
vent être que l'effet d’une defiicaiion rapide,
Rcfle à favoir fi les mouches, dont j’ai parlé'
fe portent fur les épis ergotés, afin de fe nourrir,
comme les fourmis, du fuc doux qui s’ex-
trayafe, ou fi c’eft leur piquure qui occafionne
l’extravafion de ce fuc et la formation de
l'Ergot. Aucune des hiles, dans lefquelles l'Ergot
commençait à fe former, ne paroifioit contenir
des parties de la fructification. Pour être
uffuré qu’il n’y a point eu de fleurs dans les
biles , qui portent des Ergots, il faudroit
peu de temps après" que le feigle eft épié,
- difféquer un grand nombre d’épis, qu’on foup-
çonneroit devoir être attaqués de cette maladie,
ce qu’on ne peut faire, qu'avec une extrême
patience, & dans un pays où l'Ergot eft abondant.
Cependant il y a lieu de préfunier que
les biles, qur renferment des Ergots, contiennent
des fleurs qui fe développent, ou que leurs
embryons font fécondés. Car comment'fe for-
meroienr les grains composés de feigle &
d’Ergots?
Progrès de l'Ergot depuis fa formationay
J ’ai mefuré, jour par jour, deux grains d’Er-
gor, pour connqîrre leurs degrés d'accroiffement.
L ’un d’eux, qui a atteint la longueur de douze
lignes en neuf jours, croiffoir, tantôt d'une
ligne3 tantôt dune ligne & demie, en vingt-
quatre heures. Son plus grand accroiflement s’eft
fait dans les jours qui renoient le milûu entre i les premiers et les derniers; Itüiré efi parvenu j
pendant le même 'temps,;-à la même longueur,
en croiffant plus lis premiers' jours que les fuK
vans; il a augmenté une fois de deux lignes
en vingt-quatre heures. Ce qui mérite d’être
remarqué, c’eft que ces Ergots, dans leur ac-
croiltentent, n’ont pas fuivi l’ordre dés degrés
de chaleur ; car ils ont quelquefois augmenté
davantage dans des jours moins chauds.
Analife chimique de l'Ergot, comparée avec celle
du feigle.
Quelqii’importante que fôit la chimie, quel-
que confiance qu’on doive aux découvertes
qu elle procure, cependant il feroit imprudent
d adopter légèrement fous lesréfulratsque four-
niiient les anaiyfes d’iin grand nombre dejfub-
fiances e t fu r - t ou t des fubfiances végétales. Mais
lofqujls s’accordent avec des obfervations faires
par d autres moyens, l’orfqu’ils font le fruit de
recherches impartiales & fans préjugé,, loin,
dêtre rejettés, ils méritent d’étie admis, &
doivent concourir, pour leur part,; à répandre
du jour fur une matière qu’on veut éclaircir.
L. elt d après cette idée que . j’ai cru devoir ana-
lyfer chimiquement l’E rgot, & publier ici les
précédés que j ai employés & ce. qu’ils o;nt ;
produit. Parmi Les phyficiens qui fe font occu-
■ P^s de cette graine, plulieurs en ont fait une
analyfe chimique, entr’autres m M. Smieder,
Model,. Parmentier & Réad. Mais comme leurs
réfultats ne font pas les mêmes., comme ils n’ont
point d ailleurs épu-ifé' toutes les maniérés pof-
fibies d’analyfer, & qu’aucun deux n’a fait,
pour ainfi dire, marcher à côté l’analyfe du
ü ma paru néceffaire de reprendre ce
travail de nouveau, et de le faire avec le plus
grand foin. En conféquence, j’ai choifi de
1 Ergot, fur lequel j’ai répété les expériences
fuivantes. p l i
Analyfe de VErgot par la voie humide.
Douze onces d’Ergot concaffé ont été mis
dans une cucurbite, avec trois livres d’eau ;
j en ai tiré par la diftillation, à la chaleur la
plus douce, environ douze onces de produit
que jai féparé en quatre parts, recevant feulement
trois onces à- chaque fois ; tous ces prO-
produirs m ayant paru ^parfaitement femhlables
pour 1-odeur et pour-le goût, je .les ai réunis.
Cétoit une eau très limpide, d’une odeur défa-
gréable ,• vireufe & d'un goût nauféabond. La
matière refiée dans le bain-marie, affcèloit le
nez de la même manière que l’efpèce d’efp.îÈ
reéleur que j’en avois obtenu.
Les grains d’Ergot n’étaient-, point amollis,,
ni altérés dans Leur -couleur l’infuïion étoit
cfun beau violet. Ayant été yerfée par iiicli—
naifon, elle a paru couverte d’une pellicule
blanche qui étoit huileufe, comme je m’en
fuis^ affiiré en la touchant et en imbibant du
papier. M.. Réad a- obfervé que , fi- l’on fait
macérer l’Ergot pendant vingt-quatre heures
dans Peau chaude, il s’en éleve une (iibftance
onôlueufe qui forme, à la fuperfîcie., une cu-
ricule affez épaifle & de différente couleur. Il
a auffi remarqué’ que lmfufion d’Ergot fait
effervefeence avec les acides ; je n’ai pu voir
m cette couleur, ni cette èffërvefcence,
L infufion filtrée & évaporée au bain-marie
à. ficcité, à fourni quatre gros d’un extrait brun
& tranfparant. Cet èxtrait mis fur les charbons
ardens , fe bourfouffle., brûle fans donner de
flamme, & laifie après lui un.charbon très-fpon—
gieux; il attire fenfiblement Phumidité de l’air,
( * ) Ay moment oïi cette analyfe a été fa ite , la
chimie ^ ’étoit .pas auffi avancée ; il ne faut point la
juger d’après lej connoilTances modernes. Toute impar*
faite qu’elle eft, on peut en prendre des idé.es fur les
parties çonftituantes dé l’Eigot ■; c’eft ce motif qifi me
détermine à la Jaiïïer fiibfifter. ' Des chimiftes habiles
la reprendront , & expoferont nîîêux, qu’on ne le Voit
i.ci, les principes qui compofent.cette monftruofitc-ou
maladie vege,tale.,
E R G E R G M *
fe diffout entièrement dans l’eau & ne colore )
point du tout l’efprit de vin. J e ’ le regarde donc
comme un véritable extrait gommeux.
Si l’on abandonne à elle même de l’infufion
d’Ergot , au bout de vingt-quatre heures elle :
prend une odeur piquante; elle fe couvre d’une
moufle légère, qui indique un commencement
defermenration;.aprè$ quarante-huit heures, elle
exhale une odeur infeéle & putride. Dans cet
état elle verdit le firop de ..violettes, & devient
trouble, fi on y ajoute un peu d’efprit de vitriol,
qui lui fait perdre fon odeur fétide.
J ’ai fait bouillir pendant environ un quart
d’heure, dans quatre pintes d’eau, l’Ergot, dont
j'avais enlevé l’efp'rit recteur & la partie extraéHve;
par l’infufion ; j’ai filtré la décoétion, qui étoit
d’un brun rougeâtre affez foncé ; j’ai fait bouillir de '
nouveau le marc avec quatre autres peintes d’eau ;
cette fécondé décoétion étoit d’un jaune pâle :
enfin j’ai réitéré une troifième fois, en employant
la même quantité dbau, qui nes’eft point éoloréé. .
Après ces décoétions- répétées y là couleur des
grains d’Ergot n’a pas paru fenfiblement altérée; ■
elle jivoit feulement pénétré dans l’intérieur des
grains; obfervation qui,-n’a point échappée à
Æ . Réad. Ils ne fe font pas trouvés beaucoup
plus_attendris, ni'gonflés; mais il font devenus
un peu plus fouples, La décoélion d’Ergot, fuivant
M. Réad, verdit le fyrop-de violettes, & fait
effervefeence avec. les acides; je n’ai rien pu
appereevoir de femblable.
Ayant raffemblé toutes les décollions,'je les
ai l’aif 'évaporer au bain-marie, & j’ai fait def-
fécher le refidu à une chaleur douce ; j ’en ai
obtenu fix gros d’un extrait brun, d’une odeur
affez, fétide. Mis fur-les charbons ardens, il fe
bourfouffle, brûle fans donner de flamme &
laiffe, après fa déflagration, un charbon très-,
fpongieux.
Cet extrait, ayant été fournis à la difiiHatiorL
dans une cornue au fourneau de réverbérera
donné deu* gros de produit, qui ir’étoit, pour
la majeure partie, qu’un efprit roux, fétide,
qui a verdi le.firop de violettes, .& a fait une
vive effervefeence avec tous les acides.
L ’extrait d’Ergot, préparé par décoétion, attire
l’humidité de l’air ; il fe diffout entièrement dans
v Fëau, à laquelle il. communique une couleur
brune très-foncée. Il eft-infoluble dans I’èfprit
de vin, qu’il colore cependant plus que l’extrait
d’Ergot préparé- par infufion ; ce que je
crois pouvoir attribuer à l'altération qu’il à
éprouvée par la longue aélion du feu ; car je le
regarde, ainfi que l’autre, comme un véritable
extrait gommeux, mais plus altérable^ que la
piûpait des extraits de cette efpèce, à.en juger
par la-nature des produits qu’il fournit, & par
la facilitéavec laquelle la diffolution de cet extrait
tourne à la putréfaélion.
Analyfe du feigle, par la voie humide.
J’ai mis en digeflion, dans une cucurbite
de verre, avec trois livres d’eau pure, douze
onces de feigle de la dernière récolte; il s’eft
tellement gonflé, qu’il a abforbé prefque la
totalité de l’eau. En cet état il a été fournis à la
diftillation au bain-marie y & à iàiffé ••échapper
douze onces d’-une liquéür d’une faveur doucé,
qui n'a point changé la teinture bleue des végétaux.
Ce qui reftoit dans la cucurbite étoit très-
volumineux, & fi adhérent aux, parois, que c’eft
ayec beaucoup de peine cju’on l ’en a détaché.
Je' l’ai fait bouillir dans fuffifante quantité d’eau
pour en tirer la partie extraélive. Six .pintes.;,
fuffifem à peine; car cette quantité d’eau fut convertie
en une efpèce de gelée-, fetnblable à de la
colle d'amidon, fans, odeur, d’une faveur agréable,
folubie dans l’eau , ne laiffant après elle aucun
dépôt; Elle s’eft confervée quelque tems fans-
s5altérer ; au bout de huit à dix jours elle a
commencé à s’aigrir & ce mouvement de fermentation,
en a(. détruit la vifeofité. Cette pre-
' mière opération établit déjà; une différence entre;
lès produits chimiques du feigle & ceux de l’Ergot’;
elle fait voir fur-tout que dans celui-ci il ne fe
trouve point de partie amilacée, pmfqù’il ne
fournit point de mucilage,, qui eft très-abon--
dans dans le feigle. (
Analyfe de VErgot, à feu nuy ou par la
voie jecâe,.
J ’ai diftillédouze onzesd’Ergot dans une cornue
de verre, au feu de réverbère, en procédant
i f abord par une chaleur très-douce. J ’en ai retiré
deux onces d’un phlegme tranfparent0 dont les-
premières portions verdiffoient fenfiblement le
firop de violettes. Il avoit une odeur d’alkaliç
volatil très-défagrëc.blew J ’augmentai infenfible-
ment le feu, jufqu’à-faire rougir la cornue, que j’ai,
tenue dans cet état pendant environ deux heures*.-
J ’ai obtenu une. once & un gros & demi d’uni
efprit roux,. fétide, & capable de verdir le firop-
de v io le tte s& de faire une effervefeence marquée
avec les acides.: Il étoit couvert d’une couche-
d’huile épaiffe, & figée en forme de beurre, du-
poid,s de trois onces. Lë charbon refté dans la
cornue pefoit une'once & cinq, gros; il con-
fervoiî la forme des grains d’Ergor, qui parroif-
foient brillans conjure des fubfliinces-méiaUique's.-
La cornue, qui avoit été ramollie & déforméer;
parle feu,"étoit enduite,, à l’intérieur, d’une:
efpèce de verpis 'auffi brillant.
L é charbon d’Ergot ,ne fait pas effervefeence
avec les acides ne verdit' .qiié' foiblement, le'
firop dé. v io le t te s il brûle très-dïfiicilement: je-
* l’ai tenu- dans un criftâl pendant quinze hearês*,