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des In fpc fleurs, connoitroient d un coup d oeil
le befoin général, ou celui d’une ou de plulieurs
Provinces, maltraitées par la grêle, les pluyes,
k fé-hereffe, les infefles &c. •
Cette eonnoiffance mettrait à portée; I." défaire
venir d’avance à propos & fans femer l’alarme,
des grains de l’étranger , fi on prévoyoït avoir
befom de ce fecours; l.° défaire paffer des grains
d’une Province dans une autre; 3 / de permettre
avec prudence & sûreté l’exportation au dehors,
ouand le prix du bled feroit très bas.
Les moyens propofés par 1 auteur du mémoire
cour prévenir la diferte & i tiop bas prix du
bled font bons en apparence & théoriquement.
Il lemble qu’ils fuient fimples & d’une exécution
facile. Mais en les examinant, on y trouve
beaucoup d’inconvèniens. Quelle voie employer»
Je gouvernement, pour faire paffer des grains
d’une Province où il y en a beaucoup , dans
une province où il en manque? fe contentera-
t-il d’en»ager les Cultivateurs ou le Commerce
à fe charger de cette commiflion ? Mats s y prêteront
ils, & quand ils s'y prêteraient le peuple
de la Province f qui fera dans 1 abondance, ne
s’oppofera-t-il pas à cette exportation dans la
crainte qu’on ne lui enlève tons fes bleds ? Si on
contraint les Cultivateurs n efl-ce pas une attaque
à leur propriété? En fuppofant que le
«ouvernement foit le maître de difpofer à fon
feré de la furabondance des bleds, pour y parvenir
il faut faire exercer une inoutfition annuelle
très-défagtéable. Aucun Cultivateur ne
verra fans peine fauter fes profits. Il craindra
Jea envieux de fa fortune & une furcbarged impôts.
Il en réfultera qu’on fera des déclarations
ftufles, ou qu’on refufera de déclarer, Le fyf-
tême de l'auteur me parolt donc un de ces plans,.
oui ont feulement beaucoup de fpéçieux. Je
renvoyé pour la difcuflion des autres moyens
préfervatift de la difette, i tout ce qui a été dit
au mot Commence des G r a in s .
Ouand la difette eff gétffirale, ou quand on
craint quelle ne le devienne, p’e(| au gouvernement
qu'il appartient d'y remédier ou de la
prévenir: Lui fenl p»ut faire dalfez grands efforts
pour en arrêter les effets.
Vers l’année t740 , M. Orry, Contrôleur général
des finances, tirade l’étrangerpourlafomme
de 13,000,000 de bled; une partie fe trouva
gâtée , par la négligence & l’avidité des perfonnes
chargées de ces achats. Maison fit paraître dans
les marchés ce qu’il y avoir de bon, & le bled,
auparavant très cher, reprit bientôt fçn cours
ordinaiie. C’efl ainfi qu’un ininiure fPgr
élire p grand bien,
En 1789 , cette denrée étant à un prix ex^r
jeiîif, le gouvernement, fuivant 1 état général
de 4pus le$,bureaux frontières que j’ai entre le$
plains , fit venir 2,643,2.7? quintaux de froment,
quintaux de feigle piéteil»
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quintaux de farine, 93,477 quintaux d’avoîné»
462,774 quintaux d’orge , farazin , inaïs 8c autres
menusgrains. 232,415 quintaux de fèves, pois 8c
autres légumes, 8ç 115,998 quintaux de r is ,
total, 4,436,970 quintaux de g'.ains. Mais ces
denrées arriveront trop tard ,- puifqqe ia plupart
ne furent dans nos ports qu’en Juillet,
ç’eü-à-dire, près de la récolte, qui heureufe-
i ment fut abondante; & ainii elles n’eurent pas
fur la diminution qui iuivir, toute l’influence
quelles auroienr eues, fi elles éroient arrivées
plutôt. Cependant elles furent très-utiles, &fans
elles on eût anticipé bien davantage fur lg ré^
coite nouvelle, qui en général ne commence à
j nous nourrir qu’après les femailles.^ ' .. ;
Quelquefois ce n’eft qu’une Province, ou qu’un
canton, ou qu’une ville feulement qui éprouvent
la difette. Alors les fecours des particuliers, Pim.
telligence & l’aélivité des hommes en place, font
îes refiprts qui doivent être mis en mouvement»
Un mémoire imprimé , dans lequel on rend
compte de ce qui fe pafla dans la ville du
Mans en 1738 8c 1739, me met à portée d’en
citer un exemple , dont le fuccès efi bien
çonftaté.
La récolte de 1737, fût peu abondante dans
Je Maine 8c infuffilànte pour compenfer celle
de 1738, fi mauvaife,: qu’à peine elle produifit
de quoi nourrir la Province jufqu’aU mois de
Janvier. Elle ne recueille ordinairement du bled
que pour fa fubfifiance. On affura qu’en 1736 8t
1737, on avoit tiré beaucoup de bled du Maine,
8c par conféquent cette Province n’avoir pas
de provifions. L ’Anjou 8c la Tourraine, pays
voifins, étoipnt dans le même cas. Les çommer?
çans de Tours 8c d’Angersavoient remis entrç
eux une fomme considérable, jointe à celle que
le Roi leur avoit fait prêter pour acheter des
bleds, emmagafinés à Nantes. Cette marche toute
tracée étoit celle que defiroit fuivrç la ville du
Mans. Mais, n’étant pas opulente comme Tours
8c Angers, où le commerce fait la richeffe, ellç
fut embarrgffée pour trouver les fonds nécef-
faires. L’évêque du Mans & le liçutenant génév
ral du Préfidial, furent les premiers à propofei
une contribution, qui s’exécuta avec joie.i Les
çorps eccléfiafliques donnèrent 36500 liv. &le$
antres corps, y compris ce qu’offrirent quelques
particuliers, formèrent 3 3400 liv. en y ajoutant à
cette fomme quelques emprunts , on parvînt à
réunir 7420Q de contributions. L ’Etat prêta d^
plus à la ville 500000, Qn établit un bureau
de charité poqr conduire l'opération : on prit
toutes les précautions que la fageffe exige pou,?
l’emploie, dp la fomme à la eonnoiffance des
députés de tous les corps ? on envoya à Nantes
8c en Angleterre même acheter du bled : les
communautés eccléfiafliques fournirent les gre«*
niers: on vendoit 8c on diftribuoit dans fes grc-?
1 niers avec ordre & juftice au prix çouraftfa &
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©n en portoit en outre au marché afin que ce
bled 8c celui que les fermiers y amenoient, concoururent
pour le bien garnir. Il fût décidé
dans les compagnies que les intérêts des emprunts j
qu’elles auroient pu faire feroient fur leur j
compte, 8c que fi après la vente des bleds il y j
avoit perte , elle feroit fupportée par tous les
habitans ; il ne paroiffoit pas jufle que ceux des
gens riches 8c aifés, qui n’avoienf pas contribué
fuffent exempts de la perte. Au contraire, fi la
vente excédoit le prix de l’achat, le profit en j
devoit être pour les pauvres après le rembour-
fement des frais 8c des prêts.
Par ces précautions on para aux effets de la
difette 8c de la cherté, & on fournit des bleds
à ceux qui pouvoient en acheter. Mais il falloir
en fournir à ceux qui étoient hors d’état de
payer. On comptoit dans la ville 7000 pauvres.
Les paroiffes où n’habitoient que des bourgeois
aifés, firent chaque mois des fommes fuffifantes
pour aider celles qui n’étoient habitées que par
des artifans', la plupart pauvres 8c chargés de
familles. L’évêque 8c plufieurs chapitres fe chargèrent
des pauvres de certaines paroiflès. Le lieu-
nant général M. Lorschere voulut feul fecourir
ceux du grand S. Pierre : on leur diftribuoit
chaque femaine du pain fait avec le bled des
magafins publics. Les pauvres des campagnes au
nombre de 3000, que le befoin avoit aufli
amenés dans la ville furent aufli fecourus. L ’évêque
8c M. Lorfchere fe donnèrent les plus
grands mouvemens. Un marchand fripier nommé
Dariot, qui avoit fervi dans les troupes, fit pour
ainfi dire des prodiges de bienfaifance 3 fon zele
& fon humanité fauverent la vie ù beaucoup
d’infortunés. 11 faifoit chez lui du bouillon ,
pour tremper de la foupe aux fenls pauvres de
la campagne, avec le pain qu’on leur avoit donné
dans la ville. Sa maifon depuis 7 heures du matin
jufqu’à 7 heures du foir étoit pleine de
gens qui venoient chercher du bouillon. Il faifoit
plus ; il donnoit retraite à plus de 60 orphelins
, 8t plaçoit les malades au nombre de
plus de 40, dans une maifon voifine de la fienne,
& il en avoit un foin particulier. Lorlque les
pauvres n’avoient pas trouvé de pain dans les
difiributions de la v ille , il leur en fourniffoir.
Pendant plus de trois mois, il s’eft confacré à
cette oeuvre de bienfaifance avec une aélivité
peu commune. Il trempoit jufqu’à2500 foupes
par jour. Le b .uillon de Dariot fe faifoit avec
de la viande, des légumes de toute forte , telles
que lai ue, ofciile, carottes, panais, choux 8c
fèves, en y ajoutant des oignons, du beurre ou
de la graille, du fd 8t du poivre 3 le tout dans
fuffifante quantité d’eau ,* c’étoit ordinairement
chaque jour 400 pintes, mefure du Mans. Da-
fiot étoit fans fortune, mais fon zèle le porta à
tourner vers le f >ulagement des pauvres de la
Campagne, la généroûté & l’humanité des gens
D I S » f
j aifés. Il n’eût pas plutôt commencé cette ma-*
I niere de foulager, que beaucoup de perfonne*
‘ le firent dépofiraire de ce qu’elles vouloient
donner. Chacun lui apportoit ; plus il diflri-
buoit, plus il reccvoit, afin de diftribuer encore
davantage. Les âmes fenfiblesn’ont befoinfouvent
pour bien faire , que de l’indication des moyens
qu’elles n’auroient pas imaginés. Puiffe la mémoire
de Dariot fubfifter iong-tems ! Par-tout
ou fa belle aélion fera connue , elle prouvera
dans tous les âges combien avec la bonne volonté
on peut-être utile à fes femblables dans
les tems de difette, Voye{ au mot P a in toaies
les fubftances, qui fervent à en faire, les meilleures
combinaifons 8c ce qu’on peut y fubftituçg
quelquefois. ( T e s s i e r . )
D I S P O S I T I O N .
On nomme Difpofition, dans les plantes, lu
pofition relative des diverfes parties & des divers
organes de l’individu. C’eft principalement
cette difpofition qui forme les caraélères folides,
auxquels le Jsaturalifie peut fe fier dans l’examen
8c la defeription des efpèces. On a remarqué,
depuis long-temps, que le nombre des parties,
fur lequel les fexualiftes ont bafé leurfyflême,
efi très-variable ; tandis que ces mêmes parties
confervent, dans leurs variations de nombre,
la même pofition relative. En effet, il paroît à
celui qui veut réfléchir , que la pofition 1 tient
plus immédiatement à la charpente primitive de
l’individu ,8c, par conféquent, qu’elle dépend
beaucoup moins des circonftances fecondaires.
Cette difpofition des parties comprend , non-
feulement l’infertion diverie des organes de la
fleur, mais aufli les infertions variées des branches,
feuilles, flipules, épines, 8c autres acceffoires du
végétal. Ainfi tel végétal qui porte effentielle-
ment fes branches alternes, ou oppofées, oti
verticillées, conferve ce caraélère dans toutes
les pofitions, au lieu que le nombre de ces
parties varie fréquemment. Il en efi de mémo
des feuilles. On obferve aufli que le nombre
des parties conferve une proportion relative,
même dans fes écarts : ainfi telle plante, dont
la fleur porte habituellement dix étamines
8c cinq pétales, aura des analogues qui porteront
huit étamines 8c quatre pétales, 8c ainfi des
autres. Adanfon, dans fes familles des plantes
a préfenté diverfes obfervations fur cet objet.
( L . Ü E E V IE R .)
DISQUE. On donne ce nom a cette expanfion
de la tige, environnée p r Ls bords d’écailles
en forme d« godet , fir laquelle font implantées
les fleurs de certaines familles, ou cette réunion
de plufieurs fleurs par iculières compofe une
fleur général;. Voye\ F l e u r .
La famille naturelle des Rlnnipitales, ainfi
que les autres composes, les dipi'acées4