportion. Cette Dune
voifine d’une autre formée par le même moyen,
s’y réunit, & les deux glacis n’en forme qu’un,
qui devient bientôt beaucoup plus large que
ne l’é oient les deux enfemble; ainfi une longue
fuite des pieds d’Hoyas peut former une chaîne
de Dune , & retenir une très-grande quantité de
labiés, qui fans cet obflacle, feroknt portés
par les vents dans toutes les propriétés voifines
& les perdroient abfolument. »
« Cette manière d’arrêter les fables, indiquée
par la Nature, fait naître une réflexion qui ne
doit échapper à aucun Obfervateur. Il eft in-
conteftable qu’en multipliant les obfiacles , on
doit arrêter une maffe proportionnelle de ces
fables. La vue des changemens" journaliers des
glacis des petites Dunes ifolées en préfente nne
autre ; ces glacis deviennent le jouet dés vents,
6c font emportés au loin toutes les fois qu’ils
font près des eôtées, parce qu’ils ne font plus fou-
tenus par l’agrégation de leur maffe , dont le point
d appui eft la crête de la Dune. En multipliant les
moyens de former des crêtes-dans tous lesfens,
les fables qui s’échappent d’un glacis en formeront
auftitôt un autre, par les ôbftacles qu’ils rencontreront,
à côté de celui qui les fixait ; & ces
mêmes ôbftacles croiffans par la végétation , en
hauteur ainfi qu’en largeur, retiendront une maffe
prodigieufe de ces fables. »
Méthode pour planter le Hoya.
« Quand à la forme que l ’on doit donner à une
plantation d’Hoya, le quinconce en paroîtla meilleure.
Elle donne feule le fuccès qu’on defire,
mais le choix de la difiance n’eft pas indifférent.
Si les plantes font trop voifines, par exemple, fi
elles font à un pied les unes des autres, oüplus
près , lès fables s’arrêtent trop vite à l’extrémité
de la plantation vers le vent. En y élévant une
crête, la plantation qui\ eft au-delà devient inutile.
Les Hoyas de ces parties n’étant point entretenues
& rehauflées par des fables nouveaux >
Agriculture, Tome /Jf.
DUN
enracinent peu, 6c ne donnent que des pouffe*
loi blés, q u i, dans les-grand s coups de v ent, we
peuvent arrêter les fables qui tés entourent ; &
l’objet de la plantation eft manqué. Il en eft de
même fi les plantes font éloignés de deux pieds,
ou fi elles font difpofées en carrés qui préfenrent
de longues allées vers le vent ; les fables paffent
rapidement entre elles, & facilitent, par le frottem
e n t l’expanfion de celui fur lequel elles font
arrangées. Les fables, fe portent en abondance
vers là crête, qui , plantée ordinairement plug
ferrée, les arrête beaucoup ; les pieds qui doivent
former le glacis de la grande Dune que le
planteur veut élever , fe découvrent 6c fe défe-
ch-nt; un coup de vent p eut, comme il arrive
fouvenr, ouvrir des ravines dans les places dégarnies,
entré les plantes qui réfiftent. Ces ravines
, toujours croiffantes, caufent l’éboulement
des parties voifines. Si cet accident , toujours
caufé par les tempêtes, n’arrive pas, un autre
ne peut s’éviter -, le grand glacis n’étant point
retenu par une quantité d’Hoyas , ne fe forme
& ne fe foutient qu’auffi long-tems que le vent
ne varie pas ; mais il s’éboule par le côté, fi le
vent remonte ou defeend , 6c ces fables s’échappent
entre les routes déplantées, dont les racines
ne peuvent fe joindre; ces fables portés à
côté de la crête, qui devoit les retenir , redeviennent
le jouet des vents, qui lès portent
dans des endroits dégarnis , d’où ils-s’épanchent
dans les propriétés qui les avoifinent. n
u La difiance la meilleure 6c la plus fûre, eft
d’ un pied 6c demi en tous fens & en quinconce,
fur-toute l’étendue de la Pourriere , ( 1 ) à
l’exception de la crête , qui fe plante a un pied
feulement, afin d’y arrêter tout le fable qui s’y
porte, 6c d’en faciliter l’élévation plus prompte,
6c conféquemment une plus grande étendue de
glacis. 3)
« Chacune de fes plantes acquiert facilement^
un pied de furface l’année fuivanre l ’efpace
qui refte entre elles eft néceflàire pour faciliter
le mouvementd’ofcillation , prefque continuel,
que le vent donne aux fables , 6c qui . en facilite
l’afcenfion jufqu’à la crête des montagnes
que, les plantations formeront par agrégation.
Toujours leur furface fuit fa direction, s’il tourne
à, l’E ft, la furface de la crête de ces montagnes'
diminuera jufqu’à ce qu’elle s’encroûte ;
mais les fables qui en feront emportés feront
arrêtés fur le glacis entre le Hoyas, ils s’élèveront
proportionnellement à leurs maffes, 6c les
mêmes ou d’autres pouffés par tous les vents,
depuis le Sud - Oueft quart de Sud, jufqu’au
(i)Par coatra&ion du mot Poudrière.
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