y avoir rapport j d’abord dans le Gabirîet:, & f
* enfuite futiles lieux. Après beaucoup de rems il
conclu qu’alucitns des moyens propofés n’étôit praticable
ou à caufe de leur infuf&fance, ouàcaufe
de l’immenfe• dépenfe & du pen de folidiré du
travail qu’on auroit entrepris. 11 redoitxà èffayer
un nivellement fur le trajet dé la Voie Appienne,
cliofe à laquelle aucun Hydrodate - précédent
b’,avoir pénfé-, &. dont, l ’idée eft venue par *
ha fard. Cette opération très-difficile, auroit éî.é
inipoffible fans un homme auflï in lirait & âulfi
exprimenté; car elle devoir fe faire au milieu
de l’eap, dans une très-grande étendue & .dans
des endroits embarrafies. Néanmoins le Pape »
voulut qu’on l’exécutât. Le fait apprit qu’en
luiyant cette: voie il y avoit de la pente pour
l ’écoulement des eaux ftàgnantes & pour enfermer
dans^des CanaUx lès rivières qui fournif-
fent une grande, quantité d’eau aux marais.
Il fut ordonné' de mettre la main à l’ouvrage
çui commença en 1778 V avec beaucoup d’employés
pour établir de--J’économie & de la règle.
Il avança peu quoique dès lé commencement
on pût en efpérer du frîccès. Le Saint-P,ère
voulut que l’apnée fuivante ( 1779 ) le feyi
Rappini préfidàt à tout fous l’approbation de
l ’Eminence, Viee-Tréforier général pour les travaux
à éxécutqr. Cette année,, où il y eut une
féche.refTe remarquable en hiver , au printétns
& en Eté ,• on fit beaucoup d’ouvrage dans la
ligne Pie. On appel la ainfi le nouveau Canal
creule le long - de la VôiéfAp p ie n n e -, & l’on
vit en peu de tems l’eau courir vers la Mer
dans une longeur e plus de douze mille. Pour
faire les foliés on a employé des infini mens & lies
méthodes .d’ufage ' pour ces-obiets. On a pris
très-peu de précaution pour les»; ouvriers. Afin
de les garantir des intempéries de ;j’air j-'on fai-
foi t des Çabannes./de cannes de- maraisù&.ôn
allumoit de grands feux. Tous lés ouvriers ^toierit
• libres Sa Sainteté n’ayànt pas voulu que perfonne
travaillât de. force. On a pourfuivi & oh .
pour fuit encore le defféchement de, la même
manière , quoiqu’avec moins d'ardeur , faute
d’iîomines, qui maintenant s’occupent plutôt
à cultiver.
Des perfonnes coifrageufes voyant les eaux
baifféçs & voyant à découvert d’une :,manièiîev
telle quelle, la.furface d’ûne bonne partie de
tout le terrein | qui. s’étend à 14 mille, ont entrepris
de détruire la fdrêt d’aulnes & de frênes
d’ari'ach#- les cannes & d’egabfçr . les meilleurs
Êtes pour y - établir, .des plantes des pâtures &
introduire de la ctihûre. En l’année 1781;, on
a vu croître le froment où auparavant nageoient
les poiftbns. L’année Tuivante, 1782, de vafies.
plaines.epfemencées prirent la place des. buifibnsfi
impénétrables. La récolte en froment fut bonne
& le froment de. médiocre qualité. On reconnut
<pe les herbes étoient ,excellentes pour la pâture
des Boeufs, qui s’engraiflent promptement
& fe portent bien quoiqu’ils •travailjent &’ fatiguent
beaucoup.' On y a introduit clés races
de Chevaux & des Vaches qui y multiplient avan-
tageulement. Les produits qui autrefois étoient
en feuls'poiffons & en Buffles, aujoutdhui font
en froment, en lé gum e s en Maïs, en Boeufs,
en Chevaux : les Cochons &.lés Buffles en étant
profcrits , comme nuifibles aux chauffées & à
l’amélioration du fol. La Chambre pontificale
.en reçoit un produit proportionné à l’argent
dépenfé pour creu.fer les foffés & améliorer le
terrein. Il ÿ a peu de fabriques. On y en voit
une magnifique. La Voie Appienne eff rétablie
dans la longpur de 34 niille , fervant pour les
Pofles. Aujourd’hui tout fornfe ùhè‘ belle plaine
i qui ne demanderait que beaucoup plus de
Cultivateurs pour la rendre utile. Le terrein eft
très-bon excepté dans quelquès endroits où il eff
trop brûlant, paroifïant être un fumier bien
: confommé. L’air dans lé territoire des marais
Pontins, voilin dos eaux courantes-, eft très- ■
amélioré.ainfi que dans Tes villes & pays-qui les
: environnent. 11 ferait plus fahibre.fi on y avèit
confirait des mai fons, s’il y a voit dès habitans
en proportion de l’étendue .du terrein y & s il
étoit tout cultivé. Le rapport du produit actuel
avec ce qu’on en retirait autrefois neft pas
calculable.
. Pour ce qui regarde l’exécution de, cet ouvrage
| on a expofé en peu de mots la méthode
du defféchement au ïëftei., ce qui appartient
à l’égalifation du terrein, on l’a faite en quelques
lieux avec le féti , lorfque les arbres trop
I touffus ne pèimettbienr pas de les couper. Dans
) d’autres on a coupé le bois .pour le commerce
I & énfuite onabrfilé ies fou.hesqufrefioient. Dans
les endroits remplis de cannes, il a fallu employer
la houe & la charrue pour les extirper. Mais
la canne de marais a ies racines fi profondes &
fi vigoureufes qu’ elles repon fient tou jours. Lé
tenis feul & une culture fuivie pourront les
détruire.
DêjfécÈeme'nt d'un terrein entre Calais & le village
de Sangatcc. (*)
Le marais defféché par le fieur Mouron &
• fes Affocies ', eft fi tué fur la paroifte de San-
■ gatte, qui du côté de la Mer, s’étend jüfqu aux
- portes de Calais. IfV
Ce marais étoit unèjmfe d’environ deux mille-
| toifes de longueur fur environ cinq cents toifes.
' de largeur réduite, ce qui forme huit cents
1 mefures de terre ou neuf cents araéiisdé Paris y
il étoit borné à fon flanc’ du Sud, & fur fi>n
; bout d’O u e f tp a r des digues de main d’hommes
i
i . — j-------------------------1— — — -
V (* ) Dçtails-p qui njefoiit parvenus en 178-80.
qui préfervoient tout le bas Calaifis & la. baffe
F la n d re s , des irruptions de la Mer.
Le flanc du Nord eft borné par des fables
& dunes où la Mer du large vient battre à chaque
marée, & quelle.pénétrait & tiaverfoit en dix
endroiis iers clesy tempêtes, en forte qu elle entrait.
par-là dans tout lë marais.
Le.bout de; l’Eft qui étoit ouvert à J a Mer,
eft le Port même de Calais, dont cette anfc
longue & étroite formoit l’arrière Port. La Mer
en montant dans le Port, deux fois par jour ,
s’étendoit fur l’Oueft jufqu’à plus de trois mille
toiles au-delà des quais-de .la Ville. .
Là à/la faveur de. cette enceinte .de digues ;
& de d ti né s'fur trois côtés de ce quarré long ,
la Mer a entaffé'depuis des fiécles des fedimens
&. des dépôts qui formaient le grand marais,
coupé en„ tout fens d'un pombfe infini de ces
ravins tortueux nommés Cries. Ce tetrein quoi-
qu’expofé, aux inondations de foutes les marées
dé vive eau, s’eft tellement exhauffé par ce travail
de la'Nature , que; fa furface eft de quatre
à cinq"pieds plus ëlèvé que toute la terre du
bas Calàifis & de. la baffe Flandres.
Cè marais produifoit une herbe courte & fa-
lée qui fçrvoit pendant lqs,. trois quarts de l’année
à la nourriture d’environ cent Poulains &fde
deux cents Génîffes. Un troupeau de Moutans
y allô if paître queiqnefois. La totalité du marais
étoit affermé par M. le Duc d’Havré,-qui
en étoit propriétaire , à la Communauté .de 'San -
gatte, moyennant trois cents livres par an. Cette
Commune avoir peine à payer ce modique loyer.
.. Après avoir acquit ce marais de. M. le Duc
d’Havré, le fieur Mouron & fes Àflbciés, fe
font pourvus au Confeil du Roi pour y obtenir
les Arrêts & Lettres..patentes pour les faire
jouir de tous les privilèges accordés par les anciens
Edits aux Entrepreneurs de defféchement,
ce qu’ils obtinrent, d’autant plus .aifément,
que leur entreprife étoit doublement: avanta-
geufe à la Province.
i.° Parce que là digue qu’ils ^s’engageoient
de conftruireà l’Eft devant êtré plus folide & plus
é ’evée_que les digues, dites Royale & Cumin,
garanriffoit pour toujours le Calaifis & la baffe
Flandres, des irrupiions de la Mer -, & que ces
digues n’étant plus, que fubfidiaires, la Province
fe trouvoir.déchargée de leur, entretien.
2..9 Cette entreprife alloit procurer des travaux
utiles aux habitans de Sangatte qui végé-
toient dans .la plus grande misère faute d’occü-
pation, & contribuer'à l’abondance de la Province
, par dès.récoltes avanjageufes'.
L ’exécution de.ee projet étoit fi évidemment
utile pour la Province , qu’ils-: ont obtenu facilement
l’approbation de- tous ceux q u i. s'in-
téreffent au bien public, & qui faififl’ect les moyens
de l’opérer. ,
Rien ne pouvoir être plus faîïsfaifant ppiu
le fieur Mouron & fes Aflbciés; car dans; de
pareilles circonftances, il eft important d’étouffrf
lés'cris de l’envie par le fuffrage unanime de
la,faine parue du public, & de contenir fes
efforts par la crainte d’une autorité . puiffanre
& tutélaire d’ailleurs:; l’approbation' des gens
édlairés iraffure ; ^ l l è dès fiiônnèfes gens fîarte :
l’ir.ie St l’autre encouragent.
Tous ces avantages réunies ont détermine le
. fiefir Mouron St fes Afibciers' à fuivre avec
activité leur projet.
Le fieur Mouron,, après s‘ être pourvu de deux
cents brouettes quatre cents pelles ou bêches de
différentes efpèces y de cent dames St de trois
à quatre cents planches pour faciliter le roulage ,'
a attaqué, le 15 Avril 1770 , fon niarais avec
cinq à fix cents ouvriers choifis, St bien payés
pour être fouvent dans Ja vafe St‘ l’eau.
Ii: s?agiffoi,t de faire la digue- du côté de F Eft
de, fept cents toifes de long fur douze à quinze
pieds de hauteur pour empêcher l’eau de la
Mer qui venoit journellement par l’arriéré Port
de Calais fur ce,matais ; mais l’ouvrage le plus
.diftïcile étoit. un batardeau à faire fur le grand
Crie , de vingt-cinq pieds de haut fur foixante-
dix toifes de long.
1 Pour ces opérations l’on .s’eft fervi de la meilleure
terre du marais , qui eft une vafe qui
reffemblè beaucoup à l’argille. L ’on a donné
un .taiu confidérable au pied de, la digue ,- formé
de cette vafe, bien divifée St enfuite damée par
les ouvriers St unie comme fi la ridelle y avôit
pafle, de forte que. les vagues de la Mer ve-
noient journeUement fe brifer contre ees ouvrages,
fans efforts, ;& n’ont jamais emporté la
valeur d’une' brouettée de terre.
Le batardeau s’eft fait avec,la même précaution
, en iaiffant toujours,une ouverture pour
i’eau de la -Mer qui venoit à chaque marée1 par
l’arrière Port-de Calais. Enfin / après avoir établi
fur cé batardeau un Nôc. qui deyoit fervir
à vuider. les: eaux pluviales du ‘premier hiver,
lé 1 Juillet fuivanr', jour d’une baffe marée,
On occupa tous les ouvriers au batardeau , les
uns à porter les terres,, les autres à les diviflr
& les damer , de forte qu’en jtx heures de tems,
il y en eut affez pour que ce batardeau fût; e
hauteur & de c#nfiftàncè à empêcher la marée
de ce même jour., de s’ étendre dans la nouvelle
enceinte qui lui fut pour toujours interdire.
11 eft bon, d’ob fe f ver que de cè grand nombre
d’ouvriers dont la majeure partie étoit continuellement
dans .l’eau de Mèr & daffs la v a f e a u cun
n’.eft tombé malade. Bans ;le même rems
l'on occupoit cent journalier^ pour bétoÿer ci
cretifer un Canal dans l'intérieur des t; ries du.
Calàifis; la moitié dé cès ou vi ier s a été portée à l’Hô-
pital ce qui paraît démontrer que la vafe de
la Mer çft autant frimaire que celle d’une es.»
, d o u c e d o rm a n c e eu pernicieufe.
|| Ij