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Molucques, une efjpèce différente de l’ordinaire.
L e meilleur eft celui du Malabar. Il- y en a
■ maintenant à Cayenne & dans les autres Illes
de l’Amérique.
Cette plante femblable au Cardamome, a la
racine noueuie & traçante. Elle eft blanche,
tendre, & d’un goût prefque auffi piquant que
le poivre. . . > .
Les indiens en mettent dans le ris, qui lait
presque toute, leur nourriture, pour en corriger
Vinfipidité naturelle. Cette épicerie, mélée avec
d’autres, donne aux mets qu elle afl’aifonse, un
goût fort, qui déplaît fouverainement aux étrangers.
Ceux qui arrivent dans 1 Afie fans foi ttvne ,
•font forcés de s’y accoutumer, la pluoart par
•compiaifance pour leurs femmes, nées dans le pays.
On fait à l'Amérique avec te gingembre,
.des confitures qui ne plaifent point au patais
des Européens, à caufe de leur aromate trop
fo r t , & un peu âcre. Mais il y a une préparation
qu’on trouve agréable. On gratte 1 écorce
de gingembre, on la râpe-très fine, & on la
met tremper dans l’eau froide, qu’on renouvelle
pendant 15 jours-, alors on preffe le gingembre
.& on le deffèche y on-y mêle une quantité égale
-d'amande douce tapée, & du fucrey le tout
mis dans une cafter oie fur le feu julqù à lé—
.chereffe, forme une préparation qui nV p lus
g acreté, & qui ne cenferve que peu d aroni3M.
Poivre a donné lui même quelques détails
fur le raven-tfara. Je vais extraire ce qui eft
relatif à mon objet, de fon manufcrit, que
« fa communiqué M. de Juflieu , dont le plamr
,eft de répandre les tréfors de fa coileéïion botanique,
qui peuvent lcrvir à lipftruélion &
à l’milité publique. _ ... .
» Le raven-tfara dit-il, ou feuille bonne,
qui eft commun dans l ifte de Madagafcar, &
ne fe trouve nulle-part 3 ailleurs y devient fort
„ gros & touf fui l porte comme le giroflier une
tête pyramidale. Son écorce de couleur rouf-
fâ tre , eft odoriférante, fon bois eft blanc,
mêlé de quelques fibres rouges. Il eft pefant,
d u r , & fans odeur -, il croît dans toutes fortes
de terres, mais il aime celles qui font humides,
S l demande de l’ombre jj .
jj L ’écorce du raven-tfara, fa feuilje, le
brou & la coque de fon fru it , ont 1 odeur
des épiceries , mais fur-tout du clou de girofle.
Les habitans de nos Colonies, de rifle-.de-France
& de Bourbon, employem toutes les parties du
raven-tfara dans leurs ragoûts. Les Malegaches
ne fe fervent que de la feuille , qu’ils ont nommé
bonne par excellence, car le nom qu ils
donnent à cet arbre veur dire feuille bonne.
Il eft vrai que la feuille de l’arbre eft la partie
d’aborcî la plus aromatique y ou du moins celle
dor t l’aromate eft plus fuave. Cependant j ai
obfervé qu’en recueillant te fruit encore en
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embryon, comme l’on recueille aux Moitié-
ques l’embryon de la baie du giroflier , ce
fruit tendre, féché à l’ombre, eft infiniment
fupérieur pour l’aromate, au même fruit parvenir
à maturité , & peut le dilputer en aromate
aux plus fines épiceries. Il feroit aifé de
faire à cet égard un effai qui ne coûteroit que
peu de foins, & pourroit peut-être nous procurer
une épicerie nouvelle. >5.
n Ces arbres font fi commus dans toute
l’Ifle de Madagafcar, fur-tout dans le quartier
de foule pointe , que lorfque les habitans veulent
en cueillir les 'feuilles, ils n’héfitent point à
abattre l’arbre entier jj .
jj Cet arbre ne fe trouve pas dans les environs
des bords de la mer. 11 faut entrer à
quelques lieux fur le terrai» pour le rencontrer.
Il veut une terre,grade ; il a une particularité
qui lui eft commune avec le giroflier c’eft qu’il
ne produit de récoltes que trois ans. Il fructifie
peu ou beaucoup moins les autres années
jj .
» Les Malegaches en diftinguent plufieurs
efpèceSj qni ne diffèrent que par la groffeur
des fruits, & par- le plus ou le moins d aromate y
ce qui peut venir de la différence de fol ou
fe trouvent ces arbres j j .
M. Céré a obfervé que le raven-tfara com-
mencoit à rapporter à cinq ou fix ans y il fleurit
en Janvier & Février y le fruit eft dix mois à
fe former & à mûrir.
La préparation des feuilles confifte à en faire
des chapelets, & à les biffer à l’air pendant un
mois. Au bout de ce temps, on les jète dans
i’eau bouillante pendant quelques minutes, %
on les met fécher enfuite au foleil ou à la cheminée.
Dans cet état elles fe confervent plufieurs
années. On emplois le même procédé pour
conferver les fruits.
J ’aurois defiré pouvoir me procurer une fuite
de relevés des épiceries, importées.; en France
pendant un temps confidérable, afin d’en former
une année moyenne. Mais tous mes efforts ont
été inutiles. N’ayant été à portée ffobtenir que
1e relevé,4 e 1784, il me fera difficile défaire
connpitre au jufte à quoi fe monte notre confom-
mation. Néanmoins 1e tableau que ije préfenre
n’eft pas fans intérêt, puifqu’il donne une idée
de la quantité de chaque épicerie que 1e commerce
tant national qu Etranger, nous a apportée
& de ce qni nous en eft refté pour nos befoins,
clans un moment où la circulai ion des denrées
ètoit entièrement libre. Un réfultar obtenu par
une autre v o ie , & l’importation d’une année
antérieure à 1784, .fe - rapprochant beaucoup
de celui du tableau y j’ai lieu de penfer, que je
1 ne fuis pas loin de la vérité* B
RELEVE
RELEVÉ des Epice pinces Etrangères, en 1784.