
D E F
dation des bois &. des terres, qui leur fervoîent
d’abri contre le nord. On aflure qu’à peine il
exifte aujourd’hui quelques oliviers à Mon-
tclimart, La même obfervation a lieu pour quelques
pays de vignobles, qui n’ont perdu de leur
ancienne réputation fans doute , que parce que
les vignes ne font plus aulfi abritées.
Tels font les calculs, tels fo n t , à ce qu’ il me
femble, les réflexions que doivent faire les gour
vernemens , quand il s’agit de donner des Joix
fur les défriehemens. Les calculs des particuliers
ne font pas les mômes. Deviennent-ils propriétaires
de bois ou déterrés incultes, ils peuvent
avoir intérêt à les défricher & à les exploiter
en labour ? Les Amples journaliers font ceux
à qui les défriehemens profitent davantage. Ils
les défoncent, les façonnent, y portent des engrais
& les améliorent dans les momens où ils
•ne font pas occupés , en forte que la main
d’oeuvie ne leur coûte prefcjue rien. S’il.importe
à l’Etat que ces tetreins-foient coufervésou mis
en bois, il importe aux particuliers d avoir une
joujffance prompte &.par conféquent de je£ en-
femencer eh efpèçes déplantés, qui leur donnent
tous les. ans du produit.
Il y a diyerfés manières de défricher un ter-
rein. Elles font relatives à i’état dans lequel où
il. fe trouve j c’eft ou un Bois, cru une Lande.,
ou an Marais, ou une Prairie; naturelle ou artificielle.
'■ - - i ; '
Lorfqù’une Colonie s’établit dans un pays où
prefque tout eft Bois , ce ne peut être qu’en en
détruifanr, qu’elle fe procure des terres cultivables.
Les Européens ont été dans ce cas,
quand ils fe font emparés des Iflcs & de quelques
portions du Continent d’Amérique. Ils n avoient
pas befoin de ménager le bois., puifqu ilsfen re-
gprgeoient y pour l’exploiter convenablement, il
leur eût fallu plus de bras qu’ils j i ’en avoient:
îls étoient préfixés de. jouir, & ne dévoient par
conféquent employer qu’un moyen prompt. Ils
prirent donc le parti de mettre le feu aux arbres,
au lieu de-les abattre, d’en arracher les fouches
& d’égalifer le terrein,
Dans nos C on tré e soù : il n’y a . pas, fura-
bondance de Bois, on le poupe ou qn 1 arrache/,
on en ôte les racines j r on remplit les trous &
on laboure en automne avec une charrue à
verfoir. La gelée divife les-mottes & fait périr
les herbes -, un fécond labour, donné au prin-
îerns, met la terre en état d’être enfemencèe.
Une bonne pièce de terre en Bois, mife en
culture, rapporte jufqu’à vingt ans de fuite fans
interruption. Les feuilles, qui tomboient chaque
année & fé pourrifîoient, y ont formé un engrais,
dont elle fe reffent long-tems. Les racines,
prenant leur nourriture très-avant, n’ont: pas
épuifé la furface, la feule employée à donner
du grain. On ne doit pas attendre un produit
fi long-tems prolongé d'un fol médiocre, autre-
D E F
fois en Bois, & nouvellement défriché, parce
que les arbres y ayant moins de vigueur &
étant chargés de moins de feuilles, ne l ’ont pas
autant engraiffés. Si c’eft un terrein léger &
fablonneux-, non-feulement il n’y a pas de profit
à en détruire le Bois pour le cultiver, mais
même on n’y récolte prefque rien les premières
années. 11 faut auparavant qu’une cultùre affidue,
des pluies & des engrais en aient rapproché les
molécules. J ’en pourrois citer un exemple. Le
terrein du Parc dé Rambouillet étoi-i de cette
nature. On a imaginé .d’arracber une partie des
Bois, quf le couvrôient. pour établir des cultures.
Ce n’efl qu’avéc beaucoup de peines, de
f o i n s d ’engrais, qu’on eft parvenu, après trois
ou quatre ans.,- à en obtenir des récoltes fatif-
faifantes, qui ne remplaçoient pas les produits
en Bois, tout médiocres qu’ils .lufient.
On difiingue deux fortes de Landes, la Lande
maigre & la La nde'/graffe.i La première efl communément
couverte de bruyères y la fuperficie
de ton fol eft fàblonneufe & fans lia.ifon j elle
eft aflife fur une couche argilleufê, & entre
les deux il ÿ a quelquefois un dépôt ferrugineux,
plus ou moins épais telles font les Landes, qui
s’étendent _ depuis Anvers jufqu’à Rocfeu en
Hollande, celles des environs de Loô, d’Utrecht,
de Guéldre -, &. en France, celjes de laSçlogne,
du Berry, du Bôrdelois, &c. Quelques Landes
maigres' font forméés de craie' duré & folide ,
quelques autres d’argille pure ou. prefque
pure.
Il eft bien difficile que la Lande maigre dédommagé
des frais de défrichement. Si cependanft
on veut l'entreprendre, oh peu t choifir deTune
des deux manières fui van tes, ou plutôt, on adoptera
l’une ou l’autre félon la Circonfiance. Quand
la Lande ' c’eft: à-dire,, la plante qui la forme,
eft rare & épar-fé de'diftânce en diftance : on
pèle là furface de là terre, qn la fait fécher au
Soleil & on l’alùoncèle enfuite en ménageant
une ouverture inférieure pour ÿ mettre le feu ;
on la brûle, pour en répandre la cendre fur la
terre : cetré opération s'appelle ccobuer. Voye[
' çe mot. Lorfque la Lande eft multipliée & pref—
fée , ôn eft dans i’ufagé d’y mettre le feu au
commencement de l’automne, avec'la précaution
de nétüyer toute l’herbe du côté où Ton veut
que «’arrête l’incendie ; on profite d’un tems
où le'vent dirige favorablement la flamme. Après
l’extinélion du feu , ori labouré à la charrue &
on enfemence en A v°ine fur un feul labour.
On a remarqué en général que le brûler étoit
une, mauvaife pratique. L’engrais des cendres
n’efi que momentané. Les terres, ainfi traitées,'
rapportent beaucoup la première année, & ne
rapportent prefque plus les années fuivantes.
Il vaut mieux, félon l’abbé Rozier, enterrer les
bruyères, dont la décompofition très-lente fans
doute forme üti humus, capable de nourrir tes
v&ètaux. Maïs il faut les enterrer, quand elles
font en fleurs, afin de ne pas remettre leurs
graines dans la terre -, d’ailleurs, plus tendres
à cette époque , elles pénffem plutôt la char-
rüe les ayant fortement endommagé. On le lert
de la charrue, montée far deux roues, armée
d’une longue flèche, d’une - forte oreille ou
verfoir; fifde tous fes accefloirs tranchans, pour ;
couper les racines. Après phifieurs labours, on
lierferoit pour tirer tout ce qui ne leroit pas
enterré a.fléz avanr. On mcttroit ces débris Ions
les befliaüx, où on les difpoferoit par lits avec
de la terre, en les battant fortement-, les pluies
n’y pénétrant pas, ils 1e confommeroient len-
. ternent & donrieroient un bon engrais.-
L ’abbé Rozier eft d’avis qu’on n’enfemencé
■ pas les Landes maigres, aïiffitôt après leur défri-
ehement. 11 pefife qti’il faut donner a la terre
le tems de prendre des principes alimentaires de
végétation. Je le crois fondé a donner cet avis
& à confeillercomme il le fait, de défricher
les Landes maigres au printemps, d y femer fur-^
le-champ des Pois, des Vefces, de 1 Ers ou des
Lupins, d’enterrer ces plantes lorfquelles font
en fleur, de répéter lra même opération une
fécondé année , d’y mettre à la troifieme des
-grains pour les récolter, & d’alterner enfuite
avec du Sainfoin, ou des Raves, ou des Car-
rottes, &c. C’eft le môyen d’améliorer ces terres
& de les rendre plus long-tems fécondes. Mais
il „faut faire le facrifice du défrichement & des
deux premières années , pendant lefquelies on
dépenfe fans rien récolter.
Le plus utile & le plus certain efl de les bien
travadler & de les planter en vignes, fi l’expofi-
tion & les autres circonftances le permettent,
ou en bois, qui croiffè en terrein médiocre, tel
que le Bouleau, le Merifier, le Coudre, &c.*,
ou en Pins maritimes, dont le bois eft d’un bon
ufage, même employé jeune, & dont on peut
tirer beaucoup'de réfine en plufieu'rs pays, fi
on les Jaiffe1 parvenir à une certaine hauteur.
D’ailleurs, la chûte des feuilles de ces arbres
peu-à-peu forme une terre végétale, qui, dans
la fuite, donne de la valeur à la ’ Lande. .
On reçonnoît la Lande graffe aux Fougères:,
| à l’Yeble, à l’état des Broufiaiiles qu’elle produit.
Elle eft fufèeptible dq bonne culture, &
1 on peut efpérer qu’en la défrichant elle donnera
du; profit. Duhamel penfe qu’il faut d’abord
arracher les Broufiaiiles, faire palfer enfuite une
forte charrue à trois coutres, fans foc , attelée
de quatre ou cinq paires de Boeufs, plus propres
que les Chevaux anx défriehemens, & employer
i des femmes à„ tirer les racines que la charrue
découvre;. Mais il vaut mieux défricher à bras
d’hommes qu’à la charrue. On doit le faire à
tranchée ouverte, afin d’enlever toutes les racines.
Il y auroit' plus d’avantage à brûler la
JLande graffe que la Lande maigre, parce que
la terré en étant humide■ & compaéle, les cendres
contribueroient à la divifer. .
Le tems le plus favorable au défrichement de
la Lande graffe, eft le commencement du printemps.
On laiffe enfuite paffer l’été fans y touch
e r , à moins qu’elle ne pouffe beaucoup de
mauvaife s herbes, qu’il foit néceffaire de détruire
par des labeurs, -
Lorfqu’on a le projet de défricher un Marais,
le premier foin eft de le deflecher, Voye\ le
mot D essèchement, S’il ne pouvoit être bien
de fléché,il vâudroit mieux le planter en Aunes
ou en Ofiers, qui fe plaifent dans les Marais.
Enfuite on le laboure en automne à la bêche,
qui entre plus profondément que la charrue.
A près* que l’hiver a mûri la terre, e’eft-à-dire,
Ta divifée, on l’enfemence en avoine, quiréuf-
fit toujours. Les labours fubféquens peuvent fe
faire à la charrue.-. Les eaux, qui féjournoient,
ayant un bon écoulement, le Marais devient
fufceptible de différentes cultures.
S’agit^il de défricher une Prairie naturelle ou
artificielle , foit parce qu’elle, produit moins
qu’elle ne prodniloit, foit pour employer le
terrein. à d’autres ufages, il fuffit de la labourer
avec une forte charrue quand les pluies d’automne
font pénétré, & de lui donner au printemps
un fécond labour, pour femer enfuite de
l’Avoine. J ’ai vu des Fermiers même fe contenter
d’un feul labour en hiver -, c’étoit, à la
vérité, dans des terres légères qui.avoient.porté
du Sainfoin. On ne leme dti Froment, dans ces
défriehemens, que quand la terre a été uflînée
par dés labours réitérés.
On a imaginé diverfes efpèces de charrue
pour défricher. Les Anglais-,, plus inventifs que
nous en ce genre.,, en ont employé & fait graver
plufieurs, dont on trouve la defeription dans
le Dictionnaire des Infirumens d’Agriculture, au
mot Charrue. .
La prudence exige que celui qui veut entreprendrede'
grands .défriehemens, calcule avec
lui-même, pour favoir fi le produit couvrira fa
dépenfe.. il calculeroit mal, s’il prétendoit que
les champs défrichés duffent le dédommager en
deux ou trois ans j fouvent on fait une bonne
opération., lorfqu’en retirant peu les premières
années j ■ on retire beaucoup les années fuivan tes.
Il calculeroit mal. encore, s’il ne comptoir d’avancé
une moitié ou un quart de mife de.fonds
de plus pour les cirçonfiances imprévues.
Je Gonfeillerois d’abord de connoître, d’après
un arpentage, l’étendue du terrein à défricher,
de le faire fonder à divers endroits, de s’affurer
par des effais combien un homme ou des animaux
en défricheroiem en un tems donné. Je
n’ai pas befoin de dire qu’on fera entrer dans
les calculs ce qu’il en pourroit coûter, ou pour
pratiquer des foffés propres à écouler les eaux,
comme Jorfque le terrein eft en pente & qu’il