
tore un defféchement eonfidérabte en baffe
Normandie, dans la vallée d’Age.
Suivant une note de fon Mémoire, le feu
Roi de Pruffe a fait deffécher le Lac de la Ma-
dine, dans la nouvelle marche de Brandebourg.
Ce defféchement qui n’a coûté que 135000 liv.
de France, a rendu cultivables 14,330 arpens
de terre. Le marais de Brunfter, en Hollande,
defféché en 1 7 1 1 , a donné iocoo Acres. ( Voyt\
au mot A rpent , les articles Normandie oc
S a x e ) du meilleur fol de cet Etat. .
Les terrains .à deffécher font ou de .niveau
ou en pente. Dans le premier cas , le defféche-
ment eft difficile \ dans le fécond , il eft facile.
Ceux qui font de niveau ont .été formés par
la Mer ou par les rivières. La Mer les forme
en accroiffant chaque jour les dunes fur fes
bords. C’eft l’état d’une grande partie de la
Hollande, & de la Flandre Françaife & Aù-
triebienne. On imagine qu avant la féparation
de l’Angleterre, du continent, les marées fe
trouvant retenues entre les côtes1 de la France,
• de l’Angleterre & de la partie élevée de l’Allemagne,
elles montoient plus haut qu aujourd’hui,
& retenoient les fables chaffés par le
Rhin & les bonnes terres entraînées par la Meufe,
qui fe font fucceffivement dépofées. Il eft vrai-
femblable que ces marais couvraient alors un
vafte efpace.' La féparation du Pas-de-Calais
étant faite , elles le font étendues fur les côtes
de Normandie & de Bretagne. Alors une très-,
grande partie de la Flandre & de la Hollande
eft fortie de deffous les eaux, & n’a plus été
inondée. Comme la féparation eft très- petite ,
eu égard au voiume d’eau qui s’y jette, les marées
ont été plus fortes fur les côtes de Normandie
& de Bretagne , que dans le golpbe de
Gafcogne. Une marée plus haute qu’une autre,
ou une groffe Mer a voituré des fables qui ont
formé & élevé des dunes y d’une autre part,
les vents violens pouffant les fables mobiles, les
ont jetté contre les dunes, qui fè font élev ées peu-
à-peu. Les dunes une fois formées, les grandes
flaquées d’eau ont reftées par derrière - maisl’in-
duftrie humaine & fur-tout celle des Hollandois',
a fu s’en débarraftèr.
Les rivières changent de lit. Le plus roible
obflacle dan's le commencement fuffit pour opérer
dans la. fuite la plus grande révolution. Ln
arbre au milieu d’un champ inondé, offre de
la refiftance & donne de la force a un courant
d’eau, le fol fe creufe , il fe forme un petit ravin
qui s’élargit , & voilà: un nouveau bras ou u n .
nouveau lit de rivière,'Si la pente, eft plus forte
la rivière s’y rend -, tout le terrem qu’elle ren
couvrait, devient un bas fond, oui eau féjotirne.
Ces fols fubmergés une partie de l’année, ou
au moins marécageux font le principe de beaucoup
de maladie des riverains, fur-tout dans les
pays méridionaux > où la chaleur corrompt plus
facilement les débris des végétaux Sc des animaux
qui s’y. troutent. Le Dictionnaire de Médecine
dira fans doute que'les eaux ftagnantes,
où il fe putréfie des fubftances animales occa-
fionnent des lièvres putrides, & que celles ou
il ne fe putréfie que des fubftances végétales
occalïonnenr feulement des fièvres intermittentes.
Voyez ce Dictionnaire. . |
Pour faire des defféchemens de marais*l[ *aut
des opérations en grand, ou il ne faut pas en
entreprendre, parce qu’ordinairement ces travaux
doivent embrafler beaucoup de pays, oc
qu’il eft néceffaire de leur donner une grande
îolidité. D’ailleurs, le concours de plufiewrs propriétaires
quelquefois eft tellement indifpenfable,
que fi l’un d’eux refufoit de fe prêter, ou ne
vouloir pas qu’on touchât a fon teirein, 1 opération
écbôueroit. ■ _ 1 '
Si le fol d'un endroit à deffécher eft au-
deffus du lit aCtuel d’une rivière , un large
foffé, coupé par des foffés fecondaires, fuffit
pour écouler les eaux. Mais fi le terrain eft au-
deffous du lit des-eaux , pendant les inondations,
le même foffé, revêtu d’une éclufe ôc de tartes
portes, & même d’une levée le long de la rivière,
empêchera les eaux de l’inondation, de
;• s’étendre fnV le fol. Quand la rivière fera rentrée
dans fon lit, les portes s'ouvriront & ï eaii
s’écoulera. " - ■
Dans le cas où ce feroit-la Mer qqi dans les
hautes marées, jetteroit des flaquées d eau qut
ne poürroient y retourner, il ftudrott en élever
les bords ponr éviter les i e r c la i g c t s est retenir,
s’il fe peut, laftaquée. d’eau, qu on enle-
veroit plus facilement, par le moyen du p o u M 'e
des Hollandois, efpèée de Pompe inclinée,
à fpirale , que le vent fait mouvoir. Perlonue
. n’entend mieux les defféchemens que cette nation.
Souvent tous les habitans dun canton
concourant à la confttuflion d un p o u ld r c &
à celle 'des canaux. Il faut de grandes avances,
mais en Hollande , le terrein eft fi précieux .
-Quand un terrein eft en pente, cette pente
efl on naturelle', ou a befoin d’être travaillée.
Une pente naturelle n’exige qu’un folfë principal
& des fecondaires dans les pays dépourvus
de pierres & de cailloux ; car dans les pays
qui en font - pourvus . on ouvre_uri fofle pmt-
cipal qui traverfe la partie balle du chantp ,
on le remplit de pierres jettées confnfémjit
iufqn’à la hauteur de quatre" pieds -, on les re-1
couvre de deux pieds de la terre du (JampeLe
point important eft que la grand foffé an in
écoulement, & qu’il y ait deffusde larges
a çp èW é s f a n g r f e f S , pour écouler les eaux qm
paffent à. travers la terre,-comme à ravers;.™
crible. On a remarqué que ces pierrées duroiert
plus de ?o ans, fans qu’on fut obligé demies
recouftruir« ... .
Il eft bon cî’obferver que quand on pratique
un foffé pour l’écoulement des eaux , il eft
inutile de le creufer au-delà d’une couche de.
gravier, fi on en rencontre'une, & que quand
il y a abondance de fources, dont l’eau eft inutile
& fuperflue-, il convient d’ouvrir lesfoîïes
en partant de l'endroit le plus bas de la pièce
& de le conduire vers Ces Fources.
Il y a "les pofitions où la pente, eft oppofée
à l’endroit par où il faudrait’ que Peau s’écoulât,
& d’autres où l’eau ne peut s’écouler qu’à grands
frais. Dans le premier cas , fi c’eft une roche
qui gêne-, on la fait fauter par la mine-, fi ce
font des amas de terre, on. les enlève avec- la
brouette & le tombereau ; enfin , fi oh ne peut,
procurer aucun écoulement à l’eau, il faut
creufer dans les endroits les plus bas, des pui-
farts de diftance en diftance & les remplir , ojhT
de fagots ou de pierres-, pour abforber l’eau.
On facrifie ainfi une partie de terrein , pour
eonferver les autres;
La fai fon la plus favorable aux defféchemens
ferait celle de la plus grand* féchereffe , c’eft.-à-
dire , l’Eté. Mais à caufe des exhalaifons, capables
de donner des maladies aux ouvriers, il
vautmieux lés faire au printems & même m
automne ou en hiver, quand la grande humidité
du terrein le permet.
Pour, donner- une jiifté idée des travaux qu’exi-.
gent les defféchemens & des effets qu’ils p ro -
duifenr, je rapporterai les détails de ceux fur
lefquels j ’ai eu des o,ccafians-particulièresd’être
éclairé -, le premier eft'celui d’une partie des
marais Pontins, en Italie, fi connus par leur
étendue & par i’infainbriré qu’ils caufent, à une
grande diftance * [ 1) le fécond , moins ëonfidé-
rable, eft celui d’un terrein finié entre Calais
& le village de Sengatie, que j ’ai vu couvert
par la Mer dans les vives eaux ; j’en pourrais
citer un, c’eft celui d’un endroit impratiqùa'ble
en Sologne, converti en un pré 5 j’ai participé
it ce .dernbr .puifqu’il a été entrepris- par ines>
con feils. • Ÿoye% pour celui-ci le mot Amendement
, page 477, -premier volume... ,
VeJJechemcnt d'une_partie des mardis Ponlins, (2)
Un détail exaéldc l’ancien état des marais Pon-
tins, /qui comprennent la partie plate St la plus
belle du Royaume des Volfques, & celui de l’abandon
dans lequel ils font tombés dans les fiécles barbares,
ainfi que des penfées , projets & tentatives
faites pour lesdeffécher-depùis 170Q, jufqu’au mo- 1 2
( 1 ) Je me fuis procuré des renfeignemens fur ce defïe-
chemeiît par M> Louis de Durfort y. Ambafïàdeur de
Francej.a Florence,, auquel j’ai envoyé,il y a quelques
années-, des queftions à ce fiïjet.
( 2 ) J’ai reçu ces renfeignemens en 2787. •
Agriculture. Tome IV ,
nient;jpréfenf, font l’enrreprife d’un Hiftorien
habile, & poürroient être un ouvrage très—
étendu. On répondra donc en peu de mots à la
fubftance des queftions.
Le territoire des marais Pontins'avant qu’on
entreprît de.les améliorer, étoit en hiver un
amas d’eau impratiquable. Il contenoit beaucoup
de pêcheries où on prenoit desi anguilles,
des loups marins, d:.s mulets, des truites & toute
forte de- poiffon d’eau douce. Pour faire ces
pêcheiies on avoir coupé la voie appiénne, on avoir
fait des digues, des chauffées & procuré par-là
de plus en plus, le féjour continuel de l’eau.
Au milieu de ces lacunes il y avoit de grandes
forêts d’aulnes & de frênes, qu’on coupoit régulièrement
pour bois de chauffage, qu’on fai-
foit flotter & qu’on réuniffoif en train pour être
'qiorté jufqu’à la Mer par le commerce. Le ter-
rein qui n’étoit pas en bois étoit rempli de cannes
de. marais & très-étendu; Il y avoit quelques
endroits plus élevés qui fe delféchoient au
.commencement du printems. Dans ces endroirs,
les pins pauvres pa y fans des vides deSczo, de Pi-
perne & de Terracine , s’empreffoiem défemer du
Maïs & quelques légumes. Les plantes qui pouf-
-foient quand les eaux feretiroient au printems & en
Eté; étoient fi groffières qu’elhs fervoient feii1-
1 ment de nourriture aux Buffles, dont les habitans
de Seze, de Piperne & de Terracine ,
faifoient un très-grand commerce. L ’air étoit
très-mauvais pour Les hommes, ;qui pour cela
abandonnôitnt tout en Eté ; ou bien autant
que leurs récoltes le pennettôiént ; iis fe reti-
roient fur le foir pour aller coucher dans leurs
villes & ne pas s’expofer à une mort certaine.
La maladie qu’éprouvoient les Buffles Seles Boeufs,
fi par h a fard on-les y conduifoit, étoit unrné
gorgement de fang épouvantable , caufé par
les herbes trop grajfes -& trop fucculcntes que
Ie^teïi-'èin produiloit. Il y ën avoit peu qui en
réclïap p a (le n t.
Après- deux Pontifica ts fous- leferu-els ôn avoit
très-l’èrieufemeut pliifdr à ôter' les <îàu-x amaffées
depuis tant de I I îl es I ans les marais •Pondus,
Pie VI fut él<eve- au triâne Papal, Pie V I qui
a régné heure-ufei:nent. Ce Prince apffi: magnanirne
qne capable dientreprendre ce que la droite
raïfon lui çônfeilleit, voulut s’inftruire de tous
les effais faits fur cet objet depuis le Pontificat
de Clément XI. Ces effais étoienteonfignés. dans
un grand nombre dè mannfcVirs & conffatés par
des définis., profils &c. Se voyant obligé de re-’
courir à un liomm? lîàbfle qui examinât la valeur
de chaque objet, 8c délirant une perfonnè
impartiale qui. ne s’en fût pas encore occupée,
il appella M. Gaëtan Rappini, qui alors étoit
le premier dés Hÿdroftates, delà partie du Bo-
lônois, pour les digues & chauffées des rivières
dè ce- pays. Il vint à Roms en 1776 > & il exa-
mina toutes les temayivés faite s'& tout ce qui
H